Je crois bien que parmi toutes mes amies, je suis la seule à être née à une date qui fait sourire aujourd’hui. En effet, je suis venue au monde le 5 vendémiaire de l’an XIV et il s’en est fallu de peu pour que je naisse à une date plus « normale ».
Mon père Joseph Gabaud est un cultivateur et ma mère Isabeau
Montozon l’aide aux champs. Nous habitons tous avec mon frère Guillaume à la
Grange des Moreaux, un petit village situé sur la commune de Saint-Pardoux. D’ailleurs,
à mon mariage, cette commune sera rattachée à celle de Mareuil-sur-Belle.
Comme ma mère je me prénomme Isabeau et j’ai donc grandi
dans le nord du Périgord, aux confins de la Charente. Je crois bien que le
premier fait qui m’a marqué est la mort de ma petite nièce Madeleine. Elle n’avait
que 6 ans et une fièvre aussi rapide que terrible l’a emportée en quelques
jours. Alors que mon frère travaillait avec mon père aux champs, j’avais pris l’habitude
d’aider ma belle-sœur et je me suis donc bien occupée de Madeleine depuis qu’elle
est née et je crois que c’est pour cela que sa mort brutale m’a touchée.
Heureusement pour moi, deux ans après, le 27 novembre 1833,
j’ai épousé Pierre Chaume, un cultivateur également de St Pardoux qui venait de
perdre sa femme. Je crois que ces chagrins respectifs, quoique de nature
différente, nous ont rapprochés.
Le 19 juin 1839, nous avons eu un garçon, Pierre, qui se
trouve être l’arrière-grand-père du grand-père de tes enfants. C’est donc par
lui que nous sommes reliés dans cette longue chaîne humaine.
Je dois avouer que je suis heureuse qu’il soit là car il m’a
aidé à supporter la mort de mon mari Pierre le 17 juillet 1841. Il n’avait que
2 ans à cette date, pourtant il lui ressemble tellement que j’ai l’impression
que mon époux est toujours là.
En 1867, deux ans avant ma mort, j’ai eu le bonheur d’assister
au mariage de mon fils. Le relais est donc transmis et je peux partir en paix :
ce sera le 10 juillet 1864, presque 23 ans jour pour jour après mon mari …
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