jeudi 11 avril 2013

Challenge A à Z - J comme (trop) Jeune


Lors de ce Challenge, Benoît Petit a écrit un article très intéressant sur l'écart d'âge pouvant exister entre un mari et son épouse. Autres temps, autres moeurs, mais il reste quand même que pour ceux que l'Histoire intéresse, les mariages arrangés entre enfants ne concernaient sous l'Ancien Régime que les familles royales ou princières, voire de la Noblesse.

Il est en revanche beaucoup moins courant de trouver des mariages entre enfants dans le bas peuple.


Quant à avoir un adulte se mariant avec une jeune adolescente, c'est la première fois que j'en vois un ...

Voici donc la surprise que m'ont réservés les registres paroissiaux de la paroisse d'Hautefaye en Périgord.

Le dix février mil sept cent soixante sept après les fiançailles et la publication des trois bans de mariage à contracter entre Jean Nompeix, journalier âgé d'environ trente quatre ans, fils légitime de feu Géral Nompeix et de Françoise Bernard ses père et mère d'une part et Louise Lavaud, âgée de treize ans, fille légitime de Pierre Lavaud, métayer et de Marguerite Nadaud, ses père et mère tous habitant de Fayemarteau d'autre part, je curé soussigné ne s'étant découvert aucun empêchement après avoir reçu leur mutuel consentement les ai solenellement conjoint en mariage par paroles du présent, observant toutes les cérémonies de la Ste Eglise et ce en présence de Pierre Lavaud père de la mariée, Géral Nompeix, Léonard Faye et Jean Campot, témoins qui n'ont su signer de ce enquis

J'ai été pris d'un doute à la lecture de cet acte, car une mariée qui a 13 ans, ce n'est quand même pas fréquent ! J'ai donc fouillé dans ma base de données personnelle que je suis en train de constituer au sujet des baptêmes, mariages et sépultures sous Louis XV dans cette paroisse.

Louies Lavaud est née le 3 février 1754 du mariage de Pierre Lavaud, laboureur et Marguerite Nadaud. Ils habitent dans le village de Fayemarteau. Son parrain est Bertrand Lavaud, également laboureur, son grand-père et sa marraine est Louise Jean, sa grand-mère.

Elle a donc bien 13 ans et 1 semaine le jour de son mariage ! Ce qui est étonnant, c'est ce mariage avec un homme mûr de 34 ans qui est journalier ... Pour quelle raison une fille de laboureur épouserait-elle un simple journalier ? Mystère.

Ce qui est troublant dans cette histoire, c'est que le 5 mars de cette même année 1767, Marguerite Nadaud donne naissance à un petit Léonard. Autrement dit, si on suppose que l'enfant est né à terme, Marguerite Nadaud était enceinte de 8 mois au mariage de sa fille.

Ce qui me trouble le plus dans cette histoire, c'est que même si la mariée à 13 ans et 1 semaine le jour de ses noces, cela signifie que le mariage a été prévu alors qu'elle n'avait que 12 ans et quelques mois, car je vois mal un mariage s'organiser en 1 mois seulement ...

Pour la suite de l'histoire, je crains devoir attendre un peu car le patromyne Nompeix sonne charentais, si vous voyez ce que je veux dire (pour les non initiés, lire les nombreux articles au sujet de la mise en ligne des archives de la Charente ...).

En tout cas, pas de trace de descendance sur Hautefaye dans les 10 années qui ont suivies, ni de décès d'un des deux parents. Bien qu'a priori ledit Jean Nompeix habite dans le village de Fayemarteau (c'est en tout cas comme cela que j'interprète la mention "tous habitants de Fayemarteau"), il est journalier et son père étant décédé, il n'a pas forcément d'attache dans cette paroisse.


Et vous, avez-vous eu des cas "extrêmes" de mariage comme celui-ci ?

Pour aller plus loin :

           

3 commentaires:

  1. Très intéressant, mais terrible ! L'âge de la jeune (très jeune) fille peut laisser place à toutes les interprétations, des plus simples au plus sordides.

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  2. Merci Olivier de faire mention de mon article.
    J'ai eu l'idée avec avoir eu plusieurs exemples de ce type. J'en ai d'autres qui sont encore plus "extrêmes"!
    Connaître les vraies raisons serait intéressant.
    Mais comme dit Anne, cela pourrait vite devenir sordide. Souvent c'était pour faire face a une grossesse imprévue, "récupérer" une fille mère abandonnée, ou suite à un accord avec le père, le mari étant alors un ami du père...enfin bref
    A l'époque , ce qu'il faut se dire, c'est qu'avant tout il fallait survivre et nos ancêtres étaient beaucoup moins regardant sur l'âge et étaient assez "pragmatiques".
    Dans l'autre sens, il y avait beaucoup de choses graves et non dites.
    Chaque geste était étudié par les habitants du village.
    J'arrête mon speech:-)
    Merci encore
    Et j'espère encore être source de réflexion:-)

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  3. Ca dépend des coins en fait... en Auvergne (et je me souviens de propos de Stéphane Cosson sur le Tarn), c'est assez "courant"...

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