Il y a quelques années, je me trouvais sur un projet d'état-civil au Proche-Orient et j'ai alors été surpris de voir que certaines personnes ne sachant ni écrire ni signer les documents se contentaient d'apposer une croix en lieu et place de leur signature.
La plume, outil de base de l'écriture |
Cette expérience a fait écho quelques années après lorsque je plongeais à corps perdu dans les recherches généalogiques sur mes ascendants du côté paternel puis maternel. En effet, en errant dans les registres paroissiaux de l'Oise, de la Sarthe et de la Loire, j'ai découvert qu'il y avait en gros trois sortes de personnes :
- celles qui savaient écrire et donc signer (surtout dans la Sarthe)
- celles qui ne savaient ni écrire ni signer (surtout dans la Loire)
- celles qui ne savaient pas écrire mais qui avaient une marque (surtout dans l'Oise)
Marque de Marie Claire Luc - On notera que tous les Luc signent sauf elle ... |
C'est ce second cas qui m'a intéressé car il concernait certains de mes ancêtres de l'Oise.
Deux cas existaient alors :
- soit le signataire apposait sa marque sans pour autant apparaître nommément dans l'acte
- soit le signataire qui posait sa marque était cité dans l'acte et on précisait alors que ne sachant écrire, il se contenterait de mettre sa marque.
En tout cas, cette habitude de mettre une croix à la place de sa signature est restée dans notre culture et continue d'exister (plus rarement du fait des progrès de l'alphabétisation).
Marques simple et plus sophistiquée |
Pour conclure, je dirais que cette épure de signature pouvait parfois prendre une allure plus artistique et sans être une signature où le nom était clairement lisible, elle devenait une marque vraiment personnelle qui était, selon moi, le signe évident d'une volonté de son auteur de disposer d'une signature unique et clairement identifiable, tout en ne sachant pas écrire !
Et vous, avez-vous rencontré de telles marques dans vos recherches ?
Pour aller plus loin :
Bonjour, pour répondre à ceci : ''Cette volonté de faire signer coûte que coûte les paroissiens, même si la signature se limitait à une simple marque, annotée pour préciser de qui elle était issue est assez étrange. Un peu comme si le curé voulait signifier que la personne était bien présente et qu'elle assumait pleinement le contenu de l'acte ...''
RépondreSupprimerDepuis l’ordonnance de Saint Germain en Laye par Louis XIV en 1667 connue sous le nom de « code Louis », les registres devaient être tenus en double exemplaire : un dans les paroisses et un autre aux greffes. Leur rédaction a été par ailleurs harmonisée avec une obligation de signature sur les actes de baptême pour les parrains et marraines, par les époux et les conjoints sur les actes de mariage, et par des parents ou amis pour les actes de sépulture.
Oui, sauf qu'il y a des régions où personne ne signe et qu'apparemment cela ne gêne personne. Voire que, connaissant cette obligation, le curé précise que la personne concernée ne savait pas signer et c'est donc pour cela qu'elle ne l'a pas fait.
SupprimerLe fait de poser sa "marque" est donc un dérivatif astucieux, mi-signature mi-absence de signature : le Code Louis a donc été respecté dans l'esprit, pas forcément dans la lettre.
Merci donc de ce complément d'information !
C'est vrai, je n'ai jamais vu, dans les registres de l'Yonne (ou même de Haute-Marne) que j'ai explorés pour mes ancêtres, de croix ou de signes tenant lieu de signature. Mais la formule "...qui ont signé, à l'exception de .... qui ont déclaré ne le savoir" est en revanche souvent utilisée ! A bientôt.
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