vendredi 5 avril 2013

Challenge A à Z - E comme Epousailles


Loin de moi l'idée de vouloir profiter des débats actuels au Sénat sur le projet de Loi du "Mariage pour tous", mais il se trouve que Epousailles commence par un E et que je trouve personnellement que ce terme a un certain je-ne-sais-quoi de plus romantique que le mot Mariage.

Toujours est-il que les Epousailles étaient pour nos ancêtres un moment important de leur vie car ils s'engageaient pour la vie avec leur conjoint. En effet, sous l'Ancien Régime (qui est la période qui nous intéresse ici), pas de divorce ! Il fallait donc faire avec celui ou celle qu'on avait choisi, ou que les parents avaient choisi pour les futurs époux.

Mariage à Bruyères au XVIIIème siècle

Quelques notions historiques

Sur un plan historique le mariage est une institution millénaire, dont les formes ont varié avec le temps. Toutefois, depuis le moyen-âge, il s'est stabilisé et l'ordonnance de Villers-Cotterêts qui a institué les registres paroissiaux (entre autres) permettait de s'assurer par ce biais qu'il n'y aurait pas de polygamie. L'établissement de ces registres permettait également un contrôle plus officiel et complet de l'église sur cette union.

Mais on oublie trop souvent que le mariage est surtout un contrat entre deux personnes. D'ailleurs, on peut trouver des contrats de mariage chez les tabellions (ancêtres des notaires) sensiblement antérieurs aux premiers registres paroissiaux.

A noter enfin que nos ancêtres, surtout dans les zones rurales, se mariaient surtout en des périodes qui impactaient le moins la vie courante. C'est la raison pour laquelle on trouve majoritairement des mariages de novembre à février. Après la vie pratique reprenait le dessus : semailles, moissons, etc..

Mes études personnelles sur la paroisse d'Hautefaye, dans la Province du Périgord, sous Louis XV, montrent que la période allant de novembre à février regroupait 51.6% des mariages. Les mois les moins "matrimoniaux" étaient mars et avril. Sans doute un mélange entre période de semailles à ne pas rater pour ne pas avoir de disette plus tard et période de Carême - Pâques - Ascension.

Il ne faut jamais négliger pour ces périodes de l'histoire, le poids de la religion dans les faits et gestes de nos ancêtres !

Epousailles et Généalogie

En pratique, on note quatre étapes dans les épousailles (je parle surtout de ce qui se passait avant la Révolution Française, car après, cela ne concernait plus qu'une frange de la population) :
  • les fiançailles
  • le contrat de mariage
  • la publication des bans
  • le mariage
Les fiançailles étaient, avant le Concile de Trente, l'acte fondateur de l'union de deux personnes puisque si elles étaient suivies de relations sexuelles, elles valaient mariage de fait. Après ce concile, davantage d'importance a été donnée à la cérémonie religieuse du mariage. C'était surtout devenu le moment où les futurs époux s'accordaient sur un mariage à venir après que leurs parents s'étaient mis d'accord sur la dot et le reste ...

Le contrat de mariage formalise ce qui s'est dit entre les familles concernant les dots, ce qui se passe en cas de décès des époux, etc.. De nos jours on a plusieurs types de contrats de mariage institués par le Code Civil, mais sous l'Ancien Régime, il n'y avait pas vraiment de règle, et les contrats donnaient principalement la liste des biens apportés par chacun des époux à leur couple.

La publication des bans, faite pendant les 3 dimanches ou jours fériés précédant le mariage était prononcée à voix haute par le curé lors du prône (écrit parfois prosne ou prosnes). C'était le moment de la cérémonie où le curé faisait les annonces concernant la communauté. Cela avait pour but de prévenir quiconque du mariage à venir afin de savoir, si quelqu'un voulait s'y opposer. Le but avoué (ou pas) étant d'éviter ainsi la polygamie ou en tout cas d'en limiter les risques.

Le mariage proprement dit se déroulait devant le curé et des témoins et était un sacrement (et l'est toujours pour les catholiques contemporains). Il était donc indissolube jusqu'à la mort des époux. Au XVIIIème siècle (période qui m'intéresse au plus haut point) apparaît une notion assez novatrice : le mariage d'inclination où les époux s'épousaient par amour ! Cela ne signfie pas qu'il n'y ait jamais eu d'amour avant, mais disons que l'amour pouvait parfois venir avec le temps.
Après la Révolution Française, la forme de l'acte sera laïcisée, mais le fond restera globalement inchangé.

Pour le généalogiste il existe donc 3 sortes de documents précieux : le contrat de mariage, la publication des bans et l'acte de mariage.

Le contrat de mariage présente l'avantage de donner les relations précises existant entre les différents intervenants ainsi qu'un descriptif souvent très complet et détaillé des biens possédés par chacun. Cela peut par exemple indiquer la présence de tel oncle se substituant au père de la marié, décédé quelques années auparavant.

Sur un plan strictement généalogique, on trouve d'ailleurs souvent davantage d'informations dans les contrats de mariage que dans les actes des registres. Mon hypothèse étant que ce qui comptait pour nos ancêtres était l'aspect pratique (et financier) du mariage. La bénédiction nuptiale étant nécessaire, mais pas suffisante !

La publication des bans ne se trouve pas facilement sous l'Ancien Régime mais après la Révolution Française on trouve ces actes dans les registres d'état-civil. Ils peuvent donner beaucoup d'informations utiles surtout si les registres de mariage son lacunaires ...

Arrêt sur l'acte de mariage

L'acte de mariage est le plus complet qui puisse exister en généalogie. Il a en outre l'avantage d'être clairement identifiable par sa forme. Il commence généralement toujours de la même façon :

Le ... , par devant nous, curé soussigné, après les fiançailles et la publication des bans par trois dimanches consécutifs faites au prône de nos messes paroissiales, sont comparus (...)
Ensuite on trouve le prénom, le nom du futur ainsi que souvent son âge, et de temps en temps sa profession s'il en a une, puis les prénoms et noms de ses parents et une indication s'ils sont vivants ou morts. J'ai souvent remarqué que si le futur (ou la future) était un veuf ou une veuve se remariant, le curé ne notera que le prénom et le nom de l'ancien mari ou de l'ancienne femme, mais rien sur les parents du futur. Cela signifie qu'il faudra alors remonter le temps, retrouver l'acte de décès de l'ex-conjoint et rechercher l'acte de mariage d'origine.

Après l'état-civil du futur suit celui de la future.

On a ensuite la formule du style :

 (...) aucun empêchement ni opposition n'ayant été faite, et après avoir reçu leur mutuel consentement, je curé soussigné, ai conjoint en mariage X et Y (...)

Ca y est, ils sont mariés !

Une variante existe lorsqu'un lien de consanguinité existait entre les futurs époux et qu'une dispense était nécessaire. Cela peut alors permettre de compléter une généalogie, surtout si les liens sont assez proches. On peut avoir également le cas où une opposition a été formulée au mariage et le fait qu'elle a été levée. 

Ensuite vient la liste des témoins. En général ils sont quatre et répartis à 50% chez le marié et à 50% chez la mariée. Si on est chanceux, le curé aura pris le soin d'indiquer le lien de parenté avec les époux ... Il peut également y avoir des "présents". Ce sont généralement des proches des mariés et il n'est pas rare que les frères et soeurs des époux soient alors cités ici.

On l'a donc bien compris, l'acte de mariage présente un immense intérêt pour le généalogiste !

Mais attention, car il y a toujours des mais

Plus on remonte dans le temps, plus les informations sont généralement succinctes. Il m'est arrivé dans mes recherches de trouver des actes de mariage du type "Ce jour ... X a épousé Y". C'est tout ! D'où une immense frustration !

On a également parfois des curés qui pour des raisons pratiques qui nous échappent ont des fait des mariages groupés : dans le même acte figurent, 2, 3 parfois plus, mariages ! Au généalogiste de démêler l'écheveau des témoins et présents ...

Dans les actes de la période révolutionnaire, à un moment où les nouveaux officiers d'état-civil ne devaient parfois leur titre qu'à leur activisme, on a de beaux documents imprimés et qu'il fallait compléter. Mais par ignorance, par paresse ou par bêtise, ils pouvaient omettre les noms ou d'autres informations importantes. D'où la nécessité de compléter ces informations par d'autres ...


L'acte de mariage, s'il reste, avec le contrat de mariage, un des actes en principe les plus complets de la panoplie que le généalogiste a à sa disposition peut donc parfois donner du fil à retordre ! Il reste cependant passionnant à lire car on peut se replonger à cet instant de fête de nos ancêtres !


Si cet article vous a été utile, n'hésitez pas à le faire suivre !

Pour aller plus loin :



           

2 commentaires:

  1. C'est vraiment avec le mariage qu'on en apprend le plus sur nos ancêtres !

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  2. Je suis d'accord mais je coince sur les liens entre l'épouse et les témoins, elle a 17 ans , son père peut-il être nommé comme témoin sur l'acte de mariage?

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