dimanche 21 octobre 2012

Point d'histoire familiale - Marie Hélénie Lascaud


Bienvenue sur cette rubrique que je tente depuis 2 semaines de rendre hebdomadaire, profitant des week-ends pour pouvoir veiller afin de rédiger ces articles qui, même s'ils ne sont que les synthèses de mes recherches personnelles en cours, me prennent du temps ...

Retour en Dordogne, au nord du département, dans le Périgord Vert, aux alentours des communes et paroisses de Saint-Crépin-de-Richemont, Coutures, Saint-Pancrace, Saint-Félix-de-Bourdeilles et Agonac. Le Périgord a ceci de particulier qu'il a un nombre incroyable de petites communes de quelques centaines d'âmes chacune, reliées par un réseau routier dépassant rarement la route communale et que l'on découvre au détour d'un bois ou au creux d'une vallée.


Ces communes ont quelque chose de spécial pour moi car c'est ici que j'ai fait mes premières armes de généalogiste amateur et je me revoie parcourir ces petites routes, feuilleter avec fébrilité les registres des communes tenues dans les mairies-école sous l'oeil bienveillant de la secrétaire de mairie ...
Il se trouve par ailleurs que ma belle-famille a la chance de posséder encore la plupart des propriétés ayant appartenu à leurs ancêtres, ce qui donne un caractère particulier à mes recherches car dans la plupart des cas, non seulement je peux visiter le village où ils ont vécu mais voir la pièce de la maison où ils sont nés ou morts ...

Mais assez parlé de moi. Aujourd'hui, je vous propose de découvrir la famille de Marie Hélénie Lascaud qui a vécu entre la fin du XIXème siècle et les années 1970 et qui, à l'instar de mon arrière-grand-mère maternelle que j'ai très bien connue, a eu la possibilité (la chance ?) de naître à une époque où le seul moyen de locomotion courant était la charrette et qui au cours de sa vie aura connu les premières voitures, les premiers avions, les premières radios, les premières télévisions, et le premier voyage sur la lune ...

1) Marie Hélénie Lascau. Celui-ci lui donnera deux dad (1892-1974)

Marie Hélénie Lascaud est née il y a presque 120 ans jour pour jour puisqu'elle a vu le monde le 22 octobre 1892 à Saint-Crépin-de-Richemont, au hameau des Ages du mariage de Jean Lascaud et de Marie Eugénie Berraud.

Ses parents sont des propriétaires et possèdent une maison assez grande et confortable dans ce hameau de 3 ou 4 familles.

De leur mariage sont nées deux filles :
  • Jeanne Marie Adeline en 1886
  • Marie Hélénie en 1892
Jeanne Marie Adeline épousera un militaire et aura 3 enfants, mais atteinte d'un cancer du sein alors qu'elle avait une cinquantaine d'années, elle confiera sur son lit de mort son petit dernier à sa nièce, la fille de Marie Hélénie pour qu'elle prenne soin de lui.

Quant à Marie Hélénie, elle épousera un riche héritier Charentais en 1911. De ce mariage naîtront deux enfants, un garçon et une fille (la grand-mère maternelle de mon épouse). Mais cette vie qui semblait heureuse va être ternie par un double drame :
  • le décès accidentel du petit garçon mort à 3 ans des suites de ses brûlures après s'être approché trop près d'un feu de cheminée
  • le décès de son mari le 29 octobre 1915, des suites de ses blessures lors d'un bombardement de sa tranchée

J'ai par ailleurs retrouvé le courrier dans lequel une infirmière qui le soignait indiquait à son épouse que son mari semblait avoir "bien accepté" l'annonce de la mort de son fils, sachant qu'il lui restait encore une fille (qui n'avait que 9 mois ...). Il devait décéder deux jours après ...

Marie Hélénie avait donc en début 1915 un mari et deux enfants, et un an après elle se retrouvait avec une seule petite fille et était devenue veuve à 23 ans ! Elle ne remariera jamais et exercera toute sa vie le métier d'institutrice.

Elle décèdera en 1974 à l'âge de 82 ans dont 59 de veuvage ...

2) Jean Lascaud et Marie Eugénie Berraud

Jean Lascaud est né le 28 septembre 1857 à Saint-Crépin-de-Richemont dans la maison familiale des Ages du mariage de Jérôme Lascaud et de Françoise Baylet. Ce fils de propriétaires cultivateurs suivra la même voie que ses parents puisqu'il ne quittera jamais son Saint-Crépin-de-Richemont natal sauf pour épouser sa femme Marie Eugénie Berraud. Il mourra le 27 novembre 1948 à Vieux-Mareuil à l'âge canonique de 91 ans chez sa petite-fille qui l'avait accueilli étant veuf et trop âgé pour se remarier !

Marie Eugénie Berraud est née le 7 janvier 1867 à Coutures, du mariage de Jean Berraud et de Claire Jeanne Roux. Sans avoir de preuve formelle, il est possible de Marie Eugénie tire son prénom de celui de l'Impératrice Eugénie car son père a exercé la fonction de Maire de Coutures jusqu'en 1870 ... De là à imaginer qu'il avait de fortes sympathies pour le régime impérial, il n'y a qu'un pas ! Elle ira s'installer à Saint-Crépin-de-Richemont avec son mari et y vivra jusqu'à sa mort.

A noter que Marie Eugénie ne connaîtra pas beaucoup sa mère car cette dernière décèdera en 1884, alors qu'elle n'a que 17 ans !

Jean Lascaud et Marie Eugénie Berraud se marient le 22 septembre 1885 à Coutures. Marie Eugénie a 18 ans, et 10 ans de moins que son mari. Le mariage fait, elle quitte Coutures et va vivre chez son mari au Ages, où elle vivra avec la famille de ce dernier puisque dans la même la même maison elle retrouvera ses beaux-parents âgés respectivement à l'époque de 55 et 52 ans.

A noter que Marie Eugénie signe son acte de mariage, ce qui n'était pas très courant pour une femme à cette époque, mais quand on va voir d'où elle vient, on est moins surpris ...

Etrange vie pour cette jeune fille qui venant de perdre sa mère se retrouve dans une maison avec son mari et ses beaux-parents, dans un hameau coincé entre une colline et une forêt ...

3) Jérôme Lascaud et Françoise Baylet

Jérôme Lascaud est né le 14 février 1830 à Saint-Pancrace du mariage de Jérôme Lascaud et de Marie Lagrandie. Il commence sa carrière comme garçon meunier au Moulin de la Planche, à Saint Pancrace puis devient propritaire cultivateur à Saint-Crépin-de-Richemont. Ses parents sont des propriétaires à la Chapelle-Montmoreau à quelques kilomètres au Nord.

Apparemment son mariage est une bonne affaire car dans les mois qui suivent son mariage, il devient à son tour propriétaire cultivateur aux Ages à Saint-Crépin-de-Richemont.

Il mènera la vie de propriétaire cultivateur jusqu'à sa mort.

Françoise Baylet est née le 12 avril 1833 à Saint-Félix-de-Bourdeilles du mariage de Jean Baylet et de Jeanne Dumas. Jean Baylet son père est tailleur d'habit, c'est donc un artisan qui confectionne des habits. Il n'est pas cultivateur et le métier lui confère une certaine aisance car il est à la fin de sa carrière maître tailleur !

Ils se marient le 8 janvier 1857 à Saint-Crépin-de-Richemont aux Ages, où la future demeure avec ses parents. Le gendre vient donc s'installer chez sa femme ! On peut s'imaginer qu'il n'avait rien à lui pour deux raisons :
  • il avait commencé sa carrière comme apprenti meunier et occupait la fonction peu glorieuse de domestique au Moulin de la Planche
  • il va vivre chez et avec ses beaux-parents
De leur union va naître un peu moins de neuf mois après un garçon Jean. On peut dire sans être trop grivois que la nuit de noces a été productive !

4) Jean Berraud et Claire Jeanne Roux

Jean Berraud est né le 20 novembre 1826 à Coutures, au village de Larcher du mariage de Guillaume Berraud et de Marie Sabouroux. On remarque que son père signe son acte de naissance, ce qui suffisamment peu fréquent pour un cultivateur ! D'ailleurs Jean exercera aussi la profession de cultivateur dans la propriété familiale, mais sera également maire de la commune de Coutures pendant tout le Second Empire ... Il a donc goûté à l'Administration et a surtout voulu donner à ses enfants une éducation leur permettant de s'élever de leur statut de naissance.
J'en veux pour preuve deux faits :
  • sa fille Marie Eugénie sait lire et écrire, fait peu commun à l'époque où l'éducation des filles de la campagne consistait à leur apprendre à être de bonnes épouses ...
  • un de ses fils Frédéric Louis deviendra clerc de notaire à 22 ans
Mais la chute du Second Empire et l'arrivée de la Troisième République mettront un frein à son ambition ...

Claire Jeanne Roux est née le 1er Novembre 1835 à Léguillac-de-Cercles du mariage de Jean Roux et Jeanne Constanceau. Ces derniers sont des propriétaires cultivateurs et visiblement d'une famille relativement aisée. Elle mourra cependant assez jeune puisqu'elle décèdera à l'âge de 48 ans le 25 octobre 1884 à Coutures.

Ils se marient le 18 avril 1858 à Léguillac-de-Cercles et, fait qui confirme le niveau social de la famille de Claire Jeanne, c'est qu'elle sait écrire. Et sans être un expert en graphologie, on constate que son écriture est bien maîtrisée, c'est-à-dire qu'elle ne se contente pas d'écrire son nom maladroitement.

5) Jérôme Lascaud, Marie Lagrandie, Jean Baylet, Jeanne Dumas, Guillaume Berraud, Marie Sabouroux, Jean Roux, Jeanne Constanceau

Chez tous ces arrières-grands-parents de Marie Hélénie Lascaud, on constate deux choses importantes :
  • il s'agit de propriétaires terriens assez aisés
  • il y a toujours eu la volonté d'éduquer leurs enfants correctement, y compris les filles car elles savent toutes lire et écrire, ce qui est assez rare à la campagne, à l'époque

Finalement, le poncif  "qui se ressemble s'assemble" est assez vérifié dans cette branche car on se marie entre personnes du même milieu. Cependant, on n'est pas dans le niveau qui consiste à faire des mariages pour disposer de terres voisines, car les mariages se font dans des communes assez lointaines.
Les écarts d'âges entre les époux sont relativement faibles, ce qui laisse à penser que l'on était dans des mariages pas forcément que d'intérêt ...

Et puis cette volonté d'éduquer les jeunes filles a conduit logiquement Marie Hélénie Lascaud à exercer le métier d'institutrice, comme si son histoire familiale n'avait finalement fait que préparer son destin ...


Et vous avez-vous eu des ancêtres qui se sont engagés en politique ? Avez-vous eu des ancêtres femmes sachant lire et écrire ?

Pour aller plus loin : 

           

1 commentaire:

  1. Pour ma part, beaucoup de mes ancêtres savaient lire et écrire, bien qu'étant de pauvres cultivateurs. Ceci dit, celà dépend beaucoup de la région. Dans les Hautes-Alpes, en particuliers ceux qui venaient du Queyras et des alentours, tout le monde savait au minimum signer son nom, y compris toutes les filles, et très tôt (17eme siecle). Idem dans d'autres régions. J'ai aussi l'impression que c'était plus courant "dans le sud" mais peut-être que je me trompe.J'avoue avoir été déboussolée la première fois que j'ai commencé à étudier une branche dans une région peu lettrée (?). Je me suis rendue compte à quel point les signatures étaient importantes dans ma méthode de recherche.



    -Mistike-

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