10 jours, c’est le temps que Zacharie aura passé sur cette
terre. Ce fils de Joseph Ménerat et de Marie Genevière Françoise Deneufmaison
est né le 29 juillet 1806 à Feigneux dans l’Oise. Il est le sixième enfant sur
les onze enfants que le couple aura entre 1800 et 1818.
Mais voilà, nous sommes à une époque où les antibiotiques n’ont
pas été découverts, où la prophylaxie est inconnue (les médecins ne
commenceront à se laver les mains avant d’accoucher les femmes que dans
quelques dizaines d’années …), où les famines et la malnutrition sont
régulières.
Il n’était donc pas rare que les nouveaux nés ne dépassent pas
quelques jours, voire quelques mois de vie. Mes propres recherches montrent que
dans l’Oise plus du tiers des enfants mouraient avant d’atteindre un an …
Zacharie est donc un cas malheureusement classique et son
court destin n’a rien d’extraordinaire.
Mais voilà, Zacharie est né, il a vécu, il a eu un nom et
une famille, des frères et sœurs. C’était un petit être de chair et de sang
dont le cœur a battu et dont les poumons ont envoyé dans ce petit corps l’oxygène
nécessaire à la vie. En un mot c’était un être humain, pas une simple
statistique.
Et si j’ai voulu terminer ce challenge A à Z avec cet
enfant, c’est bien sûr parce que ses parents lui ont donné un prénom commençant
par la lettre Z, mais aussi parce qu’à l’instar de tous ces « cousins »
dont la vie n’aura duré que quelques jours, il aura existé.
La généalogie permet de les replacer dans leur famille et de
les rendre sinon éternel, au moins refaire vivre leur nom.
Merci donc à ce petit Zacharie d’avoir existé, ne serait-ce
que pendant ces 10 petits jours de l’été 1806 …
Ainsi, comment expliquer qu’un noble gallo-romain vivant en
plein cœur du Limousin et né vers 511 après Jésus-Christ ait donné son nom à
une série de villes alors que rien ne semble relier phonétiquement ledit nom à
ce qu’il est devenu aujourd’hui ?
Je veux parler d’Aredius, propriétaire d’une villa (au sens
romain du terme) au Sud de Limoges, à Attanum, et qui a décidé d’en faire un monastère où il
enseignait la religion chrétienne à ses fidèles. Il a apparemment fait un
travail tellement important qu’il a été canonisé. La conséquence est que son
nom est devenu un prénom utilisé dans le Limousin principalement.
L’évolution des noms avec le temps obéit à certaines règles
que je ne maîtrise pas forcément, mais ce qui est certain c’est qu’avec le
temps Aredius a été francisé en Arède puis en Yrieix … De plus, la villa d’Attanum
qu’il avait fondé au début de sa carrière d’Abbé est devenue une ville nommée
aujourd’hui Saint-Yrieix-la-Perche, dont les habitants se nomment … les
Arédiens !
Le lien avec ma généalogie ?
Mon épouse est originaire de cette ville et mes enfants ont
donc des ancêtres de cette ville et de cette région … Pour autant, à part un
lointain cousin dans la branche paternelle de on épouse, personne ne se
prénomme Yrieix dans la famille.
La lettre X a de multiples sens pour un généalogiste.
C’est bien entendu une série aux archives qui regroupe les
archives ayant trait à la santé, la bienfaisance et la prévoyance.
Mais c’est aussi la marque qu’utilisaient certains de nos
ancêtres illettrés pour signer les actes les concernant.
C’est encore le fameux sigle déterminant une naissance avec
des parents qui ont souhaités rester dans l’anonymat.
Mais le thème de ce challenge étant pour moi les prénoms, je
vais m’attacher ici à présenter la façon dont je gère les inconnus temporaires
lors de mes recherches.
En effet, si j’ai réussi à identifier un ancêtre grâce à l’acte
de naissance de ses enfants, je vais connaître en principe le prénom et le nom
du père et de la mère. Je dis en principe car il arrive que le curé ne
considérant que l’homme du couple se contente dans l’acte de naissance d’écrire
qu’untel est né de untel et de son épouse … Sympa pour le généalogiste qui doit
alors tenter de découvrir le prénom et le nom de ladite épouse en trouvant d’autres
enfants de ce couple …
C’est donc un premier usage du X temporaire qui est celui qu’on
note dans la case de l’arbre correspondant à la mère de l’ancêtre … X qui sera
remplacé par un vrai prénom et un vrai nom lors de découvertes futures.
Maintenant imaginons que j’ai un ancêtre pour lequel je ne
dispose que de l’acte de mariage. Un acte de mariage non filiatif mais dans
lequel figure une information importante qui donne les prénoms et noms d’un
frère du marié ou de la mariée.
Dans ce cas, on sait qu’il existe un père commun aux deux
personnes citées dans l’acte, l’ancêtre sujet de l’acte et son frère, mais on n’est
alors sûr que d’une chose, c’est du patronyme du père. En revanche, à ce stade
des recherches on ne connaît pas son prénom.
Alors je complète mon arbre en créant le père affublé d’un X
à la place du prénom. Un autre X temporaire puisqu’en principe, je trouverai le
prénom de ce père un peu plus tard …
Voilà donc une façon plutôt agréable d’utiliser un X car il
ne s’agit que d’un moyen momentané (la notion de « moment » étant
toutefois très relative en généalogie …) de noter une donnée inconnue …
Pourquoi donc ne pas indiquer le patronyme qui suit ce
prénom assez peu courant ? Est-ce parce que je l’ignore ? Non, c’est parce
qu’il s’agit d’une personne toujours en vie et qui m’est chère car il s’agit de
mon parrain !
Grâce à lui j’ai donc Wilfrid comme second prénom.
Mais qu’est-il passé par la tête de ses parents pour le
prénommer ainsi ? Je ne sais pas vraiment mais quand on sait que son frère
se prénomme James, plus rien ne m’étonne !
Pourtant à l’époque il n’y avait de séries américaines qui
aient pu influencer ces parents modestes de la région bordelaise … La
seconde guerre mondiale n’avait pas encore commencé. On peut donc exclure toute
influence américaine. Cependant, Bordeaux a toujours eu cette relation un peu
particulière avec la perfide Albion …
En revanche, il y a une piste à creuser du côté de la
culture protestante car pas très loin de chez moi, il y a un pasteur de l’église
réformée qui au milieu du XIXème siècle a créé une fondation pour accueillir
les adultes handicapés. Cette fondation qui existe toujours et qui a pris une
ampleur phénoménale se nomme la Fondation John Bost du nom de ce pasteur pourtant
bien français (Suisse en fait, mais bon, c’est presque pareil …). Et pourtant
il se prénomme John …
Alors pourquoi ce prénom anglophone ? Je ne sais pas.
Le paradoxe est que j’en sais plus sur certains de mes ancêtres du XVIIème
siècle que sur ces personnes que je côtoie. La seule différence est que j’ai
encore la possibilité de lui demander. Alors il va falloir que je me bouge car
les années passent et il faudrait que je laisse cette information à mes
descendants !
En ce milieu de messidor de l’an IV, je viens de recevoir un
courrier de l’Hospice des Pauvres de la ville de Beauvais où je suis né il y a
maintenant un peu moins de trente années. Je constate d’ailleurs que les
citoyens qui ont pris le contrôle de la commune ont rebaptisé cette institution
l’Hospice du Malheur.
Effectivement, la lettre m’annonce une triste nouvelle,
celui du décès de ma mère Victoire née Comédé en date du 4 messidor. Elle avait
64 ans et a suivi mon père dans la tombe un peu plus d’un an après son décès.
Cela fait bien longtemps maintenant que j’ai quitté Beauvais
pour aller m’installer à Saint-Etienne et que je n’avais plus de nouvelles de
mes parents.
Je me souviens pourtant parfaitement d’eux.
Ma mère Victoire était une Comédé et est née en 1732 à côté
de Beauvais mais je ne me souviens plus du nom de la paroisse. De ces parents
je ne sais rien car elle n’en a jamais parlé. Sans doute son mariage avec
Pierre Joseph Leclerc mon père en est-il la cause ? Car il n’était qu’un simple
manouvrier et j’imagine que cette union n’a pas dû plaire à ses parents.
Je me souviens aussi de mon jeune frère Jean Philippe, né en
1769. Qu’est-il devenu ? Je n’en sais rien. Il faut dire qu’en ces temps
troubles, je préfère rester loin de l’agitation de la région de Paris.
Il faudrait que je remonte un de ces jours dans cette ville
de Beauvais qui m’a vu grandir. Peut-être y retrouverais-je quelque famille …
Alors que je cherchais l’ascendance d’une de mes ancêtres,
je suis tombé sur une chose assez troublante qui a en tout cas trompé pas mal
de monde. Je dis trompé car l’information erronée s’est retrouvée sur les
arbres en ligne de Geneanet et comme il y a eu de la duplication de branches
sans contrôle, cette information s’est trouvée répliquée un grand nombre de
fois.
Or, en généalogie et en particulier sur les sites du type de
Geneanet ce n’est pas la quantité qui fait la véracité mais bien la qualité des
sources …
Exemple pratique
Voici mon cas.
Perrine le Bourdais, la sosa 6101 de mes enfants a épousé
René de Chalus le 23 novembre 1649 à la Baconnière en Mayenne.
Son acte de mariage est des plus succincts, surtout si on
considère le rang du marié qui est quand même qualifié de noble, qui est écuyer
et qui possède la terre de la Poupardière sur la paroisse de la Baconnière.
"Le vingt troisième jour du mois de novembre 1649
furent solennellement épousés chacun de Noble René de Chalus, écuyer, sieur de
la Poupardière et Perrine le Bourdais, par nous curé soussigné."
Donc, pas de filiation indiquée dans cet acte.
L’acte de sépulture de ladite Perrine le Bourdais est daté
du 6 décembre 1680 et est un peu plus complet, même s’il donne surtout des
indications sur sa fratrie et sur sa descendance :
"Le corps de défunte damoiselle Perrine le Bourdays fut catholiquement
ensépulturé dans l’église du céans, le sixième jour de décembre l’an mil six
cent quatre vingt, en présence de Pierre Anjuère, sieur de la Place, son
gendre, de Jean et Pierre les Bourdays, frères de ladite défunte et plusieurs
autres. Lesquels ont signé ces présentes.
Fait ce jour et an
susdit par nous discret maître Daniel Viel, prêtre curé de la Gravolle
soussigné."
Les incohérences commencent
Lorsque je vais sur la toile et tâche de trouver des
renseignements sur Perrine le Bourdais, je trouve plusieurs informations
contradictoires.
En effet, si j’en crois ce qui figure sur les arbres mis en
ligne, Perrine le Bourdais est :
née le 10 décembre 1637 de Jean le Bourdais,
sieur de la Bourgonnière et Anne Rebuffé
née le 10 décembre 1637 de Jean le Bourdais et
Renée Rebuffé
mariée le 23 novembre 1649 à René de Chalus
mariée le 3 novembre 1659 à René de Chalus
On a donc deux mères possibles pour Perrine le Bourdais … A
moins qu’il y ait une erreur de transcription par le curé.
Le vrai problème tient cependant à un autre fait :
Perrine le Bourdais a épousé René le Chalus, sieur de la Poupardière le 23
novembre 1649 à la Baconnière. Ainsi, si on en croit ce qui est écrit sur
Geneanet (et il y a un véritable consensus …) c’est que Perrine le Bourdais
aurait épousé son mari à l’âge de 12 ans !
Je veux bien qu’à l’époque on pouvait se marier jeune, mais
pas à ce point. D’autant que le premier enfant du couple, Renée de Chalus,
naîtra le 5 février 1652, c’est-à-dire avec une mère âgée d’un peu plus de 14
ans …
Certains arrangent même la vérité, constatant l’incohérence
de la situation en situant le mariage de Perrine le Bourdais avec René de
Chalus le 3 novembre 1659. Or il s’agit d’une erreur qui est présente dans le
livre du Comte de Chalus qui retrace la vie de sa famille. Une simple
consultation des registres paroissiaux de la Baconnière permet de lever cette
erreur …
On revient aux fondamentaux ...
Nous voilà donc revenu à notre point de départ.
La seule solution est de balayer systématiquement tous les
registres de la Baconnière qui, s’ils sont mal écrits, sont assez complets,
sauf pour les sépultures de nouveaux nés ce qui, on le verra par la suite, peut
poser problème.
La lecture des registres de la paroisse montrent tout d’abord
une forte présence des le Bourdais au XVIIème siècle, qui sont des bourgeois
possédant diverses terres dont ils affublent leur patronyme. Cette mode locale
est en fait assez pratique pour distinguer les porteurs de ce nom.
J’ai en réalité 5 couples intéressants :
Jean le Bourdais, sieur de la Bourgonnière et
époux de Renée Rebuffé
Jean le Bourdais, sieur de la Tournerie et époux
d’Anne Rebuffé
Jean le Bourdais époux de Magdeleine Rosée
Jean le Bourdais, sieur de la Ronseraie et époux
de Mathurine Favereau
René le Bourdais, sieur du Brail puis sieur des
Vaux et époux de Louise de Chalus
Le premier couple est cité sur Geneanet mais il n’a pas eu
de fille prénommée Perrine en 1637. En revanche, il a eu une Perrine le 7
février 1633, dont le parrain est Michel Rebuffé son grand-père, sieur de la
Criberie (et mort quelques années après d’un coup d’arquebuse …) et dont la marraine est une certaine Perrine Rommer
(orthographe incertaine …).
Cette Perrine peut être celle que je recherche car cela
donnerait dans son cas un mariage à l’âge de 16 ans et demi et un premier
enfant à 19 ans.
Le second couple est aussi cité sur Geneanet, même si les
internautes s’entremêlent entre les titres puisque ce Jean le Bourdais est bien
sieur de la Tournerie et pas de la Bourgonnière. Seulement ce couple n’a eu qu’une
seule fille, Renée, née le 10 décembre 1637. Ainsi, ce que certains ont voulu
interpréter comme une Perrine n’était qu’une Renée ! Et il n’y a aucun
doute là-dessus car le couple s’est marié le 16 février 1637 et Anne Rebuffé,
qui se trouve en fait être la sœur de Renée Rebuffé citée plus haut, est
décédée le 26 janvier 1638. D’ailleurs, lors du mariage de ce couple, on
apprend que Jean le Bourdais sieur de la Bourgonnière est le beau-frère et le
curateur d’Anne Rebuffé, ce qui se comprend car le père de Renée et Anne
Rebuffé est décédé quelques temps auparavant.
Exit donc la piste Jean le Bourdais sieur de la Tournerie et
Anne Rebuffé.
Le troisième couple est également cité. Le problème est qu’il
a bien eu une fille prénommée Perrine, mais celle-ci est née le 13 mars 1637.
On retombe dans l’incohérence des dates.
Cette piste s’arrête donc ici.
Le quatrième couple a vécu à l’époque qui nous intéresse,
mais il n’a pas eu de fille prénommée Perrine. Le débat est donc clos
concernant cette famille.
Le cinquième et dernier couple pose un problème. En effet
René le Bourdais sieur du Brail épouse Louise de Chalus le 8 juillet 1629 à la
Baconnière. Plus tard, à la mort de Claude Chalus son beau-père il héritera
de la terre des Vaux. Leur première enfant est une fille nommée Perrine qui est
née le 5 février 1631.
C’est donc une candidate très sérieuse d’autant que son
parrain n’est autre que René de Chalus, sieur de la Touche, le père de René de
Chalus sieur de la Poupardière qui épousera notre Perrine en 1649 et sa
marraine est Perrine Rommer, la même que celle qui sera la marraine de mon
autre candidate …
Un autre atout qui joue en sa faveur est que cette Perrine
étant de la famille des de Chalus par sa mère, il n’est pas interdit de penser
qu’elle ait alors pu épouser un cousin.
Et puis il y a l’âge : si cette Perrine est la bonne,
cela signifierait qu’elle se serait mariée à 19 ans et qu’elle aurait eu son
premier enfant à 21 ans.
L'étau se resserre ...
Je suis donc avec deux candidates possibles.
La lecture des registres de sépultures ne donne rien car le
curé de la Baconnière ne note pas les sépultures d’enfants. Impossible donc de
savoir si ces deux Perrine ont vécu assez longtemps pour être celle que je
recherche.
Reste la descendance.
Le couple René de Chalus et Perrine le Bourdais a été assez
prolifique puisqu’il a eu 9 enfants. Or l’étude des parrains et marraines de
ces enfants donne des informations intéressantes :
Renée de Chalus née en 1652 a eu pour parrain
Jean le Bourdais sieur de la Bourgonnière et pour marraine Demoiselle Martine
Froger sa grand-mère
Pierre de Chalus né en 1653 a eu pour marraine
Renée Rebuffé, dame de la Bourgonnière
Jean de Chalus né en 1656 a eu pour parrain Jean
le Bourdais son oncle
Perrine de Chalus née en 1659 a eu pour parrain
François le Bourdais son oncle
Jean de Chalus né en 1661 a eu pour parrain Jean
le Bourdais sieur de la Daligaudais
Jeanne de Chalus née en 1664 a eu pour parrain
René le Bourdais sieur du Brail
On en tire que Perrine le Bourdais avait au moins 2 frères :
Jean et François. Et on sait par ailleurs qu’en 1680, elle avait deux frères
comme témoins de sa sépulture : Jean et Pierre. Cela lui fait donc au
moins trois frères.
Or Jean le Bourdais et Renée Rebuffé ont eu 15 enfants ( !)
dont quatre prénommés Jean nés en 1636, 1637, 1641 et 1643, un François né en
1639 et un Pierre né en 1647.
De l’autre côté René le Bourdais et Louise de Chalus ont eu
9 enfants dont un prénommé Jean né en 1635. Mais pas de François ni de Pierre …
Par ailleurs, le premier enfant de René de Chalus et de
Jeanne le Bourdais, Renée a eu pour parrain Jean le Bourdais, sieur de la
Bourgonnière et pour marraine Demoiselle Martine Froger sa grand-mère. Même si
cela n’est pas précisé, il pourrait être probable que Jean le Bourdais, sieur
de la Bourgonnière soit le grand-père de l’enfant. Cela serait assez cohérent.
Quant à Pierre, le second enfant, il a pour parrain Pierre
de Chalus qui est le prieur de la Clerais et pour marraine Renée Rebuffé. On
trouve une logique dans le parrainage puisque si on suit cette piste, cela
signifierait que l’aînée aurait son grand-père maternel pour parrain et sa
grand-mère paternelle pour marraine, tandis que le second aurait son grand-père
paternel pour parrain et sa grand-mère maternelle pour marraine.
Or, Pierre de Chalus le parrain de Pierre est prieur de la
Clerais. Mais quand on sait que René de Chalus, sieur de la Touche et
grand-père paternel de Pierre est décédé le 11 janvier 1652, soit un peu plus d’un
an avant la naissance de son petit-fils, on comprend mieux pourquoi il n’est
pas parrain et pourquoi la famille a pu déroger à cette règle.
On a donc encore beaucoup de cohérence …
La solution ?
Il semble donc presque certain que Perrine le Bourdais est
la fille de Jean le Bourdais, sieur de la Bourgonnière et de Renée Rebuffé et
qu’elle soit née le 7 février 1633 à la Baconnière. Informationqui ne figure sur aucun arbre en ligne sur
Geneanet …
Pour le prouver de manière définitive, il faudrait une
mention dans les actes de décès des parents potentiels de Perrine le Bourdais ou
son contrat de mariage avec René de Chalus, mais à ce jour je n’ai pas encore
mis la main sur ces documents.
Toujours est-il que les internautes qui ont mis en ligne les
informations desquelles je suis parti sont dans l’erreur. A leur décharge, il
est assez complexe de s’y retrouver entre tous ces homonymes et ces titres. D’où
la nécessité, mais on ne le répètera jamais assez, de contrôler
systématiquement ses sources et de recouper les informations qu’on trouve …
Si cet article vous a été utile ou vous a plu, n’hésitez pas
à le partager.
Il y a des personnes comme Ursule Marcadier dont on ne sait
pas grand-chose et pourtant nous avons quelques traces d’eux dans notre
patrimoine génétique. Rien que pour cela, il faut s’intéresser à elle.
Etait-elle blonde ? Brune ? Grande ? Petite ?
On ne le saura jamais. Les documents de l’époque ne s’intéressaient pas à ces
gens-là. Ces gens simples de la campagne.
Les quelques certitudes concernant cette femme est qu’elle a
épousé Pierre Reviron le 26 juin 1670 à Aurec-sur-Loire, dans la Haute-Loire,
dans l’ancienne province d’Auvergne aux confins du Forez. Cela la fait naître
vers les années 1650. A cette époque, la paroisse est déjà sous l’autorité des
évêques du Puy, célèbre pour y avoir vu le Pape Urbain II y appeler à la
croisade.
La région est aride et y exercer le métier de cultivateur
est difficile. D’ailleurs, une vingtaine d’années après le mariage d’Ursule
avec Pierre Reviron, une terrible famine va frapper Aurec y causant de nombreux
décès. Pourtant Ursule et Pierre vont survivre à cet épisode et leur petite
fille Marguerite qui naît en été 1689, mon aïeule, résistera à la faim.
Ursule est toujours là en 1712 lorsque sa fille Marguerite
épouse Pierre Claveniard, un autre paroissien d'Aurec. Comme souvent à cet endroit et à cette époque, cette
génération est la dernière à vivre à la campagne. Bientôt, leurs enfants
quitteront les zones rudes du Forez pour aller offrir leurs bras dans les
manufactures de Saint-Etienne.
Ainsi, Ursule est de cette génération qui aura quitté ce
monde en ayant l’illusion que tout serait toujours comme avant …
Pour la première fois de ma vie je ne vais pas accompagner
ma famille à la messe qui se tient en notre église paroissiale Notre-Dame. La
maladie qui me tient cloué au lit me fait dire que c’est sans doute la fin pour
moi et je suis heureux que cette fête nous réunisse tous.
En effet, outre ma femme Madeleine, il y a mes fils Julien,
Thomas, Louis et François et ma fille Anne accompagnée de son mari Jean le fils
Dagron. Je suis heureux de les voir une dernière fois.
Maintenant qu’ils sont tous partis à la messe de Noël, je
peux me rappeler ma vie. Il me semble que j’ai toujours vécu dans le bourg d’Assé
le Boisne, aux confins du Maine, pourtant lorsque je suis devenu un jeune homme
mes parents ont déménagé à Saint Victeur, une paroisse voisine. Ma mère Olive
portait un nom incroyable : Réveillechien. Impossible de savoir l’origine
de ce nom curieux, mais en tout cas il ne passait pas inaperçu ! Mon père
se prénommait Thomas et je ne sais pas pourquoi il m’a donné son prénom car je
ne suis pas l’aîné.
En effet, je suis né en l’an 1681, le quatorzième de
janvier, jour de la Saint Félix et suis le quatrième enfant sur six. Si Dieu me
prête vie, le 14 janvier prochain j’aurai donc 60 ans ! Mais hélas, je
doute d’y parvenir.
Mon enfance a été heureuse, entourée de l’affection de ma
mère et de ma marraine sa sœur, ainsi que de celle de mes frères et sœurs.
Quant à mon père je le voyais assez peu car il était pas mal accaparé par son
métier de laboureur.
En 1702, alors que j’allais sur mes 21 ans, j’ai rencontré Madeleine,
la fille des Belot. Son père était jardinier après avoir servi chez le Sieur du
Molland à Assé. Je la voyais au marché et je crois bien que je lui plaisais
aussi.
En tout cas nos parents étaient d’accord pour que nous nous
épousions et c’est ainsi que le jour de la Saint Gabin de l’an 1703, le dix-neuvième
du mois de février, Madeleine et moi nous sommes mariés en face de l’église d’Assé.
Ce mariage m’a permis de revenir dans cette paroisse où j’étais né et depuis j’y
suis resté.
Nous avons eu 9 enfants avec Madeleine qui, grâce à Dieu ont
vécu assez longtemps pour que je les voie grandir. J’en ai même vu 3se marier !
Hélas, le temps m’est compté et je n’en verrai pas davantage
… »
Note manuscrite rajoutée de la main de Julien Gaillet :
Mon père Thomas est décédé quelques jours après la Noël de l’an de grâce 1740 :
il est mort et a été inhumé le 29 du mois de décembre de ladite année 1740,
jour de la Saint David.
A l’heure où j’écris ces lignes, je réalise à quel point ma
vie a été marquée par celle de mon père.
J’ai en effet hérité de lui non seulement le nom, mais
également le prénom et les fonctions. C’est pourquoi à l’heure d’écrire mes
mémoires, je dois commencer par le début, c’est-à-dire par ces quelques moments
de la vie de mon père Sébastien Loyauté.
Il a été baptisé le 21 novembre 1653 en la paroisse de
Béthisy-Saint-Pierre par messire Jacques Mariage, alors prêtre et curé de cette
paroisse depuis l’année 1630. C’est donc lui qui a marié ses parents Nicolas
Loyauté et Anne Choron deux années auparavant.
Mon grand-père paternel, quoique vannier dans cette paroisse
a très vite eu de l’ambition pour ses enfants et c’est la raison pour laquelle
il a confié mon père à Gabriel puis à François Labouré les clercs de la
paroisse.
Mon père, d’une intelligence élevée, a vite progressé et est
devenu clerc à son tour et c’est alors qu’il occupait cette fonction qu’il
a rencontré Antoinette, la fille de Nicolas Lafague et de Charlotte Duliège,
des paroissiens de Saint-Martin de Béthisy, la paroisse voisine.
C’est ainsi que le 13 septembre 1677, ils se sont épousés
mais dans à Béthisy-Saint-Martin. Après les épousailles, ils sont revenus dans
la maison familiale de Saint Pierre et c’est donc ici que mes frères et sœurs
et moi-même sommes nés.
La fonction qu’occupait mon père et la qualité de son
enseignement ont fait qu’il a été remarqué par le Seigneur du Hazoy, Monsieur d’Anthonis.
Et c’est ce dernier qui a insisté pour que mon père achète et occupe ensuite la
charge de Garde de la forêt de Cuise qui jouxte notre paroisse. Si mon
grand-père avait pu voir cela il aurait été très fier de son fils …
C’est ainsi qu’à partir de l’année 1712, notre qualité de
vie s’est sensiblement améliorée.
Quant à moi, je disais en introduction que je devais tout à
mon père. En effet, après avoir pris sa suite comme clerc de la paroisse j’ai
hérité de sa charge de Garde de la forêt en 1729, quelques mois après sa mort
qui s’est produite le 6 février 1728.
Ainsi, il aura vécu 74 années et c’est grâce à lui que mes
frères et sœurs et nos enfants devons notre rang.
De tout cela je vous remercie mon père …
Signature de Sébastien Loyauté en 1700 lors du mariage de sa fille Anne
Oraison funèbre de noble homme
René de Chalus, seigneur de la Poupardière, prononcée en ce lundi 13 mai 1675,
jour de la Saint Servais, en l’église Saint Corneille et Saint Cyprien de la Baconnière,
en la province du Maine, par Gilles du Blanchet, Prieur d’Anglade au diocèse de
Bordeaux, cousin du décédé.
« Chers frères et sœurs,
nous voici devant la dépouille de celui qui fut notre mari, notre frère, notre
père, notre cousin et notre ami qui vient de nous quitter trop tôt.
René, tu as vu le jour en l’an de
grâce 1630 et tu fus baptisé le septième jour de mars par notre prédécesseur
messire Houry. Ton père, noble homme René de Chalus, sieur de la Touche et
Seigneur de la Poupardière et ta mère Demoiselle Martine Froger t’ont éduqué de
sorte que tu portes haut la devise de tes nobles ancêtres « fais ce que
dois » mais également de sorte que tu apprennes à aimer et à respecter les
plus humbles.
Quand je vois la foule immense
qui emplit cette église de la Baconnière en ce jour, je me dis que tu as su te
faire respecter et aimer par nos paroissiens.
Je me souviens aussi de ce jour
béni entre tous où tu as épousé en face de notre église Perrine la fille puînée
des le Bourdais, ces alliés à ta famille depuis plusieurs générations. Ton
cousin Pierre, alors curé de la Baconnière a consacré cette union en ce vingt-troisième
jour du mois de novembre 1649, quelques mois après tes 19 ans.
Tes parents étaient là, émus de
voir leur fils aîné qui un jour reprendrait le nom et les titres de leurs
aïeux, espérant secrètement que ta descendance soit nombreuse.
Dieu notre Père a entendu leur
prière puisqu’il t’a donné dix enfants. Ils sont là aujourd’hui pour t’accompagner
dans ta dernière demeure et à leur tour porter haut le nom des de Chalus.
Prions ensemble pour que René,
autre René, Michel, Jean, Pierre et Guillaume, tous ceux qui t’ont précédé sur
cette terre, puissent t’accueillir dans le royaume du Père.
Je ne crois pas trop m’avancer en affirmant que dans chacune
de nos généalogies on trouve des patronymes disons, curieux … Je ne parle même
pas des mariages où les deux noms des mariés mis côté à côte donnent un sens
amusant au couple (par exemple un Leprêtre qui épouse une Lévêque) …
En ce qui me concerne il y a chez moi des noms qui font
hurler de rire mes enfants surtout qu’ils les attribuent à mon épouse ou à
moi-même en fonction de la branche où ils se trouvent. Ce à quoi je réponds que
j’ai peut-être la moitié des noms comiques et mon épouse l’autre moitié mais qu’eux,
par nature les ont tous !
Alors en route pour un petit florilège.
Il y a tout d’abord les noms honorifiques, assez positifs à
porter, qui ne prêtent donc pas nécessairement à rire mais qui sont assez
atypiques pour certains :
Auconsul, porté la première fois (en l’état de
mes connaissances actuelles) par François Auconsul, né aux alentours de 1700 en
Corrèze
Bonnevile, porté la première fois par André
Bonneville, ayant vécu dans les années 1750 en Haute-Loire
Bourgeois, porté la première fois par Louis
Bourgeois, qui a vécu dans les années 1650 dans l’Oise
Chevalier, porté la première fois par Geneviève
Chevalier, née vers 1630 et décédée en 1702 dans l’Oise
Chrétien, porté la première fois par Philippe
Chrétien, qui a vécu dans les années 1650 dans l’Oise
Dieux, porté la première fois par Jean Dieux,
qui a vécu dans la seconde moitié des années 1600 dans l’Aisne
Lamirault, porté la première fois par Geoffroy
Lamirault, qui est né vers 1657 et a vécu au-delà des années 1740 dans la Marne
Lapotre, porté pour la première fois par Pierre
Lapotre, qui a vécu au tournant des années 1700 dans la Marne
Larcher, porté pour la première fois par
Françoise Larcher, qui a vécu autour des années 1650 dans l’Oise
Lévêque, porté pour la première fois par Tugal
Lévêque, qui a vécu à la fin des années 1580 dans la Mayenne
Loyauté, porté pour la première fois par Nicolas
Loyauté, qui est né vers 1629 et est décédé en 1698 dans l’Oise
Populaire, porté pour la première fois par Marie
Populaire, qui est née vers 1577 et qui est décédée en 1649 dans l’Oise
Prud’homme, porté pour la première fois par
Marie Prud’homme, qui est née vers 1663 et qui est décédée dans la première
moitié des années 1700 dans l’Oise
Pour la seconde catégorie, celle des noms un peu moins glorieux,
je ne serai pas aussi détaillé, mais je laisse à chacun le soin d’imaginer
quelles caractéristiques physiques ou psychologiques devaient avoir le premier
porteur de ce nom …
Blanche, dans l’Orne
Bouché, dans l’Aisne
Brun, en Dordogne
Carré, en Mayenne
Chauvit, en Charente
Lagrandie, en Dordogne
Le Camus, dans l’Orne
Le Gay, dans la Sarthe
Le Rat, en Mayenne
Le Nain, en Mayenne
Le Porc, en Mayenne. A noter qu’en dépit de son
nom … étrange, il s’agit d'une grande famille du Maine dont un des ascendants était un chevalier ayant fait partie des 108 chevaliers
partis du Maine pour la Troisième Croisade …
Marteau, en Mayenne
Mignon, dans l’Oise
Moutonnet, dans l’Oise
Petit, en Dordogne et dans l’Oise
Poisson, en Mayenne
Roux, en Dordogne
Sauvage, dans l’Oise
Secoué, en Mayenne
Têtu, dans la Sarthe
Viel, dans la Sarthe. A comprendre comme « vieux »
en ancien français.
Enfin, je terminerai par ces patronymes assez difficiles à
porter, surtout à notre époque, car sans doute que jadis ils avaient soit un
sens différent du nôtre, soit les gens y étant habitué, ils n’y faisaient plus
attention …
Bitout, en Charente. Pas drôle en soi, mais sa
prononciation faire rire mes enfants, alors …
Bonnet, en Mayenne
Brulant, dans l’Oise
Chouippe, en Mayenne. Encore un nom pas drôle en
soi mais dont la prononciation est amusante
Cucul, dans l’Oise. No comment …
Deneufmaison, toujours dans l’Oise
Desengins, encore dans l’Oise
Gosse, dans l’Oise
Guithar, en Corrèze
Hazard, dans l’Oise
Jouet, en Mayenne
Moufle, en Mayenne
Niquet, dans l’Oise
Pinnard, en Mayenne
Quatreoeuf, dans l’Aisne
Reveillechien, dans la Sarthe
Voilà donc pour ce petit
inventaire picoré dans mon arbre.
Les noms ont sans doute beaucoup
de choses à nous apprendre sur les origines de nos familles, et c’est sans
doute plus fiable que les analyses ADN … Ainsi lorsqu’un ancêtre se nomme Langlois
ou Lalemand, on imagine aisément son origine. Bon évidemment c’est plus flou
pour un ancêtre se nommant Dubois …
Et vous, avez-vous aussi des
patronymes « atypiques » dans vos arbres ?
Jean Monnart etNicolas Gosse n’ont pas envie de discuter de choses gaies en ce jour
d’annonciation de la Vierge de l’an de grâce 1672. Il faut dire qu’ils sont sur
le chemin du retour de l’enterrement de Pharon Gosse, le beau-père du premier
et le père du second.
Celui est décédé brutalement hier 24 mars dans la matinée
alors qu’il rentrait chez lui. Sans doute une attaque d’apoplexie. Il a juste
eu le temps de demander au curé de la paroisse de Néry de venir et recevoir le
sacrement de pénitence et s’était fini. La flamme de sa vie s’était éteinte.
Ce qui est curieux c’est que rien n’indiquait que le Pharon
allait mourir si subitement. Il avait eu une vie rude de filassier, certes,
mais à Néry et dans les environs, on s’entraidait souvent et même les
manouvriers étaient respectés.
Personne ne se souvient vraiment quand Pharon était né ni
même d’où il venait. On sait seulement, aux dires de sa seconde femme Agnès
Charpentier qu’il était né quelques années avant que le roi Henri le Navarrais
ne se fasse assassiner. On sait aussi qu’il avait eu une femme avant Agnès, une
certaine Jeanne Hazard qui ne lui avait donné qu’une fille dans les années 1650,
Marguerite,avant de mourir assez jeune.
En tout cas, Jean Monnart, Nicolas Gosse et Pierre Gosse, le
second fils du défunt vont devoir rapidement se mettre d’accord sur qui va accueillir
la veuve du père, car elle n’est plus toute jeune …
Signature de Pharon Gosse en 1671, un an avant sa mort
Je suis désespéré. En effet, ma chère Olive vient de mourir
et elle a été inhumée ce 10 décembre 1688 dans le cimetière de notre paroisse d’Assé-le-Boisne. Te rends-tu compte qu’elle n’avait que 34 ans !
La maladie qui l’a frappée après la naissance de notre
dernière petite fille le 8 octobre dernier aura eu raison de sa bonne
constitution. C’est que depuis que nous nous sommes épousés le 10 juillet 73,
nous avons eu 6 enfants qui pour ont tous vécus à l’exception de notre pauvre
aînée Marie, qui est morte en septembre 87, il y a un peu plus d’un an. Sans
doute ce décès a-t-il affecté Olive ?
Te souviens-tu de ses parents ? Son père, Sanson, était
laboureur comme moi et quoiqu’il vécût à Montreuil le Chétif était une force de
la nature. Et sa mère, Jeanne Chaumont, à laquelle sa fille ressemblait tant !
Que vais-je de venir avec mes 5 enfants ? Faut-il que
je me remarie ? Une étrange langueur m’a envahi depuis que le chirurgien
de notre paroisse m’a dit que rien ne pourrait sauver ma chère Olive. Peut-être
que je vais bientôt le rejoindre dans la tombe ?
Allons, chassons ces idées sombres et dis-moi dans ta
réponse quand tu comptes venir me voir. Je t’attends les bras ouverts.
Je ne sais pas pour vous, mais moi j’adore les
anniversaires. Or il se trouve que cette année nous sommes spécialement bien
lotis puisque nous fêtons en plus les 70 ans du débarquement et le début de la
Première Guerre Mondiale. Que ces événements soient gais ou tristes,
extrêmement positifs ou calamiteux, ils sont le prétexte pour se souvenir d’une
époque, de personnes particulières ou encore de nos ancêtres qui ont vécus à
ces périodes.
En effet, même si nous sommes des amateurs, nous avons été
capables d’identifier plusieurs dizaines d’ancêtres, sans parler des collatéraux
ou autres alliés de nos familles. Cela fait du monde … Alors de là à se dire
que statistiquement, il doit bien exister dans notre famille élargie une
personne qui est née, qui s’est mariée ou qui est décédée les mêmes jour et
mois qu’aujourd’hui il n’y a qu’un pas !
Ce peut alors être un jeu amusant que celui d’essayer de
trouver un anniversaire par jour, avec comme seule contrainte que l’heureux(se)
élu(e) soit de notre famille. Et dans la famille j’inclus les cousins et
cousines et autres beaux-frères ou belles-sœurs d’un ancêtre donné.
Prenons le cas (au hasard) du 17 juin.
Quid des baptêmes ?
Une première recherche rapide me donne Claude François Villermot,
un de mes ancêtres directs jurassien, qui est né le 22 juin 1666 à Aresches,
dans le Jura. Mais c’est le 22 et pas le 17 …
J’ai aussi une Anne Caron, née le 14 juin 1671 à
Béthisy-Saint-Pierre dans l’Oise. Ce n’est pas une ancêtre directe puisqu’elle
est la sœur du sosa 2040/2318/2364 de mes enfants (et oui, il y a eu pas mal d’endogamie
dans cette branche …). Mais en tout cas, même si le 17 n’est pas encore
atteint, on commence à le cerner !
Un peu de courage et après avoir enfilé mes bottes de 7
lieues, je me retrouve dans la Mayenne, à Javron où René Boudier a vu le jour
le 17 juin 1679, il y a donc exactement 335 ans ! C’est le frère de Mathurin
Boudier le sosa 1420 de mes enfants.
Vais-je avoir autant de chances pour les mariages ?
A priori, cela risque d’être plus délicat car il y avait des
temps sous l’Ancien Régime où les mariages n’étaient pas permis. Par ailleurs,
on a un mariage par couple mais plusieurs naissances (à commencer par celles
des mariés) et autant de décès. Donc on a une base moins importante … Mais il
faut quand même essayer !
Ca commence pas mal. En effet, le 28 juin 1637, mes deux
ancêtres directs Barbe Julien et Noël Moufle s’épousaient en face de l’église
de Saint-Pierre-des-Nids dans la Mayenne …
Un petit saut dans l’Oise et je retrouve quelques années
plus tard Nicolas Landru et Jeanine Grenier qui convolent le 16 juin 1654, dans
la paroisse de Verberie.
Retour dans la Sarthe où Mathurin Planchais et Geneviève
Rondeau, respectivement les sosas 2834 et 2835 de mes enfants s’épousent face à
l’église de la paroisse de Moulins-le-Carbonnel le 16 juin 1676. Deux mariages
un 16 juin et pas le 17 ?
Décidemment, les René sont à la fête en ce 17 juin !
En effet, c’est le 17 juin 1687, il y a 327 ans, que René Marcadet, le frère de
François Marcadet le sosa 1506 de mes enfants, épouse Marie Royer, ce en la
paroisse de Saint-Ouen-des-Toits dans la Mayenne d’où les deux impétrants
étaient originaires.
La Mayenne est plutôt bien représentée.
Aurais-je autant de chance avec les décès ?
A Béthisy-Saint-Pierre dans l’Oise, Françoise Fricant, la
femme de Pierre Bergeron, sergent royal de son état et mon ancêtre direct, s’éteint
le 27 juin 1657 à l’âge de 77 ans, ce qui la fait naître aux alentours des
années 1580, c’est-à-dire sous le règne d’Henri III, le dernier des trois
frères qui ont régnés sur la France avant Henri IV, le premier des Bourbons !
Elle a donc vécu pendant cette période assez trouble de l’histoire de France,
mais elle n’est pas morte le 17 …
Tiens, Pierre Desain, le frère aîné de Marie Anne Desain, la
sosa 1157/2323 de mes enfants a fini sa vie à Néry, la paroisse jouxtant celle
de Béthisy-Saint-Pierre le 1er juin 1674 à l’âge de 21 ans seulement !
L’Oise réalise un tiercé gagnant en envoyant à la première
place Anne Ancelle, native de Levignen, la benjamine de Pierre Ancelle et Marie
Pancheret, les sosas 2460 et 2461 de mes enfants. En effet, cette petite fille
est décédée à l’âge de 6 ans, il y a très exactement 317 ans aujourd’hui !
On pourrait continuer ce jeu des heures durant, ne serait-ce
que parce que chaque jour qui passe amène son anniversaire potentiel !
Mais c’est surtout le prétexte pour rechercher dans son arbre des ancêtres ou
des cousins éloignés qu’on avait un peu oubliés, étant focalisé sur une
paroisse ou sur une branche.
Ce petit jeu nous permet de nous souvenir que c’est grâce à
ces personnes qui ont vécu il y a parfois plusieurs centaines d’années que nous
devons d’être là aujourd’hui. Alors rien que pour cela, nous nous devons de
penser à leurs anniversaires !
Et vous, êtes-vous prêts à fêter tous ces anniversaires ?
Aujourd’hui une bien triste nouvelle a endeuillé notre
paroisse de Cuise La Motte.
En effet, je viens d’apprendre le décès de Nicolas
Duplessier, un de mes paroissiens, en ce jour de Saint Simon, 28 octobre de l’an
de grâce 1737.
Autant que je m’en souvienne, il était le fils de Robert
Duplessier et d’Anne Laigner. Tous deux également paroissiens de Cuise. Je
viens de retrouver son acte de baptême en date du 16 février 1681. Cela
signifie donc qu’il était âgé de 56 ans au moment de son décès. D’aucuns
pourraient dire qu’il a bien vécu, mais le bon air de notre province de
Picardie me fait croiser à nos messes paroissiales un grand de nombre d’hommes
et de femmes ayant dépassés les 70 ans !
Il y a 34 ans, le 8 janvier 1703, Nicolas Duplessier a
épousé une des filles de Claude Ruin et d’Anne Lemaire, Antoinette, sa cadette
de 7 ans. Pourtant, ils se sont accommodés et si j’en crois leur nombreuse
postérité, ils ont dû bien s’entendre !
Mais voilà, désormais Antoinette Ruin est veuve. Peut-être
se remariera-t-elle ? J’en doute car ses enfants sont grands et peuvent
parfaitement l’accueillir chez eux.
Je serais heureux que vous puissiez venir demain rendre
visite à la famille, cela la réconforterait.
J. Lorget, prêtre curé de Cuise, ce 28 octobre 1737
Demain, jour de la Saint Thomas 1759, cela fera un an que ma
mère est morte.
Je me souviens très bien du jour où mon père, René Jullien
est venu nous prévenir que ma mère allait passer. Nous étions en train de cueillir
les premières prunes sous la chaleur de cette fin juin quand mon père a
quitté sa fonderie pour s’occuper de ma mère qui était au plus mal. Et puis le
3 juillet elle est partie, nous laissant tous les 3, mon grand frère René, ma sœur Madeleine
et moi-même.
Je vais donc aller déposer un bouquet de fleurs sur la tombe
de ma mère, dans le cimetière qui jouxte l’église et réconforter mon père.
Je me rappelle que lorsque j’étais petite, ma mère passait
des heures à me coiffer les cheveux et à me faire des couronnes de fleurs. Elle
ne me parlait pas de ses parents mais de la ferme où elle avait grandi à
Moulins, le bourg voisin. Elle y était née en 1688, en décembre et tout ce que
je sais de ses parents, c’est que son père se nommait Michel Blanche et que sa
mère était une Lefebure. C’est d’ailleurs pour cela que j’ai appelé mon premier
fils Michel.
Je me souviens aussi qu’il y a quelques années, quand Pierre
le fils des Ribot commençait à me tourner autour, elle m’avait raconté comment
elle avait rencontré mon père, René Jullien et comment il lui avait fait la
cour.
Elle m’avait même dit comment s’était déroulé ses fiançailles
puis son mariage, le 30 juin 1718 en pleine Régence. Elle m’avait d’ailleurs
confectionné une robe semblable à la sienne !
Tous ces souvenirs remontent à la surface à mesure que je m’approche
du cimetière.
Mon petit Michel me suit. Je pense que sa présence va faire
du bien à son grand-père …
Ce qui m’a le plus troublé c’est que lorsque je suis allé à
la Mairie de Mareuil pour y rencontrer mon ami Boutallé qui occupe de manière
provisoire le poste de maire et lui déclarer la mort de mon frère Laurent, c’est
que ce dernier s’appelait comme moi, Laurent Chaumette. Ce fut une drôle d’expérience
que de parler d’un mort qui s’appelle comme soi.
En accompagnant Boutallé de la Mairie à Chez Perot, là où
vivait mon frère, pour qu’il puisse constater le décès, je me suis souvenu des
bons moments de sa vie.
Ainsi, je me souviens que lorsqu’il est né le 22 juin 1827,
j’allais avoir 21 ans ! Il faut dire que le petit Laurent était le
neuvième enfant de mes parents François Chaumette etMarie Brun. D’ailleurs, je dis Marie Brun,
mais personne ne sait vraiment le nom de ma mère car elle était une fille abandonnée
à la naissance et elle n’a jamais vraiment abordé le sujet de ses origines avec
nous.
De la même façon, mes parents ne nous ont jamais dit comment
ils s’étaient rencontrés. Tout ce que je sais c’est qu’ils se sont mariés ici à
Mareuil en 1800, le 2 octobre si je ne trompe pas. Facile de s’en souvenir, c’était
le début du siècle !
Je me souviens aussi du mariage de mon frère avec Valérie,
la fille des Merlaud. C’était le 12 mai 56. Je me souviens très bien de ce
mariage parce que le même jour, la sœur aînée de Valérie Merlaud, Isabelle s’est
mariée avec Raymond, le fils des Chancel, ceux d’Hautefaye. La différence c’est
que dans le cas de Raymond, il était temps, car un drôle leur est né même pas 3
mois après …
Et puis il y a eu la naissance de Marie, la fille de Laurent.
C’était à l’été 66. Pauvre petite. Elle n’aura pas beaucoup connu son père.
Nous sommes arrivés. Boutallé est en train de faire son travail
et moi je suis dehors avec ma belle-sœur et ma nièce. La famille commence aussi
à arriver.
La vie est curieuse : voir naître son frère et l’enterrer
cinquante ans plus tard … Je m’en serais bien passé !
Celles et ceux qui lisent mes articles sur le thème du
Challenge A à Z édition 2014 ont vite remarqué que je me suis attaché cette
année aux prénoms de mes ancêtres. Je dois avouer que j’ai été surpris de
trouver autant de diversité dans les prénoms car je craignais en abordant ce
thème de ne trouver que quelques lettres seulement.
Or, à part le K, le Q et le X, je dispose dans mon arbre de
prénoms commençant par les autres lettres de l’alphabet. Il y a quelques temps,
j’avais pourtant publié un billet intitulé « Ce que les prénoms nousapprennent » et qui montrait que dans la paroisse étudiée 5 prénoms dominaient et que les
autres étaient rarement utilisés.
Mais c’était sans compter sur la diversité de mes origines
car il y a des prénoms qui sont attachés à des lieux précis, surtout dans les
temps anciens. Ainsi, on trouve des Yrieix dans le Limousin mais pas ailleurs,
des Yves en Bretagne ou des Rieul en Picardie.
J’ai donc l’impression, mais je ne puis en apporter la
preuve, que dans les époques qui m’intéressent, à savoir le XVIIème et le
XVIIIème siècle, on avait trois sources principales de prénoms :
les saints locaux
les saints « nationaux »
les personnages locaux importants (ce qui ramène
au cas des saints locaux)
Les saints nationaux étant ces prénoms qui sont utilisables
en dehors de toute particularisme local, comme Marie, Jeanne, Jean, Pierre,
etc..
A l’époque, les gens n’avaient pas les séries américaines ou
les sites internet de leurs idoles pour trouver des prénoms, ni même les sites
ou les guides donnant pour chaque prénom son signe astrologique favori, le
caractère du porteur, sa couleur et son chiffre favoris … Ils n’avaient que le
curé de la paroisse, les veillées et les histoires des anciens et
éventuellement les informations provenant de voyageurs ou de personnes avec
lesquelles elles étaient en affaire.
C’est je pense ce qui explique la relative stabilité des
prénoms aux époques citées plus haut. De plus le nom étant imposé au moment du
baptême, il ne s’agissait pas de faire n’importe quoi, le curé devant
strictement contrôler les choses …
Quoiqu’il en soit, il y a eu des novateurs et je dois
témoigner que dans mon arbre, j’ai quelques ancêtres qui se sont distingués par
leur originalité. J’ai ainsi un Pharon, qui a vécu dans l’Oise au XVIIème
siècle, des Barbe qui contrairement à ce qu’on peut croire nommaient des filles,
des Guyonne dans le Maine, un Samson ou un Charlemagne !
Bref, je dispose dans mon arbre, comme tout un chacun je
pense, d’une kyrielle de prénoms qui, au-delà des grands classiques de ces
anciennes époques font la richesse d’une famille et qui, accessoirement aident
bien dans l’identification d’un ancêtre dans un acte, un Samson étant plus facilement repérable qu’un
Jean …
Il fait beau pour un 27 novembre et pourtant, personne n’est
joyeux. Il faut dire qu’en cette fin d’année 1850 nous accompagnons notre ami
Jacques dans sa dernière demeure. Le cortège funèbre va lentement de l’église
de Bourg-le-Roi, cette petite commune de la Sarthe vers le cimetière, ce qui
laisse le temps aux différentes personnes de parler entre elles de Jacques Béassé
qui est mort avant-hier matin.
Il faut dire qu’il avait bien vécu le vieux comme on le nommait
affectueusement. Il était en effet né le 17 avril 1774, environ 3 semaines
avant la mort du roi Louis XV, ici même à Bourg-le-Roi. De nos jours, plus
personne ne s’en souvient, mais sa naissance avait fait parler une bonne partie
du village car il paraît qu’il est né hors mariage et que ses parents ont vite
régularisé la situation en s’épousant un mois après qu’il fut arrivé en ce
monde …
J’ai un peu connu ses parents, René Béassé le père était
tisserand et sa mère Marie Boulard n’avait pas d’activité particulière,
s’occupant des enfants et aidant son mari dans son métier de tisserand. Il faut
dire qu’elle était la fille du meunier de la Fresnaye et que quoiqu’elle eût un
peu d’instruction, elle avait été éduquée comme toutes les jeunes filles de son
époque, c’est-à-dire principalement pour savoir tenir sa maison.
J’étais présent en 1803, le 5 février (même si à l’époque je
crois qu’on disait le 16 pluviôse de
l’an XI) lorsque Jacques a épousé Marie Françoise Hersant ou Herson, je ne sais
plus trop. En plus, quelle idée a-t-il eue d’aller à Chambois à plusieurs
lieues d’ici pour prendre femme ? On ne le saura jamais. Mais toujours
est-il qu’il est ensuite revenu ici dans sa commune et qu’il y a fait grandir
sa famille.
La Marie Françoise sa femme est morte il y a dix ans
maintenant et depuis il vit seul, même si sa fille Anastasie vient lui rendre
visite régulièrement avec ses enfants. D’ailleurs, je la vois en tête du
cortège funèbre accompagnée de son mari le Décongé et ses deux petits gars
Auguste Léon qui va sur ses 15 ans et Eugène qui doit avoir 9 ou 10 ans. Ils
ont bien grandi depuis la dernière fois que je les ai vus …
Allez, bon vent mon vieux Jacques, et si le Bon Dieu existe,
salue-le de notre part à tous !
Signature de Jacques Béassé en 1803 lors de son mariage