Je m’appelle Adrian, Adrian Collas, comme mon père et mon
grand-père.
Mes parents sont originaires de la paroisse où j’ai vu le
jour le 25 ou le 26 juillet 1656. Personne ne se souvient de la date exacte de
ma naissance, mais messire Mariage notre curé, m’a baptisé le jeudi 27 du même
mois et l’a inscrit sur son registre pour la postérité. Cette paroisse c’est Saint
Pierre de Béthisy, qui dépend du bailliage de Béthisy et Verberie, en Picardie.
Plus tard, vous direz qu’elle se trouve dans le département de l’Oise …
Mes parents se sont mariés le mardi 23 mai 1651 en face de l’église
de Saint Pierre de Béthisy. Ils se nommaient Adrian Collas et Jeanne Petit. Ils
m’ont donné 2 sœurs mais malheureusement mon père est mort quand j’avais 13 ans
ce qui m’a obligé très tôt à reprendre son métier de filassier pour faire vivre
notre famille.
La vie n’a pas été tendre avec moi car si j’ai eu 8 enfants,
c’est avec 3 épouses différentes …
J’ai en effet d’abord
épousé Marguerite Gayant le 9 juillet 1679 en la paroisse de Néry où nous
avions déménagé après le décès de mon père, mais elle est morte en couches à la
naissance de ma fille Marie Anne, le 16 juin 1680.
Ensuite, j’ai épousé Marguerite Meunier le 10 février 1681 à
Saint Pierre de Béthisy. Celle-ci m’a donné 7 enfants mais a été rejoindre ses
ancêtres le 9 octobre 1707, alors qu’elle n’avait que 47 ans. D’ailleurs c’est
grâce à elle que tu es là mon cher Olivier puisque notre fils Jean est ton aïeul
…
Enfin, puisque que je ne pouvais m’occuper de mes enfants, j’ai
épousé Marie de Brie quelques temps après le décès de Marguerite.
Aujourd'hui nous sommes le lundi 4 novembre 1726 et dehors il fait
froid. Je viens de finir d’écrire tout ceci pour laisser une trace de mon
passage sur terre. Je sens que la fin est proche car j’ai plus de 70 ans.
Demain je serai mort je le sais.
Signature d'Adrien lors du mariage de son fils Jean en 1722
Nous sommes le 30 mai 2014 et demain je démarre la seconde
édition du Challenge A à Z, organisée une fois encore par Sophie Boudarel.
Tout d’abord je la remercie pour cette initiative qui nous
permet à tous de présenter différents sujets qui nous tiennent à cœur avec
cette contrainte de publier chaque jour un article dont la caractéristique est
de commencer par une lettre précise.
Ensuite, je dois dire qu’en ce qui me concerne le Challenge
va être assez contraignant puisqu’au lieu de publier un billet par semaine
comme j’en ai pris l’habitude depuis plusieurs mois, je vais devoir publier un
article par jour ! Pour corser le tout, j’ai décidé cette année de traiter
le Challenge en parallèle de mes productions hebdomadaires c’est-à-dire que je
vais continuer à publier chaque semaine mes billets en plus des articles du
Challenge.
Pour pouvoir suivre le rythme, j’ai donc décidé de publier
des articles courts puisqu’ils n’excèderont pas les 200 caractères (en temps
normal, mes billets sont plus souvent proches des 1 500 mots).
Le thème de cette année sera ma généalogie abordée par le
biais des prénoms de mes ancêtres. Ainsi, demain 31, je commencerai par publier
un article consacré à un de mes ancêtres dont le prénom commence par la lettre
A.
Je ne vous cache pas que je dérogerai à cette règle pour les
lettres K, Q et X mais malgré tout il y aura un lien avec mon thème …
Le plan de mes articles sera grosso modo toujours le même et
je tenterai de donner pour chaque personnage choisi les informations suivantes :
d’où il/elle vient (ascendance, situation dans
ma généalogie, situation géographique)
qui il/elle est et quelles sont ses principales
caractéristiques (dates et lieux clefs, métier, etc.)
ce qu’il/elle a eu comme descendance
Bref, une sorte d’esquisse de ce qui pourrait devenir un
ensemble de fiches dédiées à chaque ancêtre de mes enfants …
Voilà, vous savez tout.
Ah, j'oubliais : comme je n'ai pas beaucoup de temps, j'ai confié la rédaction de ces articles aux personnages sujets de ceux-ci ...
Un des commentaires publié sur mon article précédent a soulevé
un point intéressant car il disait en substance que dans la mesure où nos
ancêtres ne nous appartenaient pas, nous ne pouvions pas considérer notre
généalogie comme notre propriété. En conséquence, tout le monde pouvait
utiliser les informations qu’elle contient.
Ma réponse a été qu’en l’espèce le problème tenait plus au respect
du travail accompli pour réaliser la généalogie qu’à la généalogie en tant que
telle. Mais c’est un autre débat …
Pour revenir au point soulevé par ce commentateur, voici
quelques réflexions que j’ai eues.
Nos ancêtres nous appartiennent-ils ?
Un ancêtre et beaucoup de descendants ...
Le premier point qui me semble important est qu’un ancêtre
est a priori partagé par beaucoup de personnes, à part le cas où sur plusieurs
générations chaque descendant n’a eu qu’un seul enfant (ce qui est très rare).
Et cela peut aller très vite … En effet, prenons le cas d’un ancêtre vivant à
la sixième génération (la première étant la vôtre). Si cette personne a 3
enfants et que chacun de ses enfants a à son tour 3 enfants, et ainsi de suite,
alors à la première génération, il y a donc théoriquement 243 personnes (dont
vous) qui peuvent se targuer d’avoir cet individu comme ancêtre.
Cela fait donc beaucoup de monde …
Si on fait fi du droit d’aînesse, cela signifie donc que
chacune de ces 243 personnes peut se prévaloir d’avoir la personne de référence
comme ancêtre. Il ne vous « appartient » donc pas, mais « appartient »
à ces 243 personnes. En effet, pourquoi auriez-vous plus de « droits »
sur lui que les autres ?
Un ancêtre est un être humain ...
L’autre point est qu’on parle ici de personnes et non pas d’objets
matériels. Alors, de la même façon qu’on juge aujourd’hui complètement
inconcevable de « posséder » une personne, nous ne devrions jamais
envisager de posséder un ancêtre, même si celui-ci est décédé il y a 200 ans …
Au mieux peut-on posséder des écrits de sa part ou des bijoux !
Il faut donc être très vigilant dans le vocabulaire employé
lorsqu’on parle des personnes qui nous ont précédés sur cette planète. Même si dans
le langage courant on parle volontiers de « son » grand-père ou de « sa »
cousine au huitième degré (et je suis le premier à le faire …), il faut être
clair que cela ne signifie en rien la possession en propre de cette personne.
Les généalogistes avantagés ?
Un troisième point est qu’il faut distinguer, au sein d’une
famille, les personnes qui font la généalogie de leur famille et les autres.
Pourquoi ? Parce que les généalogistes ont cet avantage par rapport aux
autres qu’ils retrouvent les traces des ancêtres de la famille. Les autres au
mieux vont saluer ce travail, au pire vont s’en désintéresser !
Mais pour autant, le généalogiste familial ne peut pas s’approprier
ses ancêtres car ils sont les ascendants de toute la famille, pas que de lui.
Cet avantage de re-découvrir les ancêtres ne lui donne donc pas de droits
supplémentaires, juste la satisfaction du travail accompli ;..
Un ancêtre est un exemple
Personnellement, je préfère inverser les rôles en me disant
que la connaissance de mes ancêtres m’impose un devoir, celui de partager avec
les autres personnes de ma famille (famille au sens des descendants de cet
ancêtre) les découvertes que j’ai faites à son sujet.
Ainsi, si la vie de cette personne a été remarquable sur
certains aspects, parce qu’elle a quitté son village pour aller trouver du
travail à 200 kilomètres, qu’elle a été témoin d’un événement historique fort,
qu’elle a eu une vie dure ou au contraire épanouie, je me dois de le rapporter
le plus fidèlement possible pour qu’elle joue son rôle d’ancêtre, c’est-à-dire
de patriarche servant de modèle.
Donc nos ancêtres ne nous appartiennent pas, ils sont seulement
une part de nous. Cette part est réelle lorsqu’il s’agit de patrimoine
génétique, mais elle peut également être une part de notre personnalité si nous
acceptons de comprendre les valeurs qu’ils portaient et que nous voulons faire
nôtres.
Ainsi, avoir un ancêtre qui n’a pas hésité à quitter la France
pour aller d’établir au Québec au XVIIème siècle doit nous faire réfléchir
lorsque nous avons une décision importante dans la vie : nous pouvons
alors nous souvenir que cette personne de qui nous descendons a sauté le pas.
A l’inverse, avoir un ancêtre qui a abjuré sa foi
protestante pour « rentrer dans le rang » après la Révocation de l’Edit
de Nantes peut nous permettre de mieux accepter certaines de nos décisions qui
ne semblent pas courageuses de prime abord mais que nous avons prises en notre
âme et conscience, peut-être pour le bien-être de nos enfants.
Nos ancêtres ne nous appartiennent pas, mais ils peuvent
être des guides dans nos vies actuelles. Notre « devoir » de
généalogiste étant de partager ces leçons de vie avec nos contemporains, a
fortiori s’il s’agit de personnes de nos familles.
Et pour vous, vos ancêtres vous appartiennent-ils ?
Mon blog a ceci de spécifique qu’il contient en gros deux
sortes de billets : les billets décrivant des méthodes ou des trucs pour
avancer dans sa généalogie et des billets plus personnels retraçant la vie d’un
de mes ancêtres.
Très curieusement, je constate après près de 2 ans de
présence sur la toile, que les billets ayant le plus de visiteurs (et de
lecteurs) sont ceux qui traitent de méthodes ou de techniques. Bien entendu,
cela ne signifie pas que les billets plus biographiques ne sont pas lus, mais
ils sont moins lus.
Je pense que cela est lié à deux raisons : tout d’abord,
une question d’intérêt et ensuite une question de présentation.
L’intérêt des billets « techniques »
Les billets techniques ont quelque chose d’universel, par
opposition aux billets « biographiques » qui sont, par nature, plus
personnel. En effet, tout lecteur qui se respecte peut trouver très
intéressante la vie d’un de mes ancêtres maître d’école sous Louis XV, mais va
avoir du mal à s’identifier ou en tout cas à faire le lien avec ses propres
ancêtres.
En revanche, un billet technique décrivant ma façon de
rechercher des informations sur un ancêtre par ses parrain et marraine va
interpeler davantage de monde car tout le monde peut potentiellement être
confronté un jour à ce problème.
Je considère donc mes billets biographiques plus comme des
billets « pour moi » et mes proches, tandis que mes billets
techniques sont pour tout le monde.
La présentation des billets
J’ai décidé, au départ de ce blog, de ne pas me contenter d’asséner
à mes lecteurs des théories fumeuses sur la façon de retrouver un ancêtre. Tout
d’abord parce que je n’en n’ai pas la légitimité et ensuite parce que cela
serait ennuyeux à mourir.
Non, j’ai décidé d’agrémenter ces théories de cas pratiques
qui ont pour intérêt également de montrer que la méthode fonctionne ! Ainsi,
mes billets techniques contiennent-ils deux types d’éléments : des
éléments purement méthodologiques et des éléments historiques ou biographiques.
A l’inverse, les billets biographiques ne contiennent pas de
technique. En d’autres termes, lorsque je décris la vie d’un de mes ancêtres,
je ne vais pas nécessairement raconter comment j’ai trouvé les informations que
je mets en scène, mais je vais directement au résultat.
De fait, les billets techniques ont un intérêt général plus
fort puisque, par défaut, les billets biographiques ne donnent rien qu’une
histoire.
Voilà donc selon moi pourquoi il existe une inégalité entre
ces deux familles de billets.
Et après ?
Mais, que le lecteur se rassure, l’objectif de mon blog n’est
pas de gagner de l’argent et donc d’optimiser les billets pour qu’ils correspondent
à un maximum de lecteurs. Non, mon objectif est de partager les découvertes,
mes coups de cœur et mes émotions.
Un jour peut-être, je prendrai mes billets techniques et je
les regrouperai pour en faire un petit guide pratique et je prendrai mes
billets biographiques pour en faire un recueil à usage familial pour laisser à
mes proches une synthèse de mes découvertes … Mais ce temps n’est pas encore
venu et je vais donc continuer comme cela, agrémentant de temps à autre, mon
blog de billets très spécifiques liés à des événements très particuliers, comme
le Challenge A à Z …
D’ailleurs, à ce sujet, sans dévoiler le thème que j’ai choisi
cette année (qui le sera le 30 mai prochain), je veux juste donner deux
informations : mes billets Challenge seront courts (entre 100 et 200 mots
maximum je pense) et seront publiés en plus de mes billets hebdomadaires !
Et vous, avez-vous noté une différence au niveau de la
fréquentation de votre blog selon les types de billets que vous publiez ?
Je pense que tous les lecteurs de ce billet qui connaissent le
site Geneanet.org vont aussitôt refermer la page sur laquelle il s’affiche,
se disant que ce cru hebdomadaire est sans intérêt …
Vous avez sûrement raison, mais laissez-moi quand même une
petite chance de vous donner mon avis sur ce site emblématique, qui est à la
généalogie ce que le site des pages blanches est à nos agendas : incontournable,
vital, pratique, etc..
Pour commencer, je dirais qu’il y a schématiquement trois
sortes d’usagers de Geneanet :
ceux qui vont sur ce site à la recherche d’une
information précise et qui, une fois ladite information trouvée, s’en retourne
chez eux
ceux qui utilisent ce site pour y déposer le
fruit de leurs recherches et qui connaissent donc à force le contenu de chaque
onglet de chaque page …
ceux qui utilisent ce site pour y récupérer des
branches d’arbre, les rabouter aux leurs et ainsi enrichir leur généalogie en
ligne
Bien entendu, le monde ne se réduit pas à ces 3 catégories, car
il y a des hybrides, mais en gros, je pense que chacun de nous peut se
caractériser par un assemblage de ces 3 profils, où l’un va prédominer. Moi par
exemple, je tiens à 70% du premier et à 30% du second …
Les pros
Les pros sont des gens très respectables qui passent un
nombre d’heures incalculables sur Geneanet pour y rapporter tout ce qu’ils
trouvent au sujet de leur généalogie, et plus encore, car il n’est pas rare de
voir de ces personnes qui y uploadent les cousins, les beaux-frères ou les
tantes, voire les porteurs d’un même nom …
Mais, chose fondamentale qui les distingue des autres, c’est
qu’ils notent systématiquement les références de leurs sources. Ainsi, telle
information provient d’un contrat de mariage rédigé par tel notaire, dans telle
paroisse, avec les références de la liasse, etc..
C’est ce genre de comportement qui suscite le respect car c’est
beaucoup de travail et en plus, en principe, tout ce qui est dans leur arbre
est vérifiable, ce qui est, selon moi, la base d’une recherche sérieuse.
Les vampires
Par opposition aux pros, on trouve les vampires qui prennent
des branches entières trouvées chez les pros et les collent sur leur arbre,
sans parfois prendre le temps de vérifier les informations qu’elles contiennent
et surtout, sans noter les sources de leurs données.
C’est ainsi que lorsqu’on lance une requête sur un nom et un
lieu, on peut trouver, même pour un nom peu courant, 20 ou 30 résultats qui se
réduisent en fait à 2 ou 3 résultats originaux, les autres étant des copies
plus ou moins complètes.
On peut d’ailleurs assez aisément distinguer les pros des
vampires en envoyant au « propriétaire » de l’arbre un message posant
une question précise du type, « comment a-t-il la preuve que le mariage
entre X et Y a bien eu lieu dans cette paroisse à cette date ? ».
Généralement le pro va répondre rapidement, références à l’appui, tandis que le
vampire ne donnera pas signe de vie.
Je sais que les choses ne sont pas si simples et que
certains « vampires » sont des futurs pros, notant clairement que les
informations qu’ils présentent proviennent d’un autre arbre (d’ailleurs ce
seront souvent les mêmes qui demanderont l’autorisation à l’original de
dupliquer leurs données).
Les cueilleurs
Les cueilleurs picorent les informations dont ils ont besoin
pour essayer de déboucler une situation inextricable, lançant des recherches
sur tout le département pour un patronyme donné, lisant en détail tous les
arbres, cherchant les références, etc..
Ils contactant aussi les pros en vue de récupérer des
informations sur tel ancêtre introuvable et, en retour, n’hésitent pas à
compléter l’arbre de ces derniers avec le fruit de leurs propres recherches. Bref,
ils sont dans le principe même de l’échange et de l’entraide.
Seule ombre au tableau, ils ne prennent pas le temps de
publier leurs découvertes et donc, de passer « pro » ! Et j’en
sais quelque chose …
Et moi dans tout ça ?
Personnellement, je conçois un site comme Geneanet comme une
vraie plateforme d’échange entre différentes personnes qui sont à la recherche
d’informations et d’autres qui disposent de ces informations.
Il est donc nécessaire d’échanger entre utilisateurs du site
pour s’enrichir mutuellement. Cela me semble beaucoup plus intéressant et
constructif que de vouloir jouer au jeu de celui qui aura le plus d’ancêtres
publiés ou à celui qui aura le sosa le plus grand.
Geneanet est donc un lieu de partage et d’échanges.
Ce lieu permet d’éviter bien des crises de nerfs lorsqu’on
bloque sur un acte et permet de faire des rencontres passionnantes, voire même
de trouver des cousins dont le degré de parenté qui nous sépare d’eux est tel
qu’il était improbable de se rencontrer autrement.
Bref, Geneanet gagne à être connu et je crois vraiment qu’il
faut l’utiliser comme un complément nécessaire à tous les autres outils sociaux
(blogs, réseaux sociaux, etc.), ne serait-ce par ce qu’il permet de présenter
une foule d’informations originales non accessibles autrement (je pense en
particulier à la section permettant d’accéder aux archives et autres relevés où
on peut parfois trouver de vraies pépites, comme dans mon cas, les registres
paroissiaux de Béthisy St Pierre de 1587 à 1613, alors que le site officiel des
AD de l’Oise s’arrête à 1614 …).
La méthode décrite ci-dessous est très bien connue des
généalogistes car elle permet de retrouver des informations sur un personnage
de son ascendance par des liens indirects.
Je parle ici d’élastique car on part de la personne dont on
recherche les informations, on s’en éloigne parfois fortement,
géographiquement, dans ses collatéraux ou ses branches, on remonte parfois d’une
ou deux générations, pour revenir au final à la personne concernée, avec les
informations cherchées ! Car ce qui est important est bien de revenir au sujet initial de la recherche et ne pas se laisser tenter de partir sur les nouvelles pistes découvertes ... C'est là où l'élastique joue son rôle !
Cette recherche dans le temps, l’espace et les alliances
permet en outre de glaner un grand nombre d’informations qui seront utiles pour
mieux comprendre le contexte dans lequel la personne vivait.
Pour illustrer cette méthode, voici comment j’ai résolu l’énigme
de la naissance d’une de mes ancêtres, Marie Magdeleine Collas. Cette Marie
Magdeleine se trouve dans la branche maternelle de mon père et est le sosa 147
de mes enfants.
Point de départ
Marie Magdeleine Collas est née quelque part dans l’Oise, au
vu du patronyme qu’elle porte, vers 1745. Je ne connais pas ses parents et les
seules choses dont je dispose au départ de mes recherches sont :
elle est mariée à Nicolas Sébastien Lesueur, au
plus tard depuis 1777
elle a au moins une fille, Marie Madeleine Lesueur,
née le 16 octobre 1777 à Béthisy-Saint-Pierre dans l’Oise
elle est décédée le 27 mai 1808 à Béthisy-Saint-Martin
à l’âge approximatif de 63 ans
C’est d’ailleurs par le mariage de Marie Madeleine Lesueur
avec Jacques Huyart le 21 juin 1803 à Béthisy-Saint-Martin, commune voisine de
celle de la naissance de Marie Madeleine Lesueur, que j’ai eu le nom de ses
parents.
Tendre l’élastique
L’acte de décès de Marie Madeleine Collas ne m’indiquant pas
sa paroisse de naissance, et ne disposant pas de son acte de mariage, je
pourrais appliquer la méthode de l’escargot et rechercher un acte de naissance
dans les paroisses avoisinantes sur une période allant de 1740 à 1750, ce qui
est long et fastidieux.
Par ailleurs, il faut savoir que le patronyme Collas étant
très courant dans la région, la probabilité de trouver deux filles nées dans
cette période dans les paroisses concernées est non nulle …
Il faut donc tendre l’élastique dans tous les sens :
-vers les parents de Marie Madeleine Collas ? Impossible car je ne les connais pas
-vers son conjoint ? L’étude de son cas ne
donne rien si ce n’est qu’il est de Béthisy-Saint-Martin
-vers ses enfants ? La seule piste dont je
dispose est celle de sa fille Marie Madeleine Lesueur, qui est née le 16
octobre 1677 à Béthisy-Saint-Pierre
Première remarque : le père est de Béthisy-Saint-Martin,
la fille est née à Béthisy-Saint-Pierre. Cela signifie que la famille s’y est
établie quelques temps mais qu’ils sont revenus à Béthisy-Saint-Martin à la fin
de leur vie puisqu’ils y sont morts.
Cela signifie-t-il pour autant que Marie Madeleine Collas est
née à Béthisy-Saint-Pierre ? Pas sûr car l’analyse de mon dépouillement de
cette paroisse sur la période concernée me donne 12 naissances, dont 6 filles,
mais aucune se prénommant Marie Madeleine …
Une piste à suivre : la fille
Marie Madeleine Lesueur a épousé Jacques Huyart le 21 juin
1803 à Béthisy-Saint-Martin.
Son acte de mariage donne une piste intéressante car au
niveau des personnes présentes on trouve :
« (...) Lesdits époux présents ont déclaré prendre en mariage
l’un Jacques Huyart, l’autre Marie Magdeleine Lesueur, en présence de Joseph
Huyart, cultivateur, âgé de trente quatre ans, frère dudit futur, de Ambroise
Huyart, mannelier, âgé de trente un ans, aussi frère dudit futur et de Denis
Huyart l’aîné, vannier, âgé de soixante cinq ans, oncle dudit futur, tous trois
témoins du côté paternel domiciliés à St Martin Béthisy, et aussi en présence de
Nicolas Sébastien Lesueur, cultivateur, âgé depère de ladite future, de Jean Basile
Lesueur, chanvrier, âgé de cinquante ans, oncle et parrain de ladite future,
domiciliés à St Martin Béthisy et de Henry Collas, fermier, âgé de cinquante
huit ans, domicilié à Moyguevre, commune de Séry, arrondissement de Senlis,
oncle de ladite future du côté maternel. »
Ainsi, Marie Magdeleine Collas a un frère nommé Henry et qui
vit en 1803 dans la commune de Séry.
Nouvelle tension élastique, vers Séry
Cette fois-ci l’élastique se tend géographiquement vers la
paroisse de Séry-Magneval.
La chance est au rendez-vous car Henry Collas est vivant en
1803, cela signifie que la recherche de son éventuel acte de décès pourra se
faire grâce aux tables décennales, ce qui est plus rapide.
En effet, quelques minutes après avoir débuté la recherche,
je trouve un Henry Collas décédé à Séry-Magneval le 14 août 1831 … Et son acte
de décès me donne une information très importante :
« L'an mil huit cent trente un, le quatorzième jour du
mois d'août à cinq heures du soir, par devant nous Antoine Auguste Thiva, maire
et officier de l'état-civil de la commune de Séry-Magneval, canton de Crépy,
département de l'Oise, sont comparus les sieurs
Praquin Louis Henry, âgé de trente six ans, cultivateur,
domicilié à la Domivalle, commune d'Orrouy
et de Niquet Louis Marie, âgé de quarante trois ans,
propriétaire, domicilié à Compiègne
Lesquels nous ont déclaré que le sieur Collas Henry, né à
Vaucelles, commune de Néry, était décédé en sa demeure à Magneval, ce soir à
deux heures et demi, âgé de quatre vingt sept ans, cultivateur, époux de Marie
Josèphe Niquet.
Les père et mère du défunt sont Collas Henry et Marie
Madeleine Caron, tous deux décédés.
Le premier déclarant est gendre et le second neveu du
défunt, lesquels ont signé avec nous le présent acte après que lecture leur en
a été faite à Séry-Magneval, même jour, heure, mois et an que dessus. »
Ainsi, non seulement nous apprenons que Henry Collas est
natif du village de Vaucelles dans la paroisse de Néry (située au Sud-Ouest de
Béthisy-Saint-Pierre), mais en plus l’acte de décès est filiatif !
Ainsi, en un claquement de doigt, je reviens à Marie Magdeleine
Collas que je sais être la fille de Henry Collas et de Marie Madeleine Caron.
Il y a par ailleurs de grandes chances pour qu’elle soit née à Néry.
Epilogue
L’exploration des registres paroissiaux de Néry, qui est une
petite paroisse, ce qui rend la lecture des registres très rapide me permet en
quelques dizaines de minutes de découvrir que :
Henry Collas et Marie Madeleine Caron se sont
mariés à Néry le 16 juillet 1743
leur fils aîné, Henry Collas est né le 13 avril
1744 à Néry, au village de Vaucelles
leur fille puînée Marie Magdeleine Collas est
née le 3 mai 1746, à Néry, au même village de Vaucelles
Cette découverte permet également d’éclairer un coin de la
généalogie de Marie Madeleine Lesueur, la fille de Marie Magdeleine Collas. En
effet, celle-ci a pour marraine une certaine Geneviève Collas qui était décrite
dans son acte de baptême comme étant la fille mineure de défunt Henry Collas et
de Marie Magdeleine Caron, demeurant aux Eluas, dans la paroisse de Champlieu.
Le curé aurait tout simplement pu dire que la marraine aurait été la tante de l’enfant
…
Conclusion
Un élastique est très utile en recherche généalogique. Il
faut parfois simplement savoir l’utiliser en partant du point qu’on veut
découvrir et rayonner sur les 3 axes que sont l’axe géographique, l’axe
temporel et l’axe des alliances.
En d’autres termes, il faut parfois chercher dans le mariage
de la fille pour trouver la naissance de la mère en passant par la mort de son
oncle !
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