mercredi 17 avril 2013

Challenge A à Z - O comme Onomastique


Je crois à la génétique.

Mon arrière-grand-père maternel était professeur de lettres et son gendre, mon grand-père maternel aussi, ainsi que professeur de latin et de grec.

Même si les études m'ont conduit vers des voies scientifiques, il n'en reste pas moins que le gène de la langue française et de la grammaire s'est transmis et j'ai toujours eu un faible pour ces mots dont la simple mention faire surgir des odeurs de vieux papier ou de bougie.

Onomastique fait partie de ceux-là ...


Onomastique, Quid ?

A la recherche d'une définition simple, j'ai trouvé que ce texte de Christine Ducourtieux et Joseph Morsel dans leur ouvrage "L'Histoire (du moyen-âge) est un sport de combat ..." résolvait non seulement mon problème mais pouvait également servir de propos liminaire à mon article :

Il s’agit là d’une inversion complète des rapports onomastiques entre les personnes et les lieux : alors qu’à la période gallo-romaine […] puis au haut Moyen Âge, ce sont les détenteurs du sol, individuels ou collectifs (tribus gauloises) qui donnaient leur nom aux lieux […], ce sont désormais les lieux qui donnent leur nom aux détenteurs du sol… 
Ainsi, l'onomastique qui est en gros la science qui étudie les noms propres se trouve à la lisière de la généalogie.

En tout cas, cette science, qu'on peut pratiquer en amateur, permet de compléter, d'enrichir les recherches généalogiques, voire résoudre certaines énigmes.

Pour revenir sur le propos ci-dessus, j'ai trouvé des liens très forts entre les noms de lieux et les noms de personnes dans certaines régions de France. On a en effet tous en tête les noms de nos plus célèbres aristocrates : Anjou, Orléans, Toulouse, Vendôme, etc.. Autant de toponymes qui sont des fiefs et, avec le temps sont devenus des patronymes, la noblesse étant héréditaire. On portait le nom de sa terre comme un étendard.

Mais cette pratique, très claire et éclatante même, pour la haute noblesse, existe en effet plus souvent qu'on y pense chez les plus humbles.

Prenons par exemple les patronymes suivants que je citais dans mes articles précédents :
  • Laborie ou Delaborie : une borie désigne en langage local (Périgord) une exploitation agricole. Ainsi, le Delaborie, est un homme qui jadis venait de ce lieu. De la même manière qu'on a des Rivière, des Dubois, des Dupré, etc.
  • Faure, Farges ou Fargeas désignaient le Forgeron ou la Forge
Mais si on prend le cas de Farges par exemple, il y des lieux qui se nomment Desfarges ou Les Farges. Si on a un patronyme Desfarges, provient-il de Desfarges ou le lieu-dit Desfarges s'appelle-t-il comme cela car un Farges y vivait. Tel est le propos de l'extrait que j'ai publié.

Dans le Sud-Ouest on a une multitude de lieux se terminant par la syllabe AC. Cela provient du latin qui signifiait l'appartenance. Ainsi Magnac signifie "Chez le grand". Dans ce cas la personne a donné son nom au lieu.

Mais l'onomastique ne se limite évidemment pas aux liens pouvant unir les patronymes et les toponymes puisqu'il existe des centaines de noms de personne avec des origines autres : certains désignent un état, comme Lamoureux, Lheureux, Legai, etc. Ou encore une caractéristique Legrand, Lepetit, Leborgne, Legros, Legras, etc. ou Leroux, Lebrun, Leblond, etc..

Mais comment l'onomastique peut aider le généalogiste ? 

Dans un premier temps, cela peut permettre de rattacher les personnes à des lieux. Même si cela peut être assez approximatif, cela permet toutefois de faire des regroupements intéressants. Il y a en effet des marqueurs régionaux forts (les noms finissant en OZ sont souvent des Alpes par exemple), qui peuvent permettre, dans une certaine mesure, de déterminer de quel coin de France provient l'ancêtre recherché.

Ensuite, cela peut donner une idée des patronymes les plus courants localement. Il y a quelques temps, je parlais dans un article d'un patronyme qui sonnait Charentais. Si j'en suis arrivé à cette conclusion, c'est parce qu'à force de fréquenter les archives des villages de mes ancêtres ou de ceux de mon épouse, j'ai fini par me familiariser avec les patronymes locaux.

Enfin, cela peut donner une véritable carte toponymique. Si vous avez des villages qui se nomment Les Farges, Fayemerteau, La Rivière, etc. vous pouvez imaginer qu'il y avait une activité métallurgique jadis. De la même façon si vous avez des lieux comme Le Bois du Pendu ou Le Bois de l'Homme Mort, vous imaginez la terreur de nos ancêtres quand ils allaient y chercher du bois.

Mais vous pouvez aussi vous amuser un peu car des noms rares, outre qu'ils garantissent assez bien un cousinage entre porteurs du même nom, sont de vraies énigmes : pourquoi ai-je donc des ancêtres qui se nommaient Quatreoeufs, Réveillechien, Richeboeuf, Cucul ?! Je pose la question ...

Pour finir sur ce sujet, car il faut bien finir un jour, je me souviens d'un lieu-dit près d'un village en Dordogne nommé "Ecoute s'il pleut" ! Cela ne s'invente pas. Si vous voulez savoir d'où vient ce nom, je vous invite à aller sur le site Rudelin.free.fr qui non seulement en recense quelques uns mais en plus donne l'explication de ce nom si poétique.

Et vous, pratiquez-vous l'onomastique sans le savoir ?

Pour aller plus loin : 


           

2 commentaires:

  1. Je parle justement aujourd'hui d'un ancêtre qui se nomme Beaunez. Une indication sur son physique ?

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  2. Il est presque impossible de savoir pour quelle raison cette personne a été nommée ainsi. En effet, cela peut être car elle avait un beau nez. Au contraire, elle avait peut-être un nez horrible, et par ironie et moquerie on l'a ainsi nommé.
    Mais ce peut-être aussi une déformation d'un mot qui n'a rien à voir mais qui a été transcrit ainsi car mal compris et donc interprété comme tel. On peut imaginer par exemple un enfant "bien né", qui était prononcé "biau né" qui est devenu "beau nez" ...
    Je crains qu'en l'espèce on en soit réduit à des hypothèses ;o)

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