Il y a bien longtemps, lorsque j’étais étudiant, je me suis découvert deux passions, presque en même temps : celle de la physique quantique et celle de la généalogie. Evidemment, il est compliqué de lier les deux car les domaines d’application de ces deux activités sont nettement distincts.
C’est pourquoi, les années passant, j’ai développé mes
compétences en généalogie et ai pu avancer assez significativement sur l’histoire
de ma famille et sur celle de mon épouse. Parallèlement, j’ai tenté de mieux
appréhender les principes de la physique quantique, ce qui n’est pas une
sinécure, même si aujourd’hui j’ai quelques connaissances en ce domaine.
Alors, quel est le lien avec le titre de ce billet ?
Il y a quelques semaines, je regardais une conférence donnée
par l’excellent Etienne Klein, qui abordait un de ses sujets favoris, le temps.
Pour faire simple, il expliquait qu’il y a deux façons de concevoir le temps :
soit de manière cyclique, soit de manière linéaire. Or les principes
fondamentaux de la physique démontrent que le temps ne peut qu’être linéaire,
ce qu’on peut traduire par le fait qu’il existe un principe de causalité :
toute chose a pour origine une cause qui l’a précédée.
Appliqué à la généalogie, cela signifie que si nous sommes
là c’est parce que nous avons des parents et ainsi de suite, à chaque
génération. Bien sûr, les choses se compliquent dans le cas des mariages entre
cousins puisque nous pouvons avoir des ancêtres en double. De même, dans le cas
où les êtres humains sont créés à partir de cellules fécondées in vitro, ces
cellules ne provenant pas nécessairement des parents dits d’adoption, la notion
même de filiation perd son sens traditionnel.
Pourtant, même dans le cas d’une adoption, d’une fécondation
in vitro, chaque être humain a une origine, un événement qui est la cause de
son existence. Le principe de causalité s’applique donc bien, précisément parce
que le temps est linéaire. Dit autrement, nous ne pouvons pas être les parents
de nos parents …
La physique quantique va encore plus loin, faisant monter le
principe de causalité d’un cran dans l’abstrait. L’exemple est donné par une
tasse de café qu’on casse un jour. On peut effacer toutes les traces de ces
dégâts, nettoyer le café qui est tombé, ramasser les éclats de porcelaine, les
recoller parfaitement pour faire en sorte que personne ne puisse savoir que la
tasse a été cassé, voire même mentir en disant que la tasse ne s’est jamais
cassée. Pourtant, ce que dit la physique quantique c’est que, quoiqu’il arrive
dans le futur, quoiqu’on observe dans le futur, l’événement qui est survenu a
existé. En d’autres termes, une fois qu’un événement a existé, il est
impossible de revenir en arrière et de faire en sorte qu’il n’existe pas.
Je sens bien que la majorité des lecteurs de ce billet a
jeté l’éponge car elle se demande où je veux en venir …
Pourtant le lien avec la recherche généalogique est évident :
ce principe montre que même si toutes les traces ont disparu, même si des
témoignages altèrent la réalité, même si la mémoire des faits peut nous
tromper, l’existence de nos ancêtres est un fait qui ne peut être remis en
cause.
Mieux encore, nous pouvons affirmer que nous avons des
ancêtres qui ont existé et qui ont donné naissance à une descendance dont nous
sommes issus.
Alors, pourquoi faire un détour par la physique quantique
pour en arriver à cette conclusion somme toute triviale ? Tout simplement
pour rendre espoir à celles et ceux qui, à un moment de leur recherche, sont
face à un mur. Ainsi, si je n’arrive pas à trouver la trace d’un de mes ancêtres
car il semble être apparu spontanément à une époque, ce que me démontre ce
principe de causalité c’est qu’il est certain qu’il a existé un jour et que
tous les événements qui ont marqué sa vie ont existé.
Cette façon de penser peut redonner espoir à ceux, dont je
fais partie, qui ont dans leur généalogie, un ancêtre né d’un père inconnu. Ce
n’est pas parce que ce père est inconnu qu’il n’existe pas. Il suffirait, dans
l’absolu, de recenser tous les hommes en âge de procréer, vivant dans l’environnement
de la jeune fille séduite pour y retrouver le père recherché. Puis, grâce à
certains indices, on pourrait ne garder dans la liste que quelques candidats
possibles. On pourrait même, par des recherches génétiques sur leurs descendants,
identifier ce père.
Il est stupide de faire des recherches aussi poussées pour
compléter une branche de son arbre, mais ce que nous montre ce qui a été dit
plus haut, c’est que ce père existe, même si nous ne l’avons pas (encore)
identifié …
Par rapport à d’autres domaines de la recherche, c’est une
chance considérable de savoir que cet ancêtre a existé (les chercheurs savent
bien que parfois ils cherchent des années des choses qui, au final, n’existent
pas …).
Partant de ce principe, il faut alors s’armer de courage et
reprendre un à un tous les indices en se disant, une fois encore, que si
ceux-ci existent, ce n’est pas par hasard et qu’ils sont la conséquence d’événements
antérieurs qui ont conduit à leur existence. Il faut donc continuer à chercher
et ne jamais abandonner !
Le principe de causalité appliqué à la généalogie permet d’affirmer
que les ancêtres dont nous ne trouvons pas la trace ont pourtant bel et bien
existé. Tout le travail du généalogiste est donc de rechercher patiemment les
faits qui permettent de retrouver leur trace. Cette démarche historique, au
sens d’Hérodote (« historiè » signifie « enquête » en grec)
est sans doute la plus passionnante des aventures !
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à le partager et le commenter !
Oups !!
RépondreSupprimersi je savais que la physique quantique existait, vous pouvez vous vanter de m'en avoir donné une approche !!
en ce qui concerne le lien avec la généalogie, comme il y a un père inconnu dans une branche de mon arbre, j'adore l'idée de chercher les séducteurs potentiels, sachant qu'il y a éventuellement 2 ou 3 villages concernés ....
Nésida
J'avoue que l'exercice de mêler physique quantique et généalogie était plutôt risqué :-)
SupprimerDans le cas de "ma" fille-mère, le problème est qu'elle vivait à St Etienne en milieu du XIXème siècle, autant dire que les pères potentiels se comptent en centaines ... Mais il y en a un qui existe, c'est la seule certitude que j'ai !
Sans avoir pensé un moment à la physique quantique, je me dis aussi que mon arrière-grand-mère dont je parle dans cet article, http://mageneahistoire.blogspot.fr/2014/02/enfant-assistee.html a eu une mère et un père...Mais à Paris en 1898, la recherche est longue.
SupprimerMerci en tout cas pour cet article qui fait réfléchir sur nos origines.
C'est d'ailleurs ce qui est terrible car on ne peut se contenter de balayer le sujet d'un revers de la main : nos ancêtres existent bel et bien, charge à nous de les retrouver !
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