La lecture des archives paroissiales permet parfois de découvrir des faits qui donnent un éclairage particulier sur la vie de nos ancêtres. En fait, on se rend compte à la lecture des comptes-rendus écrits par les curés que l’état d’esprit de nos ancêtres n’était parfois pas si éloigné du nôtre.
Ainsi, je me souviens d’une histoire qui avait défrayé la chronique il y a quelques années où une
jeune femme enceinte venait de décéder suite à un accident mais que l’enfant qu’elle
portait étant toujours en vie, les médecins avaient décidé de la maintenir
artificiellement en vie jusqu’au terme. Après quelques semaines, la famille a
demandé de tout arrêter et l’affaire en est restée là.
Il y a quelques siècles, la médecine n’était pas
suffisamment développée pour permettre cela mais l’histoire qui suit montre que
la démarche de nos ancêtres était finalement assez proche et pouvait se résumer
en une phrase : la vie à tout prix …
Tout commence à la fin du mois de décembre 1736 dans la
paroisse de Béthisy-Saint-Martin dans l’Oise. Pierre Danvin et sa jeune épouse
Marie Catherine Duchemin, tous deux originaires de la paroisse voisine de
Glaignes sont en visite à Béthisy-Saint-Pierre. Les raisons de ce déplacement
nous sont inconnues mais peut-être s’agit-il de voir de la famille car Marie
Catherine Duchemin, âgée de 19 ans est enceinte et manifestement à un stade
assez avancé.
Les conditions climatiques sont difficiles et c’est sans
doute à cause du froid que Marie Catherine Duchemin tombe gravement malade.
Comme il était d’usage à l’époque, on appelle donc le curé pour qu’il lui donne
le sacrement des malades, plus connu sous le nom d’extrême-onction. C’est chose
faite le samedi 29 décembre alors que le couple se trouve à
Béthisy-Saint-Martin. Malheureusement la jeune femme décède le lendemain tandis
qu’elle est toujours enceinte …
L’acte suivant son acte de décès nous présente alors les
suites de cette affaire :
« Le dimanche trentième décembre mil sept cent trente six a été inhumé dans le cimetière de cette paroisse l’enfant de Louis Pierre Danvin et de défunte Marie Catherine Duchemin, habitants de la paroisse de Glaignes, diocèse de Senlis, lequel enfant a été baptisé le samedi vingt neuvième du même mois sur les deux heures du matin, m’étant transporté en la maison du moulin Marin, paroisse de Saint Martin où était ladite Marie Catherine Duchemin ; le Sieur de la Comptée, chirurgien de la paroisse de Béthisy ayant attendu le moment de la mort de ladite Marie Catherine Duchemin pour tirer l’enfant et l’ayant trouvé plein de vie, nous lui avons donné le sacrement de baptême, en foi de quoi nous avons signé le même jour et an susdit. »
Ainsi, le chirurgien a attendu que la mère décède pour
sortir l’enfant, ce qui n’a pas dû être une chose aisée. Quant aux raisons pour
lesquelles l’enfant a suivi sa mère dans le trépas, on peut imaginer qu’il
était soit prématuré, soit qu’il avait subi un important traumatisme au moment
de sa naissance. Difficile d’en savoir davantage …
La science et l’église ont toutes deux essayé de sauver cet
enfant, même si sa mère venait de décéder. Les raisons qui les ont poussé à
agir ainsi sont sans doute différentes mais on peut cependant imaginer que
cette volonté inconsciente que chacun de nous a de perpétuer notre espèce n’y
est pas étrangère.
Mais la vie reprend ses droits et près d’un an plus tard, le
19 novembre 1737, Louis Pierre Danvin, dont on apprend alors qu’il est âgé de
25 ans et qu’il exerce la profession de marchand chanvrier épouse Marguerite Cadot,
sa cadette d’un an. Le mariage a lieu à Béthisy-Saint-Pierre, là où sa première
épouse et son enfant sont désormais enterrés. On perd alors la trace de ce
couple qui a dû retourner s’installer à Glaignes et, on l’espère pour eux, y
passer une vie paisible …
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