J’évoquais dernièrement ces faux problèmes derrière lesquels les généalogistes débutants peuvent parfois se réfugier pour ne pas pousser plus loin leurs premières recherches. Ce sont des faux problèmes dans la mesure où non seulement ils peuvent être résolus relativement rapidement et simplement mais aussi parce qu’ils tiennent davantage de l’inexpérience que de l’impossibilité technique.
En revanche, il existe des cas où même les généalogistes
chevronnés peuvent être bloqués. Ces difficultés ont ceci de particulier qu’on
ne pense pas qu’elles puissent exister tant qu’on n’y est pas confronté. Dans
mon article précédent j’en répertoriais trois mais il y en a sans doute
davantage :
- - des registres bien tenus peuvent avoir des trous
- - les règles qui régissent notre orthographe actuelle sont récentes
- - les noms de lieux ont changé au cours des siècles
Bien entendu, il est toujours possible de contourner ces
difficultés, au moins partiellement, mais ce n’est pas chose aisée. En
revanche, lorsqu’on réussit à forcer le destin, on a une satisfaction réellement
importante, même si le résultat obtenu (une date, un lieu, un nom) peut sembler
dérisoire en regard du travail effectué. Mais c’est là tout le charme de la
généalogie …
Des registres à trous
Qu’y a-t-il de pire pour un généalogiste que de remonter
sans difficulté dans l’histoire d’une personne sur plusieurs générations et
puis tomber sur un trou !
Ce trou semble exister exprès pour vous embêter : les
registres sont lacunaires (mot savant pour un trou) sur la période précise où
se trouve l’acte de naissance de votre ancêtre … En réalité, il ne faut pas
être à ce point paranoïaque, mais il faut avouer qu’une telle découverte est
très frustrante.
Il y a bien entendu des méthodes pour retrouver l’information
manquante ou en tout cas pour retrouver les éléments qui vous permettront d’aller
plus loin.
Si l’acte introuvable est un acte de naissance, il faudra
commencer par effectuer un relevé exhaustif sur une dizaine d’années avant et
après le trou pour tenter de reconstruire une ou plusieurs familles ayant le
même patronyme que celui de votre ancêtre puis, par de sérieuses analyses,
finir par isoler la famille supposée de cette personne. Bien sûr des
informations peuvent se retrouver dans d’autres actes comme par exemple des
contrats de mariage ou des actes ultérieurs mais il est un fait que l’acte en
question ne sera jamais en votre possession …
S’il s’agit d’un acte de mariage, vous pouvez vous en sortir
avec un éventuel contrat de mariage que vous trouverez chez le notaire. Mais encore
faut-il que contrat de mariage il y ait. Sinon, on peut toujours partir d’une
hypothèse (assez souvent vérifiée dans le passé) qui est que les premiers
enfants d’un couple pouvaient avoir leurs grands-parents comme parrains et
marraines, même s’il ne s’agit pas là d’une loi absolue.
Encore une fois, il faut rechercher tous les éléments
pouvant permettre de retrouver les informations qui manquent tant.
Pour un acte de décès perdu, il faut chercher du côté des
testaments ou des tables de successions car la date de décès y est mentionnée,
mais ce genre de document n’existe pas depuis très longtemps, il faudra donc
rester sur les éventuels testaments pour des décès antérieurs aux années 1700.
Le vrai problème de certains actes de décès réside d’ailleurs davantage dans le
fait qu’ils sont très succincts et ne prouvent pas de manière certaine que la
personne citée est bien celle que vous recherchez.
L’orthographe de nos ancêtres
Il y aurait beaucoup à dire sur la façon dont nos ancêtres
ou dont les personnes des époques anciennes écrivaient. En effet, outre la
graphie qui a évolué avec le temps et qui a eu ses modes, les mots utilisés
étaient parfois différents des nôtres.
Les métiers ont changés, les noms des personnes n’étaient
pas toujours stabilisés et des choses qui semblaient évidentes et implicites à
nos ancêtres nécessiteraient aujourd’hui des explications détaillées.
Et puis la notion même d’orthographe est récente, elle n’a
donc pas de sens pour les gens du XVIIIème siècle.
On se retrouve donc souvent confronté à des difficultés qui
peuvent non seulement nous bloquer mais, plus grave, nous induire en erreur.
Ainsi deux personnes apparemment homonymes sont en réalité issues de deux
familles qui n’ont rien en commun alors qu’on pouvait dans un premier temps les
considérer comme des cousins.
Là encore, l’habitude et un travail rigoureux permettent de
passer outre ce genre de problème.
Les lieux disparus
Il n’y a pas que les noms de familles ou les métiers qui
disparaissent, les lieux peuvent aussi changer ou disparaître.
Ce phénomène concerne surtout les petites paroisses qui ont
disparu faute d’habitants ou qui ont été fusionnées puis ont été renommées lors
de regroupements ultérieurs. J’ai ainsi eu toutes les difficultés à identifier
un lieu appelé « Le Dazac » en Charente. Il s’agissait pourtant un
village rattaché à la commune de Magnac-Lavalette au début du XIXème siècle.
Il y a aussi eu a période Révolutionnaire qui a re-baptisé
républicainement certains lieux, mais cela n’a pas duré et ces communes ou
villages ont retrouvé leur nom d’origine quelques années après …
Pour s’en sortir, il faut plonger dans les cartes anciennes
qui ont été faites à l’époque où ces lieux existaient. On parle souvent des
cartes de Cassini et il est vrai qu’elles sont une très bonne source. Il ne
faut pas non plus négliger les monographies ou les ouvrages d’érudits locaux
sur une région donnée.
Très souvent ces ouvrages décrivent la géographie locale
avec un grand nombre de détails intéressants. D’autant que vous pouvez trouver,
au détour d’une page, la mention d’un de vos ancêtres pour peu que celui-ci ait
eu un rôle important dans sa paroisse ou sa commune. Si vous avez des ancêtres
notables vous y trouverez donc probablement une trace.
Ces quelques exemples montrent qu’il existe de réelles
difficultés en généalogie. Cependant, même si les sources originelles ont été
détruites ou ont disparu, il est souvent possible de retrouver les informations
manquantes en regardant ailleurs. La grande leçon à retenir est donc que lorsqu’on
fait face à une difficulté, il ne faut rester hypnotisé par elle mais regarder
partout autour pour reconstruire les informations manquantes …
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