Lorsqu’en janvier dernier je me suis lancé dans le relevé des registres de baptêmes, mariages et sépultures de Béthisy-Saint-Pierre dans l’Oise, je savais vaguement où j’allais, m’étant fixé le cadre temporel de ces recherches, mais j’ignorais en revanche où cela allait me mener précisément.
Tout d’abord, alors que je pensais m’arrêter, contraint et
forcé par les sources disponibles, en 1617, j’ai découvert que parmi les
ressources en ligne sur Geneanet, il y avait les registres complets de 1587 à
1616 … Cela me permettait donc de faire un nouveau bon dans le passé et,
accessoirement, de trouver les plus anciens actes de baptême de ma généalogie, comme
celui de Bernard Carrier, né le 10 juin 1604 et fils de Jérôme Carrier,
procureur du Roi et Garde des Sceaux de Béthisy, et de Jeanne Bergeron.
Procession de la Ligue en 1590 - Une vision des costumes de l'époque ... |
Ensuite, j’ai découvert plusieurs annotations des curés qui se sont succédés et qui décrivaient ci et là la vie de tous les jours dans leur paroisse. Il y a eu évidemment les grandes campagnes d’abjuration, mais il y a eu les visites de l’Evêque qui ont permis aux adolescents de la paroisse de recevoir leur confirmation.
Mais j’ai surtout pu identifier plusieurs de mes ancêtres et
leur descendance en constatant d’ailleurs que quelques générations plus tard,
il y a eu un nombre assez important de mariages entre cousins ! Mais la
distance entre ces cousins était alors telle qu’il n’était pas nécessaire de
demander une quelconque dispense.
Et puis, comme mon but était de relier entre eux les
différents paroissiens, de mesurer les relations qui existaient entre eux, je
dispose maintenant d’une base assez conséquente puisque sur la période qui va
de 1617 à 1747, j’ai relevé à ce jour 3 457 baptêmes, 858 mariages et 2 328
sépultures.
Un cas pratique est celui de la famille Populaire. J’ai en
effet dans ma généalogie une Marie Populaire qui a épousé Pierre Choron à la fin du XVIème siècle
et qui a eu pour enfant Jean Choron, le sosa 9436/10144 de mes enfants, né le
13 février 1601.
Je sais que Marie Populaire est décédée le 24 mars 1649 à l’âge
de 72 ans (ou environ), ce qui la fait naître vers 1577. Son mari Pierre Choron
étant décédé le 1er mai 1647 à l’âge de 85 ans, il a dû naître vers
1562.
Marie Populaire était âgée de 24 ans ou environ à la
naissance de son fils, elle a donc dû se marier vers 1600.
Ce patronyme étant assez peu courant dans la région, j’ai voulu
en savoir plus. Cela m’a permis de mesurer l’intérêt de ma « base de
données »… En effet, un simple clic et je trouve que quatre filles portant
ce nom sont nées au début des années 1600 (sachant que pour le moment, je n’ai
dépouillé que l’année 1587 et que j’ai survolé le reste de la période 1588-1616),
à savoir :
- Michelle Populaire, née le 30 juillet 1614
- Laurence Populaire, née le 3 octobre 1617
- Catherine Populaire, née le 21 juillet 1621
- Marguerite Populaire, née le 10 avril 1624
Tous ces enfants, sont les filles de René Populaire et d’Hélène
Dubois.
Concernant les parents de ces enfants, je trouve que René
Populaire est décédé le 9 septembre 1625 à l’âge de 52 ans, ce qui le fait
naître vers 1573, tandis que son épouse Hélène Dubois est décédée le 29 mai
1645 à 54 ans, ce qui signifie qu’elle était donc née vers 1591. Après le décès
de son mari, elle s’est remariée avec Nicolas Colas le 5 août 1632.
Par ailleurs, dans les registres de 1587 à 1616, on trouve des enfants
nés d’un mariage entre un René Populaire et une Perette Colas. Mais les
naissances sont antérieures à 1614, ce qui peut laisser penser que René
Populaire s’est marié une première fois avec cette Perette Colas, a eu des
enfants avec elle et qu’il s’est marié ensuite avec Hélène Dubois, après le
décès de sa première épouse, ce qui peut expliquer l’écart d’âge entre le mari
et la femme (18 ans environ).
Toujours est-il que, autant le patronyme Dubois est
relativement fréquent à Béthisy-Saint-Pïerre au début du XVIIème siècle, autant
celui de Populaire est rare. Il semble donc que ce soit René Populaire qui soit
à l’origine des porteurs de ce nom dans cette paroisse !
Mais revenons aux quatre filles.
Michelle n’a pas de postérité sur la paroisse et on perd sa
trace assez vite.
Laurence épouse Crespin Baudequin le 21 juin 1636 et a 8
enfants avec lui entre 1639 et 1653. A noter que deux de ses enfants ont pour
marraine respectivement Catherine Populaire et Marguerite Populaire. Au vu de
la rareté du patronyme, on imagine que ce sont les sœurs de Laurence …
Laurence s’éteindra le 12 avril 1653 à l’âge de 40 ans selon
le curé, mais en réalité à l’âge de 36 ans …
Catherine épouse Denis Colas le 19 février 1645 et a 9
enfants avec lui entre 1645 et 1661. Sachant que les registres sont lacunaires
entre 1662 et 1668, il est possible qu’un autre enfant ait vu le jour … Là
encore, on trouve que Marguerite Populaire a été marraine deux fois.
Catherine mourra le 15 mai 1684, étant veuve de Denis Colas,
à l’âge officiel de 63 ans, pour en réalité un âge de … 63 ans !
Marguerite enfin, la trois-fois-marraine, épouse Noël
Didelet le 11 février 1646 et de cette union naîtront 6 enfants entre 1646 et
1661, avec peut-être d’autres entre 1662 et 1668 … Catherine Populaire est la
marraine d’un de ses enfants.
Marguerite décèdera le 29 avril 1696 étant veuve de Noël
Didelet en premières noces et femme d’Henri Dupuis en secondes noces. L’acte de
décès de Noël Didelet et celui du mariage d’avec Henri Dupuis étant
introuvables, on peut imaginer que ces deux événements se sont produits entre
1662 et 1668. En tout cas selon son acte de sépulture Marguerite est censée
avoir 73 ans à son décès alors qu’elle en avait en réalité 72. On est donc très
proche de la réalité.
On se retrouve donc avec 23 enfants (dont un grand nombre
décèderont en bas âge) à la troisième génération. Notre couple René Populaire
et Hélène Dubois a donc eu au moins 23 petits-enfants, si on admet que quelques
naissances supplémentaires ont pu avoir lieu pendant la période lacunaire de
1662 à 1668.
A ce stade de mes recherches, je n’ai pas poussé mon étude
plus loin car je souhaite d’abord en savoir plus sur le couple René Populaire-Perette
Colas qui a vécu dans les années 1590-1600.
Mais cette ébauche montre tout l’intérêt qu’il y a à
effectuer un relevé systématique des actes de baptêmes, mariages et sépultures d’une
paroisse. Cela permet ensuite de dresser une généalogie descendante pour chacun
des personnages identifiés dans les temps les plus lointains et voir ensuite
les jeux d’alliances entre familles.
Ce travail est rendu possible par le fait que l’ensemble des
informations disponibles offre une vue globale et complète. Il est alors
possible d’établir des liens et des corrélations entre des faits et des
personnes qui ne seraient pas possibles en étudiant les actes de manière
éparse.
Alors, êtes-vous prêt(e) à faire un relevé de paroisse ?
Pour aller plus loin :
Personnellement, ca fait longtemps que j y pense pour plusieurs paroisses mais il faut beaucoup de temps et de patience je dois bien l avouer (:
RépondreSupprimerC'est vrai que c'est une activité qui prend beaucoup de temps.
SupprimerPersonnellement, en moyenne, je traite 2 ou 3 pages de registres par jour. C'est suffisant pour avancer et en même temps pas trop contraignant ...
J'ai commencé à construire l'arbre généalogique de la paroisse de naissance de mon père, à partir du relevé des registres paroissiaux (~1590-1925). C'est passionnant, j'ai moi aussi pu remonter l'ascendance de plusieurs branches de mes ancêtres et mesurer l'ampleur des "cousinages" entre les familles. En ayant commencé voilà 3 ans j'ai aujourd'hui un arbre de près de 18.000 individus, mais je n'en vois pas encore la fin...
RépondreSupprimerEn fait, la vraie frustration vient du fait qu'on est tellement pris par le travail de relevé qu'on n'a plus envie de s'arrêter mais que malgré tout, il arrive un moment où la source se tarit !
SupprimerPar ailleurs une étude sur une longue période permet de mesurer des mouvements généraux comme par exemple le fait que les fonctions importantes étaient aux mains de quelques familles ...
Pour ma part, j'adore ce genre de travail ! J'aime appréhender ainsi des familles en leur entier, baptêmes, mariages, sépultures... Tout se met en place peu à peu comme pour un puzzle. C'est vrai qu'on aimerait pouvoir remonter le temps à l'infini, malheureusement c'est impossible !
RépondreSupprimerC'est vrai qu'il y a un véritable bonheur (que seuls les généalogistes peuvent appréhender je pense ...) qui est d'avoir sous les yeux la totalité des actes bornant la vie de milliers de personnes ayant vécu sur une même paroisse.
SupprimerEnsuite, l'assemblage des différentes pièces est plein de surprises et fait oublier les heures passées à effectuer les relevés !
Je me suis attaquée aux registres de Gurgy, dans l'Yonne. J'ai désormais plus de 10 000 personnes, plus de "300 ans de Gurgy". C'est étrange de voir les liens entre les gens se reconstituer sur plusieurs générations. Assez grisant aussi, et complètement addictif.
RépondreSupprimerCela tient effectivement du puzzle. Un puzzle dont il manquerait systématiquement la dernière pièce : le mariage hors de la paroisse d'une personne pour la rattacher à coup sûr à ses ancêtres.
C'est en réalisant ces relevés que l'on se rend compte que si notre ancêtre, né fin XIXe, était resté là-bas, au lieu de partir se marier à quelques centaines de kilomètres, il aurait plus que probablement épousé un(e) cousin(e) éloigné(e), car tout le monde (ou presque) était apparenté...
Tout à fait d'accord sur le côté addictif de la recherche !
SupprimerEnsuite, j'ai constaté dans la paroisse que j'étudie qu'il y a en gros deux clans qui ne se mélangent pas et qui se marient entre eux. Et ces clans sont socialement distincts : il y a ceux qui ont des offices ou des "vacations" comme on disait à l'époque assez importantes (laboureur, marchand, etc.) et il y a les autres.
Ainsi, le fameux tiers-état n'était pas uniforme du tout et c'est d'ailleurs ce qu'on peut voir au travers des récits sur la Révolution Française.
Pourriez-vous fournir votre adresse électronique afin que je puisse vous contacter en privé ?
RépondreSupprimerBien sûr : olivier.sabot@free.fr
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