mardi 28 janvier 2014

Tel père, tel fils


Cette histoire débute le 6 octobre 1690 dans la paroisse de Saint-Sauveur, une paroisse dont la plus grande part est mangée par la forêt de Compiègne. En effet, à cette date, Sébastien Loyauté et son épouse Antoinette Lafague perdent un enfant, une fille prénommée Nicole.

La petite Nicole quitte ce monde à l’âge de 6 ans et demi et pour le couple c’est un drame car c’est la seconde fois qu’un de leurs enfants meurt (quelques années auparavant, en 1682, c’est la petite Marguerite qui décède à l’âge de 2 ans).

Mais pourquoi parler de ce couple ? Parce que Sébastien Loyauté exerce la profession (si on accepte l’anachronisme) de clerc, c’est-à-dire d’auxiliaire laïc du clergé local mais aussi de maître d’école. C’est donc un lettré qui a une très belle écriture et qui a sans doute une culture assez importante. Ensuite parce que Sébastien Loyauté et son épouse Antoinette Lafague sont mes ancêtres et les sosas 2356 et 2357 de mes enfants.

Carte de Saint-Sauveur et Béthisy-Saint-Pierre


Mais revenons en 1690.

C’est sans doute suite au décès de sa fille que Sébastien Loyauté décide de quitter la paroisse de Saint-Sauveur pour venir s’installer dans celle de Béthisy-Saint-Pierre, sa voisine au sud. Il a alors 39 ans et son épouse 31 ans. Ils arrivent donc avec leurs 4 enfants :

  • Anne, née en 1678
  • Jean Baptiste, né en 1681
  • Nicolas Sébastien, né en 1688
  • Marie Antoinette, née en 1689


Les premières traces tangibles de l’existence de la famille dans la paroisse de Béthisy-Saint-Pierre sont en 1695 où Sébastien Loyauté figue comme témoin lors du mariage de Messire Jean de Lauvenade avec Demoiselle Marie Thérèse de Ménéat.

Maître d'école au XVIIIème - crédit Généalogie Vonflie


Ce clerc est semble-t-il assez efficace si on en croit le nombre assez élevé d’habitants de la paroisse sachant écrire. Et la popularité du nouvel arrivant grandit rapidement car il figure comme témoin d’un grand nombre d’actes et s’il n’est parrain d’aucun enfant naissant dans la paroisse, ses fils et ses filles sont  très souvent sollicités.

Signature de Sébastien Loyauté en 1700


En 1712, il laisse la main à son fils puîné Nicolas Sébastien, qui a alors 24 ans, puisque désormais c’est ce dernier qui occupe la fonction de clerc de la paroisse. Pourquoi n’est-ce pas son frère aîné qui l’occupe ? Tout simplement parce que celui-ci est délà le clerc de la paroisse de Gilocourt, située au sud-est de Béthisy-Saint-Pierre.

Quoiqu’il en soit, ses deux fils sont devenus maîtres d’école, comme lui.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là car au moment où son fils Nicolas Sébastien le remplace à la fonction de clerc de la paroisse, Sébastien Loyauté devient Garde des bois de la forêt de Compiègne (il a alors 61 ans) ! Il faut dire qu’un de ses proches est déjà Garde des plaisirs du Roi … Peut-être a-t-il été nommé à cet office pour ses compétences et sa vie passée à Saint-Sauveur au milieu des bois ? Peut-être a-t-il été « pistonné» par ses proches ?

Petite parenthèse culturelle :
Les Gardes des forêts ou Gardes des bois des forêts étaient censés garder et entretenir les forêts où les nobles chassaient. Dans le cas présent, le Roi avait sa chasse à Compiègne, la fonction avait donc un certain prestige. De manière pratique, le garde pouvait récupérer gracieusement un peu de bois pour son usage personnel, ce qui n’était pas négligeable …
Les Gardes des plaisirs du Roi avaient pour mission de s’assurer qu’il y aurait suffisamment de gibier disponible pour la chasse. C’était donc une fonction très importante et qui supposait une excellente connaissance de la faune locale. Et lorsqu’on sait que Louis XIV et Louis XV étaient de grands chasseurs, on imagine sans peine l’enjeu !

En tout cas, il va garder cette fonction jusqu’à sa mort le 6 février 1728 et devinez qui devient alors Garde de la forêt ? Son fils Nicolas Sébastien
Sans parler d’hérédité, il y a toute de même de curieuses ressemblances entre les carrières du père et celle du fils !

La seule différence est que pendant un temps Nicolas Sébastien Loyauté sera filassier ou chanvrier. En d’autres termes, il a un métier à temps plein et parfaitement en phase avec son temps et son lieu de vie. En effet le nombre d’habitants de Béthisy-Saint-Pierre vivant de la culture du chanvre est incroyable. Pour celles et ceux que ça intéresse, il faut lire l’étude très complète faite par Francis Lavoisier à ce sujet !  

Nicolas Sébastien Loyauté se mariera avec Catherine Cadot le 26 janvier 1712 (année où il deviendra clerc de la paroisse) et aura plusieurs enfants dont Marie Anne, dont je descends et un autre Nicolas Sébastien qui sera aussi non pas clerc, mais Garde des bois de la forêt de Compiègne …

Ce que je trouve d’intéressant dans cette histoire familiale est que le couple d’origine formé par Sébastien Loyauté et Antoinette Lafague s’est très bien intégré dans la paroisse où il est arrivé. Sans doute cela est-il dû à la fonction de clerc du mari.
N’empêche que cette famille a fait souche et qu’elle a eu une nombreuse descendance locale.

Le fait de pouvoir suivre à la trace quelques individus n’a pu être possible que par le relevé systématique de tous les actes disponibles dans les registres de la paroisse de Béthisy-Saint-Pierre. En faisant des tris ciblés dans mes fichiers, je peux lire l’histoire de ces personnes comme dans un livre. Cela m’a d’ailleurs donné l’envie de poursuivre l’aventure en faisant la même chose pour les paroisses avoisinantes : Béthisy-Saint-Martin (où se sont mariés Sébastien Loyauté et Antoinnette Lafague en 1677), Verberie, Néry et Gilocourt. Si je compte 6 mois de dépouillement par paroisse, j’ai du travail pour les 2 ans à venir !


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Pour aller plus loin :


           

2 commentaires:

  1. En effet, merci à toutes les petites mains bénévoles qui font ces relevés. J'ai trouvé des marguilliers de père en fils, un peu moins prestigieux mais là aussi ces hommes signent !

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