mardi 17 septembre 2013

4 mariages et 1 enterrement bis


Il y a deux semaines je parcourais les confins de la Mayenne pour y retrouver les traces du décès de mon ancêtre Louise Lenain. Or, après avoir « bouclé » cette branche provisoirement, j’ai décidé de repartir plus à l’est dans les terres fertiles de l’Oise où une autre branche (paternelle) s’est développée.

Il me restait en effet quelques actes à trouver pour parfaire la génération 7 de cette branche dont le leader est Pierre Rieul Victor Debuire, le sosa 72 de mes enfants.
Parmi ces actes, il y en a un que je n’ai pas encore découvert et qui l’acte de décès de Jean Antoine Barbier (sosa 78), maçon de son état et qui est né le 14 mars 1803 (23 ventôse an XI) à Béthisy Saint Pierre dans l’Oise du mariage de François Barbier, également maçon et Marie Catherine Charlotte Lefevre.

Une Noce chez le photographe.
Pascal Adophe Jean DAGNAN-BOUVERET

© Photo RMN-Grand Palais - R. G. Ojeda


Etant donné que le citoyen Jean Antoine Barbier est né en 1803, il est fort probable que je puisse trouver son acte de décès sur les archives en ligne de l’Oise car celles-ci sont disponibles jusqu’à 1932 pour certaines communes !
Reste à trouver dans quelle commune il a rendu son dernier souffle.

C’est ci que commence mon enquête et les interrogations. Car disons-le tout de suite, à ce jour, je n’ai pas encore trouvé cet acte de décès, mais j’ai en revanche découvert autre chose qui me semble tout aussi important et intéressant …


Le point de départ

Comme souvent, le point de départ est l’acte de naissance du sosa 36, à savoir Agathe Clémentine Barbier qui naît le 5 février 1846 à Béthisy Saint Martin.

Oui, j’ai bien écrit « Béthisy Saint Martin » et pas « Béthisy Saint Pierre ». Les deux communes, anciennement deux paroisses sont disjointes quoique voisines d’environ 2km. La mère d’Agathe est Marie Ismérie Honorine Desain, native de Béthisy Saint Martin, ce qui explique donc pourquoi elle y a épousé Jean Antoine Barbier le 28 décembre 1844 et qu’Agathe y est née.

Seulement voilà, lorsqu’on lit l’acte de mariage de Marie Ismérie Honorine Desain d’avec Jean Antoine Barbier, on y découvre que celui-ci est veuf en premières noces de Marie Louise Julie Caron, décédée à Béthisy Saint Pierre le 17 avril 1835 et en secondes noces de Marie Augustine Desain, décédée à Béthisy Saint Martin le 23 juillet 1844.

Béthisy St Pierre et ses environs - Crédit ViaMichelin


Cette première découverte m’amène plusieurs réflexions :
  • Jean Antoine Barbier s’est déplacé à plusieurs reprises entre Béthisy Saint Martin et Béthisy Saint Pierre, ce qui signifie qu’il devait être assez libre de ses mouvements et donc « prendre » des chantiers non nécessairement situés dans sa commune de résidence
  • Sa seconde épouse se prénommait Marie Augustine et la troisième Marie Ismérie Honorine, de plus elles avaient le même patronyme. Cela montre tout l’intérêt de noter systématiquement tous les prénoms des personnes qu’on découvre au fil de ses recherches !
  • Il ne s’est écoulé que 5 mois entre le décès de sa seconde épouse et son remariage. Le moins qu’on puisse dire est qu’il n’a pas perdu de temps !


Sur les traces de Jean Antoine Barbier

Ayant découvert deux épouses avant l’actuelle, mon travail a été de chercher à en savoir plus sur elles. Aussitôt dit, (presque) aussitôt fait !

Il comme donc par épouser Marie Louise Julie Caron le 12 octobre 1824 à Béthisy Saint Pierre. Jusque là on est dans un fonctionnement « normal », à savoir qu’il épouse une fille de sa commune et qui a sensiblement le même âge que lui puisqu’elle est âgée de 19 ans et lui de 21 ans.

De cette union naîtront 3 enfants :
  • Etienne Antoine Alphonse, le 25 septembre 1826
  • Louise Alphonsine, le 25 août 1827
  • Julie Angélique Delphine, le 2 septembre 1831

Et après ?
Rien car Marie Louise Julie Caron décède le 17 avril 1735 à Béthisy Saint Pierre, à l’âge de 29 ans. Probablement qu’elle est décédée d’une infection car c’est tout de même assez jeune !

Mais avec trois enfants sur les bras qui ont respectivement 8 ans et demi, 7 ans et demi et 3 ans et demi, que faire ? Se remarier, pardi !

Et c’est ainsi que 3 mois après avoir mis sa femme en terre ( !), il épouse le 29 juillet 1835 Marie Augustine Desain, mais cette fois à Béthisy Saint Martin ! Marie Augustine est elle-même native de cette commune et y a vu le jour en 1814, elle a donc 21 ans lors des noces alors que Jean Antoine a lui 32 ans …

Cette union sera fertile car 5 enfants naîtront :
  • Antoine, le 31 mai 1836 à Béthisy Saint Pierre, mais y mourra le 4 juin de la même année
  • Marie Augustine Rosalie, le 4 septembre 1837 à Béthisy Saint Martin, mais y mourra le 16 septembre de la même année
  • Alexis Simon, le 28 octobre 1838 à Béthisy Saint Martin, mais y mourra un an après le 14 octobre 1839
  • Ambroisine, le 24 août 1840 à Béthisy Saint Martin
  • Pierre Antoine, le 17 août 1843 à Béthisy Saint Martin

A ce stade de la vie de Jean Antoine Barbier, il en est à 2 femmes et 8 enfants dont 5 sont toujours vivants en 1843. Mais le destin semble s’acharner sur lui car le 23 juillet 1844, Marie Augustine Desain décède brutalement. Son acte de décès dit effectivement qu’elle a été retrouvée morte dans la commune de Béthisy Saint Martin un soir … Alors ? Crise cardiaque ? Agression ? A ce stade, pas d’information.
Toujours est-il qu’elle quitte ce monde âgée  d’à peine 30 ans, comme celle qui l’avait précédée …


La vie continue

On raccroche les wagons avec mon ancêtre …

En effet, 5 mois après ce décès, Jean Antoine Barbier qui est toujours à Béthisy Saint Martin, épouse Marie Honorine Ismérie Desain qui se trouve être une cousine de celle qui l’a précédée … Notre Jean Antoine a alors 41 ans et son épouse 33 ans puisqu’elle est née le 19 juin 1811 à Béthisy Saint Martin.

Cette union sera de courte durée car deux enfants seulement naîtront :
  • Agathe Clémentine, le 5 février 1846 à Béthisy Saint Martin
  • Henry Maxime, le 15 juillet 1847 à Béthisy Saint Martin

Pourquoi seulement deux enfants ? Tout simplement parce que leur mère décède le 11 avril 1849 audit Béthisy Saint Martin, à l’âge de 38 ans !

Sincèrement, je n’aurais pas aimé être à la place de mon ancêtre qui devait sérieusement se poser des questions sur une éventuelle malédiction le concernant et qui se retrouvait à la tête d’une petite tribu de 7 enfants dont l’aîné avait 23 ans et le petit dernier pas encore 2 ans !


Bis repetitas

Je n’osais y croire et pourtant il l’a fait : Jean Antoine Barbier s’est remarié une quatrième fois ! Cette fois-ci ce sera Catherine Angélique Tourneur, ce sera le 28 janvier 1850, 9 mois après le décès de mon sosa 79 et à Béthisy Saint Pierre.

Retour à la case départ donc, mais avec quelques années de plus puisqu’il a maintenant  47 ans (et sa femme 25 …)

Mais comme Jean Antoine n’épouse pas que pour élever les enfants des autres, il en a 5 avec sa nouvelle épouse :
  • Angélique Olympe, le 17 décembre 1853 à Béthisy Saint Martin (et oui …), mais qui y décède 9 mois plus tard le 4 septembre 1854
  • Cécile Elisabeth, le 11 novembre 1855 à Béthisy Saint Martin
  • Jean Antoine, le 24 avril 1858 à Béthisy Saint Martin, mais qui y mourra le 16 juin de la même année
  • Louis, le 27 septembre 1859 à Orrouy, à environ 3 km de là
  • Angélique , le 3 août 1861 à Orrouy, mais qui y décèdera le 14 août
Pour le moment cela s’arrête là.
Mais à ce stade, Jean Antoine a quand même eu 4 femmes et 15 enfants dont 9 atteignent l’âge adulte.

La lecture des recensements de population d’Orrouy montre qu’en 1872 il habite aux Eluats, un quartier d’Orrouy, qu’il est indigent et qu’il a encore 3 enfants avec lui …


Conclusion, pas définitive

Quelle vie !
Jean Antoine se sera donc pas mal déplacé pour finir sa vie quelque part dans l’Oise, probablement dans un hospice à Compiègne ou à Crépy en Valois, c’est ce qu’il me reste à trouver, car je n’ai pas de trace de son décès à Orrouy …

Mais ce que ces recherches m’ont montré, c’est que les mariages se faisaient souvent par nécessité car j’ai du mal à croire à des coups de foudre à répétition quelques mois après la mort de sa femme ! Et puis, on imagine le qu’en-dira-t-on … Il devait avoir une sacré réputation de barbe-bleue !  Enfin, autre enseignement, nos ancêtres pouvaient se déplacer souvent au cours d’une vie : pas forcément très loin, mais suffisamment pour qu’on perde leur trace …

C’est le relevé systématique des naissances des enfants qui permet d’établir une time-line assez fine dans la mesure où entre 1824 et 1861, il ne s’est pas passé une ou deux années sans qu’un acte marque sa vie, j’ai donc pu suivre sa trace sur près de 37 ans !

A suivre donc, pour qu’après ces 4 mariages, je puisse mettre la main sur son enterrement !


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Pour aller plus loin :

           

9 commentaires:

  1. J'avoue, je suis battue, je n'ai jamais eut plus de 3 mariages pour un ancêtre. Il pourrait être intéressant de faire la généalogie descendante de ce Jean Antoine.

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    1. J'ai effectivement bien envie de le faire surtout qu'il n'est pas trop ancien. Je pense que beaucoup d'hommes sont morts en 14-18 ...

      A suivre !

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  2. Article très intéressant!

    Effectivement, il a eu une drôle de vie. J'espère que vous pourrez retrouver son décès et comme le propose Elodie de faire une généalogie descendante qui doit être des plus intéressantes.

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    1. Merci de ces encouragements !
      Qui sait, peut-être qu'il s'est marié une cinquième fois ...

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  3. Je me demande si une cinquième femme a eu le courage de l'épouser :(
    J'ai un ancetre officiel qui s'est aussi marié 4 fois, la 4ème avec une gamine de 18 ans .... tant qu'à prendre une femme pour les enfants, autant y trouver un intéret supplémentaire, non ? :p

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    1. C'est sans doute la raison pour laquelle ses femmes étaient toutes plus jeunes que lui ...

      Je suis en revanche surpris qu'il ait passé si peu de temps entre chaque cycle décès/mariage ...

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  4. Pour trouver un décès dont on ne connait pas la localité, rien de tel que les tables de successions et absences (série 3Q), mais hélas elle ne sont pas en ligne dans l’Oise.
    Cette table m'a permis de retrouver le décès d'une ancêtre née dans le jura, qui a accouchée à Lyon et ensuite plus rien. Grâce aux tables de successions et absences du jura, j'ai découvert qu'elle était décédée à Paris.
    Toujours grâce à ces tables, j'ai découvert qu'une autre de mes ancêtres était décédée dans un hôpital dans la grande ville voisine.
    Elles permettent aussi d'avoir la liste des héritiers, et d'avoir une idées de la fortune du décédé.

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  5. Merci beaucoup pour cette information.

    N'habitant pas sur place, je pense que je vais commencer par chercher dans les TD en ligne pour les communes avoisinantes ...

    Mais cette piste de la série 3Q est très bonne !

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