Les enquêtes que nous pouvons lire à longueur de journée dans les revues ou les articles indiquent que l'espérance de vie des femmes, en France est supérieure à celle des hommes.
C'est une bonne chose que l'espérance de vie augmente, mais il n'en a pas toujours été ainsi.
Certes, les guerres, les progrès de la médecine, l'alimentation, les moeurs ont sensiblement influencé ces faits, mais qu'en était-il jadis ?
Je ne prétends pas tirer ici des conclusions générales, mais j'ai effectué quelques analyses statistiques sur mes ancêtres. Ce que j'ai découvert est assez surprenant, mais peut finalement s'expliquer assez bien. En revanche, cela m'a rendu humble face à certaines idées reçues que j'avais en tête ...
Le premier constat est que mes ancêtres ne mourraient pas spécialement jeunes puisque de la génération 15 à la génération 7, l'âge moyen de décès est de 62 ans.
Certes de nos jours, mourir à 62 ans, est considéré comme mourir jeune, mais sous l'Ancien Régime, c'était plutôt pas mal.
D'autant que, s'agissant des ancêtres de mon épouse et des miens, ils avaient des occupations très variées, allant de la petite noblesse du Maine au journalier de Corrèze.
Ce petit tableau tord donc le cou à une idée reçue : non, sous l'Ancien Régime, on ne mourait pas à 40 ans ! En fait, je pense que lorsqu'on apprend ce genre de chose à l'école, on oublie de préciser que tout compte dans la mortalité, y compris la mortalité infantile, qui effectivement fait baisser la moyenne de l'espérance de vie moyenne.
Le second constat est que l'âge moyen de décès est étonnamment stable sur près de 250 ans puis commence à augmenter régulièrement à partie du début du XXème siècle. Et malgré les guerres de 14-18 et de 39-45, l'âge moyen de décès n'a cessé de progresser.
J'y vois là l'influence des progrès de la médecine et des conditions de vie généralement meilleures. Dans le cas de mes ancêtres et de ceux de mon épouse, c'est à cette époque où pratiquement plus personne ne travaille aux champs ou n'a d'activité ouvrière. Cela explique donc peut-être cela. Auquel cas il faudrait en conclure que l'embourgeoisement de ces ancêtres à contribuer à rendre leur vie plus longue ?
Voici donc ce que donne l'analyse des décès de mes ancêtres et de ceux de mon épouse sur les mêmes générations que précédemment :
Graphiquement, les résultats obtenus sont encore plus parlants :
On constate que jusqu'à la Génération 7, soit les débuts de la IIIème République, les femmes vivaient en moyenne moins longtemps que les hommes. Cette courbe s'inverse toutefois à partie des années 1875 pour donner une tendance qui nous est désormais plus commune, à savoir que les femmes vivent plus longtemps que les hommes.
Alors pourquoi cette inversion de tendance ?
J'ai donc quatre hypothèses qui, encore une fois, ne concernent que les membres de ma famille :
Le progrès économique a conduit, pour mes ancêtres, à un embourgeoisement net et l'apparition de professions plus "tertiaires" (médecins, professeurs, etc.). En conséquence, une vie moins pénible.
Par ailleurs, cette amélioration de la condition sociale a conduit à moins d'enfants par famille (ce qui se note actuellement dans certains pays en voie de développement), et donc à moins de risques liés aux grossesses et aux accouchements.
Enfin, le progrès économique s'est accompagné depuis la fin du XIXème siècle de progrès fulgurants dans le domaine de la science. J'en veux pour preuve le décès d'un de mes grands-oncles à l'âge de 10 ans, des suites d'une infection ayant dégénérée ou de la mort à 27 ans de l'arrière-grand-père de mon épouse suite à une blessure de guerre en 1915.
Dans les deux cas, ces hommes sont morts du fait de la déficience de la médecine. Aujourd'hui, grâce en particulier à la pénicilline, ils ne seraient pas morts !
Voilà pour une première étude faite à partir de données généalogiques.
Et vous, avez-vous pu constater un phénomène similaire dans votre généalogie ?
Pour aller plus loin :
C'est une bonne chose que l'espérance de vie augmente, mais il n'en a pas toujours été ainsi.
Certes, les guerres, les progrès de la médecine, l'alimentation, les moeurs ont sensiblement influencé ces faits, mais qu'en était-il jadis ?
Je ne prétends pas tirer ici des conclusions générales, mais j'ai effectué quelques analyses statistiques sur mes ancêtres. Ce que j'ai découvert est assez surprenant, mais peut finalement s'expliquer assez bien. En revanche, cela m'a rendu humble face à certaines idées reçues que j'avais en tête ...
1) Première idée reçue : Nos ancêtres mouraient jeunes
L'analyse des décès de mes ancêtres, sur une période qui s'étale de 1646 à 1992 (âge des décès) m'a permis de dresser le tableau ci-dessous :Le premier constat est que mes ancêtres ne mourraient pas spécialement jeunes puisque de la génération 15 à la génération 7, l'âge moyen de décès est de 62 ans.
Certes de nos jours, mourir à 62 ans, est considéré comme mourir jeune, mais sous l'Ancien Régime, c'était plutôt pas mal.
D'autant que, s'agissant des ancêtres de mon épouse et des miens, ils avaient des occupations très variées, allant de la petite noblesse du Maine au journalier de Corrèze.
Ce petit tableau tord donc le cou à une idée reçue : non, sous l'Ancien Régime, on ne mourait pas à 40 ans ! En fait, je pense que lorsqu'on apprend ce genre de chose à l'école, on oublie de préciser que tout compte dans la mortalité, y compris la mortalité infantile, qui effectivement fait baisser la moyenne de l'espérance de vie moyenne.
Le second constat est que l'âge moyen de décès est étonnamment stable sur près de 250 ans puis commence à augmenter régulièrement à partie du début du XXème siècle. Et malgré les guerres de 14-18 et de 39-45, l'âge moyen de décès n'a cessé de progresser.
J'y vois là l'influence des progrès de la médecine et des conditions de vie généralement meilleures. Dans le cas de mes ancêtres et de ceux de mon épouse, c'est à cette époque où pratiquement plus personne ne travaille aux champs ou n'a d'activité ouvrière. Cela explique donc peut-être cela. Auquel cas il faudrait en conclure que l'embourgeoisement de ces ancêtres à contribuer à rendre leur vie plus longue ?
2) Seconde idée reçue : les hommes mouraient plus jeunes que les femmes
On a tous appris que la mortalité infantile avait une influence sur la mortalité des femmes dans la mesure où un grand nombre d'accouchements (par rapport à notre époque ...) signait l'arrêt de mort de la mère. Soit à cause d'hémorragie de l'artère utérine, soit à cause de septicémie liée aux conditions d'hygiène déplorables de l'époque.Voici donc ce que donne l'analyse des décès de mes ancêtres et de ceux de mon épouse sur les mêmes générations que précédemment :
Graphiquement, les résultats obtenus sont encore plus parlants :
On constate que jusqu'à la Génération 7, soit les débuts de la IIIème République, les femmes vivaient en moyenne moins longtemps que les hommes. Cette courbe s'inverse toutefois à partie des années 1875 pour donner une tendance qui nous est désormais plus commune, à savoir que les femmes vivent plus longtemps que les hommes.
Alors pourquoi cette inversion de tendance ?
J'ai donc quatre hypothèses qui, encore une fois, ne concernent que les membres de ma famille :
- je constate qu'à partir de cette époque, les femmes ont en moyenne moins d'enfants, ce qui limite donc les risques de décès post-partum
- par ailleurs, c'est le début de la Révolution Industrielle et c'est l'époque où on note une plus forte migration vers les villes et donc un meilleur accès aux soins
- on note enfin, une amélioration du statut social
- depuis 1870, on a eu trois guerres particulièrement meurtrières, ce qui a contribué à faire diminuer sensiblement l'âge de décès moyen des hommes
3) Troisième idée reçue : le progrès économique a amélioré l'espérance de vie
Pour une fois, je dirais que cette idée reçue, concernant ma famille est vraie.Le progrès économique a conduit, pour mes ancêtres, à un embourgeoisement net et l'apparition de professions plus "tertiaires" (médecins, professeurs, etc.). En conséquence, une vie moins pénible.
Par ailleurs, cette amélioration de la condition sociale a conduit à moins d'enfants par famille (ce qui se note actuellement dans certains pays en voie de développement), et donc à moins de risques liés aux grossesses et aux accouchements.
Enfin, le progrès économique s'est accompagné depuis la fin du XIXème siècle de progrès fulgurants dans le domaine de la science. J'en veux pour preuve le décès d'un de mes grands-oncles à l'âge de 10 ans, des suites d'une infection ayant dégénérée ou de la mort à 27 ans de l'arrière-grand-père de mon épouse suite à une blessure de guerre en 1915.
Dans les deux cas, ces hommes sont morts du fait de la déficience de la médecine. Aujourd'hui, grâce en particulier à la pénicilline, ils ne seraient pas morts !
Voilà pour une première étude faite à partir de données généalogiques.
Et vous, avez-vous pu constater un phénomène similaire dans votre généalogie ?
Pour aller plus loin :
Très intéressant comme étude, cela mériterait également que je le fasse de mon côté.
RépondreSupprimerJe suis curieux de voir le résultat avec mes ancêtres.
Je fais suivre votre article :-)
Oui bonne idée d'article ! Ceci dit, je me suis souvent fait la reflexion moi aussi que mes ancêtres ne mouraient pas forcément trés jeunes en général alors qu'à l'école, on nous répétait sans cesse qu'il était beau de passer 40 ans sous l'Ancien Régime.
RépondreSupprimerMerci pour vos commentaires !
RépondreSupprimerJ'aime bien ces études un peu statistiques qui permettent de mettre en valeur des données qui seraient invisibles sinon.
J'aimerais par exemple faire des stats sur la mortalité infantile, sur les taux de remariage, etc. La liste est presque sans fin. Seul manque le temps !