Un ancien dicton auvergnat dit « Qui prend la fille du voisin en connaît tous les défauts ». En d’autres termes, mieux vaut prendre un conjoint dans sa paroisse ou, à la rigueur dans la paroisse voisine, que dans une paroisse éloignée, au moins on n’a pas de surprise et on sait à qui on a affaire. Et bien que le dicton s’adresse aux hommes, il est également valable pour les femmes.
Pourtant, lorsque Perette
Chevalier a été en âge de se marier, c’est à Louvres-en-Parisis à plus de
40 de nos kilomètres qu’elle a été trouver son époux. A moins que ce ne soit l’inverse
puisqu’Antoine Brimont est venu à Béthisy-Saint-Pierre pour les épousailles.
D’Anthoine Brimont on ne connaît pas grand-chose si
ce n’est qu’il a dû naître quelques années avant l’an 1600. Quant à Perette Chevalier, elle est née à Béthisy vers 1594 du mariage d’Adrian Chevalier et d’Adrienne Thomas et sa famille est déjà implantée
depuis des années à Béthisy-Saint-Pierre. Aussi il n’est pas étonnant que ces
deux jeunes personnes s’épousent en face d’église le 27 janvier 1620 dans l’église
paroissiale de Béthisy-Saint-Pierre.
Il semble qu’au début de cette union tout se passe bien,
même s’il faut attendre le 15 février 1623 pour qu’un petit François naisse. Son parrain est Albin Domont et sa marraine est demoiselle Louise Le Caron, la
fille de noble homme Jacques Le Caron.
Malheureusement le nourrisson décède quelques jours plus tard.
Peut-être est-ce à ce moment qu’Anthoine Brimont devient violent avec son épouse, lui reprochant
peut-être une certaine infertilité ? Il doit se dire qu’il aurait mieux
fait de prendre une épouse dans sa paroisse … De son côté Perette Chevalier qui
approche de la trentaine est sans doute désespérée car elle n’a toujours pas pu
donner d’enfant à son mari, et elle découvre peut-être à ce moment-là la
violence de son mari …
Le drame se produit peu de temps après le décès du petit François. Sans doute à la suite d’une
dispute, dans un mouvement de colère, Anthoine
Brimont s’empare d’un pot de grès et
le lance en direction de son épouse, l’atteignant à la tête.
Le choc est si violent que Perette Chevalier s’effondre
par terre, saignant abondamment de la tête. Il faut que des voisins, alertés
par les cris, arrivent pour tenter de redresser ladite Perette mais le traumatisme est tel que peu de temps après, le 2
août 1623, elle décède. Elle avait 29 ans.
Les suites de cette affaire tragique ne sont pas connues,
mais ledit Brimont quitte la
paroisse de Béthisy-Saint-Pierre et on ne l’y reverra plus jamais. Sans doute
aura-t-il refait sa vie ailleurs, à moins que la justice ne l’ait rattrapé et qu’il
ait été condamné à quelque peine …
Le fait que le curé de la paroisse ait décrit les
circonstances de la mort de Perette Chevalier indique clairement qu’il ne s’agissait
pas d’un accident. Son mari est nommément cité comme étant à l’origine de la
mort de son épouse. Seule la raison de ce geste n’est pas indiquée. Mais il s’agit
là indéniablement d’un acte de violence conjugale.
Si cet article vous a plus, n’hésitez
pas à le commenter et à le diffuser !
Très bon article, surtout que nous avons peu de données sur la violence conjugale avant le XIXème siècle...Vous n'avez pas retrouvé quelque parent de l'indigne mari?
RépondreSupprimerNon, car je travaille sur la paroisse de Béthisy Saint Pierre et pas celle de Louvres. Mais, si j'ai le temps un jour (!), je me plongerai dans les archives judiciaires pour tenter d'en savoir plus sur cette affaire ...
Supprimer