Si 1792 est une date importante en généalogie car c’est là que démarrent les tables décennales et que les registres d’état-civil sont complètement entrés en vigueur, il existe une autre date moins connue qui est 1668.
Vous avez sans doute remarqué que cette date signe souvent
les plus anciens registres paroissiaux disponibles, ce qui est somme toute
assez frustrant dans la mesure où, une fois lancé sur une piste prometteuse, on
se retrouve bloqué à cette date fatidique.
C’est une date d’autant plus étonnante que tout généalogiste
qui se respecte sait qu’en 1539, l’Edit de Villers-Cotterêts ordonne la tenue
des registres de baptêmes dans tout le royaume. Alors pourquoi n’avoir que si
peu de documents de cette époque ?
Selon moi, il y a en fait 3 raisons.
Premièrement, les actes datant de 1539 ou des années qui
suivent sont rares car il s’est passé du
temps entre leur rédaction et maintenant, et de nombreux événements peuvent avoir
été à l’origine de leur disparition : négligence, incendie, inondation,
rats, guerres, etc..
Ensuite, les registres étaient censés être rédigés sur
papier. Cette matière aujourd’hui banale
était très chère à l’époque et les paroisses n’avaient ni les moyens, ni l’envie
de dépenser de l’argent pour acheter de tels registres.
Enfin, le niveau d’éducation des curés anciens n’était pas forcément très élevé
et sans aller jusqu’à dire que certains d’entre eux étaient illettrés, ceux-ci
n’avaient pas la culture nécessaire à la rédaction et à la tenue des registres
en question.
Même si l’ordonnance Blois de 1579 et la mise en place du
Rituel Romain par le Pape Paul V en 1614 ont permis de faire progresser les
choses, il faut attendre 1668 pour que les choses bougent vraiment. Mais
pourquoi 1668 ?
Tout simplement parce que c’est la période à laquelle le Roi
Louis XIV commence son règne personnel
et qu’il met en place le « Code Louis », précurseur du Code Civil, en
1667. Ce code précise que désormais les baptêmes, mariages et sépultures
doivent être tenus en 2 exemplaires, un restant à la cure (la minute) et l’autre
partant au greffe du Tribunal Royal (la grosse).
Louis XIV ayant réorganisé le royaume il avait les moyens de
sa politique et il est clair que désormais les curés ne pouvaient plus être
aussi négligents qu’autrefois. Par ailleurs, le niveau moyen des curés
progresse et désormais, ce sont des personnes éduquées qui tiennent les cures.
On doit donc à la volonté de Louis XIV et à son ordonnance
de 1667, qui entrera en application entre 1668 et 1669, de disposer de
registres complets depuis cette période. Cette date a donc une explication
mais, comme je le disais en introduction, on peut regretter que tout cela n’ait
pas commencé plus tôt, ce qui nous aurait permis de remonter plus loin dans le
temps dans un grand nombre de cas.
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Merci pour cet article très intéressant et qui complète celui du dernier numéro de la RFG et les grandes dates de l'état civil.
RépondreSupprimerEn plus, il tombe à point nommé pour l'article que j'étais en train d'écrire à propos d'un registre de 1668 !
Je promets de ne pas l'avoir fait exprès ;-)
SupprimerUne belle lecon d histoire (:
RépondreSupprimerQui montre que lorsqu'on creuse un peu on obtient des réponses à des questions parfois déroutantes !
SupprimerC'est pour cela que je lie très souvent histoire et généalogie ...
Excellente piqûre de rappel !
RépondreSupprimerprincipes à adapter pour des provinces rattachées plus récemment, comme la Savoie, où les règles de l'état civil sont rappelées sur le site des AD 73.
Latin de rigueur, dont une partie du 19e, français lorsque le département du Mont Blanc existait, et tables décennales à partir de 1842,
Dans l'attente de vos autres billets
Nésida
C'est vrai que j'aurais dû préciser que tout ceci ne s'applique dans les limites du Royaume de Louis XIV ... Les autres coins de France ont eu des adaptations plus tardives.
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