jeudi 25 octobre 2012

Les Registres de Matricules : une source à exploiter


Lorsque l'on recherche des informations autres que celles données dans les registres d'état-civil, on a finalement pas beaucoup de choix.

En effet, la photographie date des années 1850 et jusqu'au début du XXème siècle peu de monde y avait accès. Il y a aussi les documents notariaux qui donnent une idée plus complète du patrimoine de nos ancêtres. On trouve également des informations intéressantes dans les registres d'écrous, mais encore faut-il avoir un ancêtre criminel, ce qui est somme toute assez rare ...


Mais les Registres Militaires, même s'ils ne concernent que les hommes sur une période assez "limitée" allant du milieu du XIXème siècle à nos jours, donnent finalement plusieurs informations très intéressantes sur ces personnes.

C'est ainsi que j'ai retrouvé il y a peu dans le Registre de Matricule de la Sarthe, des informations étonnantes sur un de mes ancêtres Pierre Louis François Vautier.

Pierre Louis François Vautier est né le 24 septembre 1859 à Assé-le-Boisne dans la Sarthe du mariage de Pierre Louis François Vautier (porter le même prénom que son père était assez commun, mais les trois mêmes prénoms l'était beaucoup moins !) avec Mélanie Houssemaine.

C'est une famille bourgeoise du nord de la Sarthe qui donne une bonne éducation à ses enfants, au point que Pierre Louis François fils devient clerc de notaire.

A l'âge de 20 ans, en 1879, le tirage au sort lui offre la possibilité de faire son service militaire ... Il est cependant relativement chanceux dans son malheur car en cette année 1879, la France n'est pas en guerre et il ne risque donc pas d'aller se battre.

Là où les registres militaires sont utiles c'est qu'ils donnent une description physique de la personne.


Ainsi, Pierre Louis François fils est-il châtain, aux yeux gris, disposant d'un front "normal", d'un nez "moyen", d'une bouche "grande", d'un menton "rond" et d'un visage également "rond".
On apprend aussi qu'il mesure 1m69 ! Ce qui est petit pour notre époque, mais qui semble être dans la moyenne en 1879.

Chose étonnante pour nous, il est également précisé dans les registres antérieurs à 1879, le culte pratiqué par la personne !

On a donc une description physique assez complète car (ce n'est pas le cas pour mon ancêtre) sont également notées les éventuelles infirmités de la personnes qui sont à l'origine de sa réforme.

Mais on dispose également d'éléments plus "cognitifs" puisque le niveau d'instruction générale est noté. Dans le cas de Pierre Louis François, il a la note de 3, ce qui est finalement assez étonnant au vu de sa profession.

En effet, la circulaire du 23 novembre 1872 qui définit les niveaux d'instruction donne :
  • 0 : ne sait ni lire ni écrire
  • 1 : sait lire seulement 
  • 2 : sait lire et écrire 
  • 3 : possède une instruction primaire plus développée 
  • 4 : a obtenu le brevet de l’enseignement primaire 
  • 5 : bachelier, licencié, etc. (avec indication de diplôme)
Cela me fait penser qu'il serait sans doute intéressant (mais cela a sûrement été fait) de mener une étude statistique sur une classe d'âge donnée pour connaître le niveau d'instruction général des hommes par région ...

Ensuite, est retracée sa carrière militaire :
  • 13 Novembre 1880 : départ pour le 120ème Régiment d'Infanterie 
  • 14 Novembre 1880 : arrivé au Corps comme appelé
  • 21 Octobre 1881 : Caporal
  • 23 Mai 1882 : Sergent
  • 11 Juin 1882 : Sergent Fourrier
  • 26 Septembre 1883 : Sergent Major
  • 11 Août 1884 : en congés
  • 1er Juillet 1885 : passé dans la Réseve
  • 1er Février 1891 : Lieutenant dans la Réserve
  • 1er Novembre 1895 : libéré définitivement

Si on met de côté les 10 ans passés dans la Réserve, Pierre Louis François fils aura quand même donné 4 ans de sa vie à l'armée ! On imagine sans peine que sur 14 ans de service militaire, la probabilité d'être appelé en cas de conflit était donc élevée.

Je note qu'il s'est marié le 28 avril 1887 avec Ernestine Léontine Decongé, soit 3 ans après avoir terminé son service actif. La période de 4 ans passée en caserne explique peut-être son mariage "tardif" à l'âge de28 ans ?


Pour conclure, je dirais que comme souvent hélas, je trouve ces documents tellement intéressants et instructifs que je regrette qu'il ait fallu attendre le XIXème siècle pour qu'ils soient mis en place. Imaginez en effet si ces documents avaient existé dès le XVIème siècle ! On aurait une description physique détaillée ainsi qu'une idée du niveau de connaissance de tous nos ancêtres masculins ...

Accessoirement, ces informations peuvent également permettre de trouver des informations d'état-civil sur un ancêtre du XIXème siècle comme sa commune de naissance ou le nom de ses parents ... J'ai même vu des informations relatives au mariage du soldat sur ces documents, ce qui peut être utile pour trouver la commune de son union surtout quand elle est différente de son lieu de résidence !

Et vous avez-vous eu l'occasion de retrouver ce genre d'information sur vos ancêtres ?

Pour aller plus loin : 


           

4 commentaires:

  1. Avant les registres matricules, on trouve (depuis le XVIIIe siècle), les registres de contrôles de troupes qui sont conservées au Service historique de la Défense à Vincennes. Il est question qu'elles soient numérisées...
    L'inconvénient de ces documents, c'est qu'ils fonctionnent pas unité et qu'il faut donc connaître celle à laquelle appartenait la personne recherchée.

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    1. Bonjour et merci pour cette information intéressante que j'ignorais !
      Mais ces informations concernent-elles les hommes de troupes ?
      Par ailleurs, la conscription date du début du XIXème siècle si je ne trompe pas, ce qui signifie qu'auparavant il y avait uniquement des "volontaires" ...
      Enfin, je me souviens avoir vu des photographies des années 1850 où on voit des Médaillés de Sainte-Hélène, cette décoration ayant été donnée aux anciens combattant de l'épopée Napoléonienne encore en vie au début du Second Empire (ce qui concernait en fait peu de monde ...) : j'imagine qu'il existe quelque part un registre des personnes ayant reçu cette décoration ?

      Encore merci pour ce complément d'information en tout cas !

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  2. Il y a le site "les médaillés de Sainte Hélène", il suffit de taper le nom. Il y a aussi "Léonore", qui recense les récipiendaires de la Légion d'Honneur (très complet avec documents annexes !)

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    1. Bonjour Virginie,

      Merci pour ces informations intéressantes ! Je suis cependant frustré car la Sarthe fait partie des quelques départements français non encore dépouillés pour les Médaillés de Sainte-Hélène et je n'ai par conséquent pas trouvé de trace de Pierre Vautier, grand-père de Pierre Louis François cité dans l'article dans les récipiendaires de cette décoration.
      Je pense cependant qu'il a dû l'avoir car le seul critère était d'être toujours vivant en 1857 (outre celui d'avoir participé aux campagnes napoléoniennes).
      Patience donc ...

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