La question peut paraître saugrenue mais pourtant il s'agit d'une méthode
que j'utilise régulièrement lorsque je suis bloqué dans une branche.
En fait, tant que l'on trouve des actes de naissance, de mariage ou de décès complets indiquant l'origine des personnes concernées, tout va bien. Le problème se pose lorsque l'on trouve des actes réduits à leur plus simple expression comme j'en ai parfois trouvé au milieu du XVIIème siècle du type "ce jour X a épousé Y".
Alors comment faire pour retrouver l'origine des personnes ?
Il existe une méthode que j'ai pratiquée il y a déjà fort longtemps, à l'époque où internet balbutiait et où il fallait optimiser ses recherches aux Archives Départementales.
Pour cela il faut seulement une carte ... et de la patience !
Il est né le 17 juin 1774 à Saint-Léonard-des-Bois dans la Sarthe du mariage de Charles Houssemaine avec Julienne Soyer.
Son acte de baptême est assez lapidaire :
Si maintenant, on avance dans le temps, on trouve en 1779, le décès de Julienne Soyer à l'âge de 36 ans :
Et celui de Charles Houssemaine 3 ans plus tard, à l'âge de 42 ans :
Cela nous donne une date approximative de naissance pour Julienne Soyer de 1743 et de 1740 pour Charles Houssemaine. En supposant que Julienne Soyer se soit mariée à 15 ans, cela signifie que leur mariage a donc eu lieu quelque part entre 1758 et 1773 (9 mois avant la naissance de notre point de départ ...).
Mais nous sommes bloqués car rien de tel n'apparaît sur les registres de Saint-Léonard-des-Bois sur cette période.
En revanche, on note que si le nom de Houssemaine est "fréquent", celui de Soyer est très rare. Cela signifie donc que Julienne Soyer n'est pas de cette paroisse, mais de laquelle ?
C'est ici qu'intervient l'escargot !
Grâce à Google Maps, plus besoin de disposer de dizaines de cartes d'état-major. On entre le nom de la commune et on a la carte ! La seule difficulté étant parfois l'orthographe des lieux, mais là encore internet peut nous aider avec les listes des communes par département ou les monographies locales.
Première étape, identifier les communes avoisinantes.
On a ici, dans un rayon de 10 km environ les communes suivantes :
Dans un premier temps, cela fait donc 7 communes/paroisses qui entourent notre paroisse de référence. Le problème dans notre cas est que Saint-Léonard-des-Bois est à la frontière des départements de la Sarthe, de l'Orne et de la Mayenne ! Il y a donc des chances que l'on soit obligé de faire des recherches dans ces trois départements.
On imagine sans peine l'intérêt majeur de la numérisation des archives dans un pareil cas !
Seconde étape, classer les communes à fouiller en fonction de leur distance à la commune de référence.
Il ne s'agit pas de faire un calcul au millimètre, mais de déterminer quelle est la commune la plus proche de celle qui sert de point de départ.
La commune la plus proche est Saint-Céneri-le-Gerei. Le fait que cette commune ne se trouve pas dans la Sarthe ne pose pas de problème car les départements étant une création récente, nos ancêtres n'en avaient pas connaissance.
Par ailleurs, le fait de partir de la commune la plus récente se justifie par cette idée que si un des deux conjoints provient de très loin, cela semble tellement particulier au curé que celui-ci a des chances de le noter. Bien entendu, il ne s'agit pas là d'une règle absolue ...
Troisième étape, tracer un chemin de recherche en forme d'escargot (c'est ici que le gastéropode intervient !).
Pour cela on part de la commune la plus proche et on tourne dans le sens où on veut. Personnellement, je pars dans le sens des aiguilles d'une montre, mais chacun est libre de procéder selon ses envies !
On commence donc ses recherches sur la paroisse de Saint-Céneri-le-Gerei dans l'Orne, puis on revient dans la Sarthe à Moulins-le-Carbonnel, etc.. Si on a épuisé toutes les paroisses environnantes, on continue en élargissant le cercle des recherches.
Dans le cas précis de mes recherches, en appliquant cette méthode, j'ai obtenu les résultats suivants :
Je pense que tous les généalogistes qui liront cet article comprendront la joie lorsque j'ai trouvé cet acte, extrêmement complet et qui m'a permis de faire un bond dans le passé !
Plus sérieusement, cette méthode, pour efficace qu'elle soit est pour le moins longue et chronophage ! Par ailleurs, le résultat n'est pas garanti car si une des paroisse étudiée présente des lacunes dans ses registres, l'absence d'acte ne signifie pas grand chose.
Cela dit, cette méthode peut évidemment s'appliquer pour les actes notariés, en utilisant les lieux de résidence des notaires.
Enfin, il y a moyen de faire plus court, en cherchant des arbres déjà étudiés sur internet. C'est pour moi le dernier recours ! La recherche directe par soi-même est beaucoup plus passionnante, surtout si on prend le temps de bien lire les actes, car on découvre un nombre d'anecdotes extraordinaire sur la vie de nos ancêtres, et cela n'a pas de prix !
Et vous, quelle méthode appliquez-vous pour trouver un acte en partant de rien ?
Pour aller plus loin :
En fait, tant que l'on trouve des actes de naissance, de mariage ou de décès complets indiquant l'origine des personnes concernées, tout va bien. Le problème se pose lorsque l'on trouve des actes réduits à leur plus simple expression comme j'en ai parfois trouvé au milieu du XVIIème siècle du type "ce jour X a épousé Y".
Alors comment faire pour retrouver l'origine des personnes ?
Il existe une méthode que j'ai pratiquée il y a déjà fort longtemps, à l'époque où internet balbutiait et où il fallait optimiser ses recherches aux Archives Départementales.
Pour cela il faut seulement une carte ... et de la patience !
Le point de départ
Le point de départ de la recherche est l'acte dont on dispose. Prenons par exemple, Michel Houssemaine, un de mes ancêtres.Il est né le 17 juin 1774 à Saint-Léonard-des-Bois dans la Sarthe du mariage de Charles Houssemaine avec Julienne Soyer.
Son acte de baptême est assez lapidaire :
On ne sait donc pas grand chose sur la famille de Michel Houssemaine et lorsque l'on remonte le temps à Saint-Léonard-des-Bois, on ne trouve pas de trace du mariage de ses parents.Le dix sept juin mil sept cent soixante quatorze est né et le même jour par nous curé soussigné a été baptisé Michel issu du légitime mariage de Charles Houssemaine, bordager, et de Julienne Sohyer.
Le parrain a été Michel Denise, la marraine Anne Anguillé, le père absent, le parrain seul sait signer et a signé avec nous
M DENISE
Si maintenant, on avance dans le temps, on trouve en 1779, le décès de Julienne Soyer à l'âge de 36 ans :
Le douze octobre audit an (1779) est morte Julienne Soyer, âgée de trente six ans, femme de Charles Houssemaine, cloutier, et le quatre son corps a été inhumé dans le cimetière de cette paroisse par nous curé en présence de son mari, des Guillaume, René et Pierre les Houssemaine, beau-frères, de sa mère et de Marie Corbeau sa cousine qui ne signe fors les soussignés.
Et celui de Charles Houssemaine 3 ans plus tard, à l'âge de 42 ans :
Le dix sept novembre audit an (1782) a été inhumé dans le cimetière de cette paroisse par nous vicaire soussigné, le corps de Charles Houssemaine, décédé d’hier, veuf en premières noces de Julienne Soyé et marié en secondes noces à Catherine Fortin, âgé d’environ quarante deux ans, en présence de René et Guillaume Houssemaine, ses frères, de Marin François le Chapt, qui ont signés avec nous et de Gervais Soyé son beau-frère qui a déclaré ne savoir signer enquis.
Quatre mots en interligne approuvés ;
R HOUSSEMAINE
G HOUSSEMAINE MARIN FRANCOIS LE CHAPT
Cela nous donne une date approximative de naissance pour Julienne Soyer de 1743 et de 1740 pour Charles Houssemaine. En supposant que Julienne Soyer se soit mariée à 15 ans, cela signifie que leur mariage a donc eu lieu quelque part entre 1758 et 1773 (9 mois avant la naissance de notre point de départ ...).
Mais nous sommes bloqués car rien de tel n'apparaît sur les registres de Saint-Léonard-des-Bois sur cette période.
En revanche, on note que si le nom de Houssemaine est "fréquent", celui de Soyer est très rare. Cela signifie donc que Julienne Soyer n'est pas de cette paroisse, mais de laquelle ?
C'est ici qu'intervient l'escargot !
L'escargot arrive ...
Commençons par regarder la carte des lieux.Grâce à Google Maps, plus besoin de disposer de dizaines de cartes d'état-major. On entre le nom de la commune et on a la carte ! La seule difficulté étant parfois l'orthographe des lieux, mais là encore internet peut nous aider avec les listes des communes par département ou les monographies locales.
Première étape, identifier les communes avoisinantes.
On a ici, dans un rayon de 10 km environ les communes suivantes :
- Gesvres (Orne)
- Saint-Pierre-des-Nids (Orne)
- Saint-Céneri-le-Gerei (Orne)
- Moulins-le-Carbonnel (Sarthe)
- Assé-le-Boisne (Sarthe)
- Sougé-le-Ganelon (Sarthe)
- Saint-Paul-le-Gaultier (Sarthe)
Dans un premier temps, cela fait donc 7 communes/paroisses qui entourent notre paroisse de référence. Le problème dans notre cas est que Saint-Léonard-des-Bois est à la frontière des départements de la Sarthe, de l'Orne et de la Mayenne ! Il y a donc des chances que l'on soit obligé de faire des recherches dans ces trois départements.
On imagine sans peine l'intérêt majeur de la numérisation des archives dans un pareil cas !
Seconde étape, classer les communes à fouiller en fonction de leur distance à la commune de référence.
Il ne s'agit pas de faire un calcul au millimètre, mais de déterminer quelle est la commune la plus proche de celle qui sert de point de départ.
La commune la plus proche est Saint-Céneri-le-Gerei. Le fait que cette commune ne se trouve pas dans la Sarthe ne pose pas de problème car les départements étant une création récente, nos ancêtres n'en avaient pas connaissance.
Par ailleurs, le fait de partir de la commune la plus récente se justifie par cette idée que si un des deux conjoints provient de très loin, cela semble tellement particulier au curé que celui-ci a des chances de le noter. Bien entendu, il ne s'agit pas là d'une règle absolue ...
Troisième étape, tracer un chemin de recherche en forme d'escargot (c'est ici que le gastéropode intervient !).
Pour cela on part de la commune la plus proche et on tourne dans le sens où on veut. Personnellement, je pars dans le sens des aiguilles d'une montre, mais chacun est libre de procéder selon ses envies !
On commence donc ses recherches sur la paroisse de Saint-Céneri-le-Gerei dans l'Orne, puis on revient dans la Sarthe à Moulins-le-Carbonnel, etc.. Si on a épuisé toutes les paroisses environnantes, on continue en élargissant le cercle des recherches.
Dans le cas précis de mes recherches, en appliquant cette méthode, j'ai obtenu les résultats suivants :
- première paroisse étudiée Saint-Céneri-le-Gerei entre 1758 et 1773 : rien
- seconde paroisse étudiée Moulins-le-Carbonnel entre 1758 et 1773, en 1764, j'ai trouvé ça :
Le dix neuvième jour de juin l’an mille sept cent soixante quatre, après la cérémonie de fiançailles et la publication des bans par trois dimanches consécutifs, tant aux prônes de nos messes paroissiales qu’à celles de la paroisse de Saint Léonard des Bois, sans aucun empêchement civil ou canonique venu à notre connaissance, comme il nous l’a paru par le certificat du sieur curé dudit Saint Léonard en date du quinze juin présente année, signé L G Lanos, curé de Saint Léonard des Bois avec paraphe, nous prêtre vicaire soussigné, suivant les rites de la Sainte Eglise, avons donné la bénédiction nuptiale
Savoir à Charles Houssemaine, fils âgé de vingt cinq ans, demeurant à Saint Léonard des Bois et cloutier de son métier, lequel est né du légitime mariage de Charles Houssemaine et de défunte Anne Le Camus, dudit Saint Léonard
Et de Julienne Soïer, fille âgée de vingt cinq ans originaire de cette paroisse, née du légitime mariage de défunt Louis Soïer et de Julienne Marchand, ses père et mère.
Ledit époux accompagné de Charles Houssemaine son père, de Thomas Le Camus son oncle maternel, de Jean Burin aussi son oncle maternel, de Pierre et Michel les Houssemaine, ses frères et autres parents.
Ladite épouse accompagnée de Julienne Marchand sa mère, de Louis et Gervais Soïer ses frères, de Renée Soïer sa sœur, Marin et Jean les Marchand ses oncles et autres parents qui ont déclaré ne signer sous les soussignés.
En présence en outre de François Lamarc, Denis et Jean Lepère, et Jacques Leroux, témoins requis et appelés qui ont aussi signé avec nous.
CHARLES HOUSSEMAINE
C HOUSSEMAINE T LE CAMUS
J BURIN M DENISE LOUIS SOIER
MARCHAND JN MARCHAND LAMARE
MARIE MAGDE LE CAMUS
Je pense que tous les généalogistes qui liront cet article comprendront la joie lorsque j'ai trouvé cet acte, extrêmement complet et qui m'a permis de faire un bond dans le passé !
Que conclure ?
Une première conclusion humoristique dirait que si j'avais pris le parti de démarrer dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, j'aurais passé beaucoup plus de temps !Plus sérieusement, cette méthode, pour efficace qu'elle soit est pour le moins longue et chronophage ! Par ailleurs, le résultat n'est pas garanti car si une des paroisse étudiée présente des lacunes dans ses registres, l'absence d'acte ne signifie pas grand chose.
Cela dit, cette méthode peut évidemment s'appliquer pour les actes notariés, en utilisant les lieux de résidence des notaires.
Enfin, il y a moyen de faire plus court, en cherchant des arbres déjà étudiés sur internet. C'est pour moi le dernier recours ! La recherche directe par soi-même est beaucoup plus passionnante, surtout si on prend le temps de bien lire les actes, car on découvre un nombre d'anecdotes extraordinaire sur la vie de nos ancêtres, et cela n'a pas de prix !
Et vous, quelle méthode appliquez-vous pour trouver un acte en partant de rien ?
Pour aller plus loin :
C'est la méthode de l'expérience en effet, lorsqu'aucune indication d'origine de l'époux n'est indiqué dans l'acte de mariage ou de sépulture .
RépondreSupprimerPour essayer d'éviter l'escargot, je fais une recherche sur la famille et quelquefois dans les actes concernant les proches, des indications peuvent être fournies. C'est le cas notamment si les parents décèdent dans la paroisse des enfants, ou si un oncle est dans le coin.
Merci pour le détail de la méthode en tout cas.
Bonnes recherches en ce grand WE qui s'annonce :-)
Benoît
Http://mesracinesfamiliales.blogspot.com
En fait, je combine cette méthode avec d'autres car comme à chaque fois, une méthode seule n'est pas très efficace. De plus, même si je prends un réel plaisir à lire les registres, parfois il faut quand même avancer ... On a qu'une vie !
SupprimerC'est vrai que les proches fournissent souvent de bons indices ...
Merci pour ce partage d'expérience Olivier ! Les actes d'ancien s régimes me posent souvent des problèmes à cause de ce manque d'informations. Je vais appliquer votre méthode même si en Belgique nous n'avons pas la chance d'avoir les actes numérisés !
RépondreSupprimerBon week-end
Fred
Bonjour,
RépondreSupprimerIl est plus rapide d'étudier avant les voies de communication et de les suivre.Les cartes de Cassini vous y aideront. Si 2 villages sont distants, même de 5 kilomètres, mais qu'il n'y a pas de route .....
Bonjour, raisonnement plus qu'intéressant !! Merci !
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