Mais aussi, au détour d’un acte on trouve un autre nombre qui est l’âge de la personne concernée ou de témoins de l’événement. On a donc à ce moment deux sortes de nombres, que je qualifierais d’absolus (pour les dates) et de relatifs (pour les âges).
Le lien entre ces deux dates est évident car à partir d’un âge on peut en déduire une date et réciproquement. Seulement, le niveau de précision est différent puisque les âges sont souvent approximatifs et ne permettent en général que de définir une tranche de dates, ce qui revient à dire qu’un âge permet de trouver plusieurs dates.
Cette considération technique passée, il y a un autre phénomène qui me semble intéressant et qui concerne la façon dont on présente les nombres qu’on a à sa disposition.
En effet, si on prend par exemple le cas de René de Chalus, un de mes ancêtres qui vivait au Grand Siècle.
Il est né le 7 mars 1630 à la Baconnière (Mayenne), y a épousé Perrine le Bourdais le 23 novembre 1649 et y est décédé le 13 mai 1675. De son mariage sont nés 9 enfants :
- Renée, née le 5 février 1652 et décédée le 27 juillet 1695
- Pierre, né le 2 novembre 1653 et décédé entre 1726 et 1730
- René, né le 12 juillet 1656 et décédé le 15 février 1681
- Perrine, née le 10 avril 1659 et décédée le 22 janvier 1730
- Jean, né le 2 octobre 1661 et décédé le 3 février 1721
- Jeanne, née le 6 août 1664
- Jacques, né le 6 janvier 1667
- Antoinette, née 17 janvier 1668 et décédée le 19 septembre 1719
- François, né le 18 octobre 1670 et décédé après 1700
Il s’agit là d’une présentation classique d’une généalogie descendante sur deux générations sur laquelle on retrouve les dates.
Maintenant, si on convertit l’ensemble en âges, qu’on peut déterminer précisément puisqu’on connaît les dates, on obtient que René de Chalus s’est marié à 19 ans et qu’il est décédé à 45 ans et qu’il a eu son premier enfant à l’âge de 22 ans et son dernier à l’âge de 37 ans.
On peut compléter l’ensemble par une vision des enfants en écrivant que sa fille aînée avait 23 ans au décès de son père tandis que son fils benjamin n’en avait que 5. La mort du père a donc laissé 5 enfants en bas âge orphelins, puisque Jean avait 14 ans, Jeanne avait 11 ans, Jacques en avait 8, Antoinette en avait 7 et François en avait 5.
Et ainsi de suite.
L’autre point qui me semble important est que cette façon de mixer les dates et les âges permet de créer une proximité avec nos ancêtres. Je m’explique.
J’ai 47 ans et mes enfants ont respectivement 10, 8 et 4 ans (je passe sur les mois). J’ai donc à l’heure actuelle une vision très claire de ce que signifient ces âges. Et quand je traduis le fait que Jacques de Chalus avait 8 ans au décès de son père et que ledit René de Chalus est décédé à 45 ans, cela me parle beaucoup plus, car je peux me projeter facilement.
Ainsi, le fait de présenter ses ancêtres non pas en les résumant à quelques dates, mais en traduisant ces dates par des âges nous permet de mieux les appréhender. Et tout l’intérêt est de décliner cette méthode sur plusieurs générations, ce qui permettra par exemple de (re)découvrir que votre aïeul a été grand-père à 42 ans ou qu’il a perdu deux enfants alors qu’il n’avait de 25 ans …
Les nombres sont froids, mais ils permettent paradoxalement de donner de la chaleur à une généalogie …
Et vous, avez-vous déjà fait cet exercice ?
Pour aller plus loin :
Je ne l'ai pas fait mais j'aurai du ! En reprenant un acte de mariage, il était indiqué que mon aïeul avait été exempté de service militaire car "aîné d'orphelins". En y repensant, en effet il a du subvenir au besoin de ses jeunes frères et sœurs ; cela change le regard sur cet ancêtre.
RépondreSupprimerL'idée d'un billet similaire me trottait également dans la tête et je suis bien heureux de ne pas l'avoir rédigé!
RépondreSupprimerBel article et oui les nombres traduisent des faits qui créent un peu d'empathie et de curiosité.., assez pour user les touches du clavier! :)