mardi 26 mars 2013

Visitons les cimetières !


Je me souviens d'avoir visité enfant le cimetière où étaient enterrés mon arrière-grand-père et mon grand-oncle, accompagné de mon arrière-grand-mère. Elle m'avait dit sans émotion apparente (n'étais-je pas trop jeune pour m'en rendre compte ?) que c'est là qu'elle irait un jour, aux côtés de son mari et de son fils. Cette image a dû me marquer car c'était il y a une quarantaine d'années et je m'en souviens toujours parfaitement. Sans doute s'agit-il de l'acte qui a fondé ma passion pour la généalogie car cette visite a généré de nombreuses questions à mon arrière-grand-mère.

Le temps a passé et l'étude généalogique a pris le dessus, rendant ces visites de cimetières plus fréquentes. Car oui, je l'avoue, j'ai un faible pour les visites de cimetières. Bien sûr, je ne suis pas de ceux qui cherchent les sensations fortes en se faisant enfermer la nuit pour espérer rencontrer tel fantôme. Mais, je trouve que la visite des cimetières a ceci de particulier qu'on a sous les yeux une photographie, une tranche de vie d'un village ou d'un quartier entier.


La frustration provient du fait qu'il est excessivement rare de trouver des tombes très anciennes et dont les inscriptions soient encore lisibles, mais on peut lire sur les caveaux l'histoire des familles, pour peu qu'on aime les puzzles. On a une liste de noms, des dates. A nous de retrouver qui est parent de qui et dans quel sens !

Cela a également un autre intérêt, celui de donner des dates de naissances et de décès (plus ou moins précises) récentes. Les cimetières échappent en effet à la loi n'autorisant pas la divulgation d'actes de moins de 75 ans. Si un grand-oncle est décédé en 2002 à 91 ans, on verra sa trace dans le cimetière, et pas ailleurs, à moins d'être un descendant direct.

Bien sûr, cela suppose que le mort en question a eu l'idée de venir se faire enterrer dans le cimetière du coin. Le problème avec les mouvements de population, c'est que les époux voulant généralement être enterrés ensemble, il faut choisir entre le caveau de la famille de l'un, celui de l'autre, ou un troisième créé par ledit couple. Et rien ne dit qu'ils soient issus et soient morts dans la même commune ...

Mais cela peut aussi permettre de retrouver des fratries ou des cousinages. Car si notre ancêtre est parti du village, ses frères et soeurs ont pu y rester. De même, le relevé des patronymes peut permettre, parfois, de recréer des liens familiaux avec d'autres branches.

Pour les fans de maths, on peut aussi faire des statistiques : âges des décès, mouvements de population en comparant avec les états-civils, regroupements familiaux, etc.

Enfin, les historiens en herbe, trouveront leur bonheur en découvrant dans certaines communes les reliquats de cette époque où Catholiques et Protestants se regardaient en chiens de faïence : chacun avait son cimetière. On peut d'ailleurs y retrouver des patronymes souvent assez marqués, qui permettent dans les recherches futures d'accorder une présomption de protestantisme à tel ancêtre dont le nom figure sur tel acte.

Décidément, les cimetières sont pleins de ressources !


Une autre chose qui est toujours émouvante est la façon que nos anciens (pas que nos ancêtres) avaient de communiquer avec les générations futures sur la façon dont ils avaient vécu la mort de leurs contemporains : une colonne brisée pour indiquer le choc produit par le décès injuste d'un jeune adulte, un angelot indiquant la tombe d'un enfant, une femme voilée en pleurs, allongée sur la tombe de son époux, etc.. Il n'y avait pas besoin de plaque mortuaire à l'époque pour décrire la douleur ressentie par l'être cher : une sculpture suffisait à cela.

Voilà donc pourquoi j'aime les cimetières et que j'enjoins chacune et chacun de vous à aller les visiter : vous y découvrirez tant de choses étonnantes et utiles dans vos recherches généalogiques !

Et vous, avez-vous fait des découvertes intéressantes dans les cimetières ?

Pour aller plus loin :


           

2 commentaires:

  1. Merci Olivier pour ce billet ! Je partage ce gout pour les cimetières et ces généalogies faites de pierres tombales. J'ai eu la chance de visiter à Milan le cimetière monumental : c'est un endroit incroyable qui en dit long sur ses occupants.Il y a aussi un cimetière à Berlin dans un genre radicalement différent. Je mets les deux liens vers mon Blog qui relatent ces visites. http://memoirevive-coteblog.blogspot.fr/2011/07/ultime-case.html. pour Milan et http://memoirevive-coteblog.blogspot.fr/2012/07/letzte-wohnsitze-ou-genealogie-et.html. pour Berlin.
    Bonne balade !

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  2. En ce qui me concerne, je n'ai eu aucun souci pour me procurer l'acte de décès de mon grand-oncle fusillé par les nazis en 1942 ni pour tout autre document le concernant. Est-ce parce que je suis belge et lui français, ou du fait qu'il était résistant et était une figure connue à Saint-Ouen (il y a une rue de cette localité qui porte son nom)? En tout cas, ça ne m'a jamais posé aucun problème.

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