Pack Généatique 2012 - le cadeau idéal à faire à ceux qui veulent se lancer dans la généalogie !
Il est toujours difficile d'imaginer quelles étaient les conditions réelles dans lesquelles nos ancêtres vivaient.
Même si certains ouvrages comme celui de Jean-Louis Beaucarnot par exemple Entrons chez nos ancêtres donne une foule d'informations intéressantes, cela ne nous donne qu'une vision générale des choses. De même, les films dont l'action se déroule à telle époque ne nous donne souvent à voir que les lieux de prestige qui ne sont pas forcément ceux où nos ancêtres vivaient.
Heureusement, nous disposons de documents intéressants et malheureusement pas assez exploités qui sont présents dans les fonds des archives notariales. En effet, à certains moments de la vie, il est nécessaire de faire un point sur ce que l'on possède, soit pour éviter que cela soit pillé suite à un divorce, soit pour pouvoir le partager équitablement entre ses descendants.
Comme je l'ai déjà raconté à plusieurs reprises, nous disposons chez nous de nombreuses archives familiales de toutes sortes et c'est l'exploitation d'une d'elles qui me permet d'écrire cet article aujourd'hui.
Je réalise par ailleurs en écrivant cet article que Jean Dupuy est un vrai contemporain de Napoléon Ier. Il ainsi né en 1769 comme lui et est décédé en 1814, date qui sonne la glas du Premier Empire ...
Jean Dupuy, après avoir été veuf en 1799 se remarie quelques temps après en 1801 mais ce mariage ne dure pas et il divorce après quelques mois de mariage. Ce n'est qu'en 1808 qu'il épouse sa troisième femme, Marie Dauphine Raspingeas.
Sans doute échaudé par son divorce, il décide de faire un inventaire détaillé de ses biens avant de convoler pour la troisième fois. Il faut dire qu'il a choisi le régime matrimonial de la communauté réduite aux acquêts. Il lui est donc nécessaire d'établir la liste de ce qu'il possède avant de créer par mariage ladite communauté.
Il fait donc appel ce 19 février 1808 à Maître Louis Roy, notaire impérial à la résidence de Champagne qui, accompagné d'un expert procède à l'inventaire des biens de notre Jean Dupuy.
L'acte commence donc de la manière la plus formelle qui soit :
On note pour la petite et la grande histoire que Napoléon, bien qu'il fût Empereur des Français, l'était quand même par la grâce de Dieu ... Un lien avec l'Ancien Régime qui n'avait pas dû échapper à ses contemporains !
Après quelques considérations verbeuses, on en arrive aux faits :
Maintenant que tout est en place "juridiquement" l'inventaire peut commencer.
La maison est composée :
On peut mesurer les progrès faits en 200 ans ... Mais on note malgré tout que rien de ce qui est vital pour vivre ne manque !
La totalité des biens est estimée à 964 francs qui se répartissent comme suit :
Si on fait une simple analyse on obtient :
Finalement, l'outil de production compte pour beaucoup dans la part des biens possédés par Jean Dupuy, ce qui est normal car il est serrurier et vit donc de son métier !
Autre point, dans le grenier il y a 500 litres de froment, ce qui fait environ 400 kg. Lorsqu'on regarde le prix actuel de la farine, on est à environ 3 € / kg. Cela signifierait que les 500 litres de froment stockés au grenier, si on considère qu'il s'agit bien de farine, vaudraient à nos prix actuels 1 200 € !
Si on applique cette règle à l'ensemble du mobilier et du matériel disponible dans l'inventaire, on arriverait à un montant de 13 000 €.
Pour l'anecdote, si on essaie de déterminer le prix du vin rouge stocké dans l'arrière-boutique, on a 100 litres qui sont estimés à 30 francs, soit 400 €. On a donc un vin à 4 € le litre, soit 3 € la bouteille de 75 cl, ce qui est parfaitement cohérent avec nos prix actuels.
On se rend compte que finalement, le niveau de vie de nos ancêtres était parfois similaire au nôtre, même si leurs conditions de vie étaient beaucoup plus rudes. En fait, ils se contentaient de l'essentiel, ce qui était déjà beaucoup.
On comprend aussi pourquoi un artisan pouvait finir sa vie relativement riche car il n'avait pas toutes ces dépenses que nous avons de nos jours (télévision, téléphone, internet, électricité, gaz, etc.).
Pour la petite histoire, cette maison est toujours dans la famille et elle est aujourd'hui louée à une personne qui tient un café là où il y a deux cents ans résonnaient les bruits de la forge ...
Et vous, avez-vous eu l'occasion de découvrir les condtions de vie de vos ancêtres par ces inventaires ?
Pour aller plus loin :
Même si certains ouvrages comme celui de Jean-Louis Beaucarnot par exemple Entrons chez nos ancêtres donne une foule d'informations intéressantes, cela ne nous donne qu'une vision générale des choses. De même, les films dont l'action se déroule à telle époque ne nous donne souvent à voir que les lieux de prestige qui ne sont pas forcément ceux où nos ancêtres vivaient.
Heureusement, nous disposons de documents intéressants et malheureusement pas assez exploités qui sont présents dans les fonds des archives notariales. En effet, à certains moments de la vie, il est nécessaire de faire un point sur ce que l'on possède, soit pour éviter que cela soit pillé suite à un divorce, soit pour pouvoir le partager équitablement entre ses descendants.
Comme je l'ai déjà raconté à plusieurs reprises, nous disposons chez nous de nombreuses archives familiales de toutes sortes et c'est l'exploitation d'une d'elles qui me permet d'écrire cet article aujourd'hui.
1) Le contexte
J'ai déjà eu l'occasion de parler de Jean Dupuy, maître serrurier de son état, qui a vécu entre 1769 et 1814 dans la paroisse puis la commune de Champagne à la frontière septentrionale de la Dordogne avec la Charente.Je réalise par ailleurs en écrivant cet article que Jean Dupuy est un vrai contemporain de Napoléon Ier. Il ainsi né en 1769 comme lui et est décédé en 1814, date qui sonne la glas du Premier Empire ...
Jean Dupuy, après avoir été veuf en 1799 se remarie quelques temps après en 1801 mais ce mariage ne dure pas et il divorce après quelques mois de mariage. Ce n'est qu'en 1808 qu'il épouse sa troisième femme, Marie Dauphine Raspingeas.
Sans doute échaudé par son divorce, il décide de faire un inventaire détaillé de ses biens avant de convoler pour la troisième fois. Il faut dire qu'il a choisi le régime matrimonial de la communauté réduite aux acquêts. Il lui est donc nécessaire d'établir la liste de ce qu'il possède avant de créer par mariage ladite communauté.
Il fait donc appel ce 19 février 1808 à Maître Louis Roy, notaire impérial à la résidence de Champagne qui, accompagné d'un expert procède à l'inventaire des biens de notre Jean Dupuy.
2) Un habitat sous l'Empire
La liste donnée ci-dessous est extraite de l'inventaire et donne une image très précise de ce que possédait notre homme. Partant de là on peut imaginer beaucoup plus aisément son style de vie.L'acte commence donc de la manière la plus formelle qui soit :
Napoléon, par la grâce de Dieu et les Constitutions de l'Empire, Empereur des Français et Roi d'Italie, à tous ceux que ces présentes verront, salut.(...)
On note pour la petite et la grande histoire que Napoléon, bien qu'il fût Empereur des Français, l'était quand même par la grâce de Dieu ... Un lien avec l'Ancien Régime qui n'avait pas dû échapper à ses contemporains !
Après quelques considérations verbeuses, on en arrive aux faits :
(...) ledit Jean Dupuy
Lequel nous a dit et remontré qu'étant sur le point de contracter mariage avec Dauphine Raspingeas, leur conventions civiles d'icelui sont établies par leur contrat de mariage qui fut passé par nous le seize du courant, que parmi leurs conventions matrimoniales, ils ont stipulé un commun acte entre eux qu'ils ont réduites aux simples acquêts (...) ledit Dupuy désirant faire faire cet inventaire a requis notre transport en sa dite présente maison (...)
Maintenant que tout est en place "juridiquement" l'inventaire peut commencer.
Crédit : l'Habitat Saintongeais - Lit à quenouille et vaisselier |
La maison est composée :
- d'une chambre basse servant de boutique de serrurerie, dans laquelle se trouve :
- un grand soufflet de maréchal
- une enclume pesant environ 100 kg
- deux estocs
- trois marteaux, un à main et deux à frapper
- une tenaille à croches
- divers petits outils (poinçons, limes, etc.)
- d'une chambre haute dominant ladite boutique et qui a vue sur la rue, dans laquelle se trouve :
- un foyer de cheminée contenant deux chenêts en fer battu (nous dirions "forgé"), une crémaillère, une pelle à feu, une cuillère à tremper la soupe, une petite cuillère à arroser, une petite passoire, un gril et un porte-poêle
- à côté de la cheminée, se trouve une poêle à frire et un chauffe-lit en cuivre rouge, deux pots en fonte ayant chacun leur couvercle qui s'emboîtent, une tourtière en fonte
- au centre de la pièce, il y a une table carrée à manger ayant deux tiroirs, un banc pour s'asseoir, une salière en bois, un soufflet à souffler le feu (sic) et six chaises pour s'asseoir (sic) tressés en jonc
- un lit monté composé de son bois de lit à quenouille foncé dessus et dessous (avec un fond), les garnitures d'un bas jaune, la paillasse en toile, le lit et traversin de coity de marchand garnis de plumes commune et la couverture en toile garnie de chanvre
- un buffet à deux portes et deux tiroirs en bois de cerisier ferré et fermant à clef, sur lequel buffet se trouve un vaisselier de même bois, le tout neuf
- dans le vaisselier, on trouve 24 petites assiettes, deux assiettes mazarines (assiettes creuses pour le potage), un plat creux, un chandelier, 12 cuillères à bouche, le tout en étain, plus 18 fourchettes en fer
- dans le buffet, on trouve deux douzaines de serviettes dont une douzaine d'étoupe et une douzaine de réparonne, deux nappes dont une d'étoupe et une de réparonne, le tout mi-usé
- d'une chambre haute contigüe à la première et qui donne sur le jardin, dans laquelle on trouve :
- un lit monté composé de son châlit à quenouille foncé dessus et dessous, d'une paillasse d'étoupe,le lit et le traversin de coity garnis de plumes communes recouvert de toile garnie de chanvre
- un lit à quenouille foncé dessus et dessous sans garniture et n'ayant rien dessus
- un grand chaudron en cuivre rouge,un bassin en cuivre jaune
- deux seaux à puiser ferrés
- une met à potier avec son couvercle, un petit coffre en bois de noyer, une petite table ovale avec ses pieds, une petite cassette et un mauvais petit buffet
- une pomme en terre à faire à lessive avec une meule à aiguiser avec sa manivelle en fer et son bac en bois
- 8 linceuls et 4 qui garnissent les deux lits, tous en étoupe
- d'une pièce basse qui se trouve derrière la boutique, dans laquelle se trouve :
- un tas de charbon (environ 2 000 boules)
- un hectolitre de vin rouge contenu dans deux fûts
- d'un grenier, dans lequel se trouve :
- un petit tas de froment (environ 50 décalitres, soit 500 litres ...)
- une pièce à vivre où habitent les parents et qui sert de cuisine, salle à manger, salon, chambre à coucher
- une pièce secondaire où doivent dormir les enfants
- l'absence de sanitaires : pas de WC ni de salle de bain
- l'absence de cheminée dans l'autre chambre ...
- l'absence de cuisine à proprement parler, tout doit être fait sur la table centrale
- l'absence d'eau courante
- le confort très sommaire, même si les lits ont l'air assez confortables
On peut mesurer les progrès faits en 200 ans ... Mais on note malgré tout que rien de ce qui est vital pour vivre ne manque !
3) Parlons argent
Si on regarde l'aspect financier, on trouve des choses étonnantes.La totalité des biens est estimée à 964 francs qui se répartissent comme suit :
- 300 francs pour le matériel de la boutique
- 274 francs pour les biens de la chambre principale
- 170 francs pour les biens de la chambre secondaire
- 130 francs pour le charbon (100 francs) et le vin (30 francs) de la cave
- 90 francs pour le froment du grenier
Si on fait une simple analyse on obtient :
- 46.1 % de la valeur est pour les meubles et objets
- 41.4 % de la valeur est pour l'outil de production
- 12.5 % de la valeur est pour la nourriture (froment + vin)
Finalement, l'outil de production compte pour beaucoup dans la part des biens possédés par Jean Dupuy, ce qui est normal car il est serrurier et vit donc de son métier !
Autre point, dans le grenier il y a 500 litres de froment, ce qui fait environ 400 kg. Lorsqu'on regarde le prix actuel de la farine, on est à environ 3 € / kg. Cela signifierait que les 500 litres de froment stockés au grenier, si on considère qu'il s'agit bien de farine, vaudraient à nos prix actuels 1 200 € !
Si on applique cette règle à l'ensemble du mobilier et du matériel disponible dans l'inventaire, on arriverait à un montant de 13 000 €.
Pour l'anecdote, si on essaie de déterminer le prix du vin rouge stocké dans l'arrière-boutique, on a 100 litres qui sont estimés à 30 francs, soit 400 €. On a donc un vin à 4 € le litre, soit 3 € la bouteille de 75 cl, ce qui est parfaitement cohérent avec nos prix actuels.
4) Pour conclure
On voit aisément jusqu'où on peut pousser l'étude d'un seul acte.On se rend compte que finalement, le niveau de vie de nos ancêtres était parfois similaire au nôtre, même si leurs conditions de vie étaient beaucoup plus rudes. En fait, ils se contentaient de l'essentiel, ce qui était déjà beaucoup.
On comprend aussi pourquoi un artisan pouvait finir sa vie relativement riche car il n'avait pas toutes ces dépenses que nous avons de nos jours (télévision, téléphone, internet, électricité, gaz, etc.).
Pour la petite histoire, cette maison est toujours dans la famille et elle est aujourd'hui louée à une personne qui tient un café là où il y a deux cents ans résonnaient les bruits de la forge ...
Et vous, avez-vous eu l'occasion de découvrir les condtions de vie de vos ancêtres par ces inventaires ?
Pour aller plus loin :
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