jeudi 8 novembre 2012

Mariage pour tous et généalogie

Cet article est différent dans sa forme des autres articles que j'écris habituellement car il est le fruit de mes interrogations sur les conséquences du projet de loi intitulé "Mariage pour tous" par le gouvernement, pour les généalogistes futurs.

En effet, nous avons presque tous eu dans nos familles des enfants nés de parents inconnus ou de père inconnu. Cela ne pose pas de problème majeur à part une frustration bien légitime car nous ne connaîtrons jamais les représentants d'une ou de deux branches pour cet ancêtre.

Dans le cas d'un enfant adopté, sans que ses parents biologiques soient connus, j'avoue que je sais pas comment traiter le cas car il ne s'est jamais présenté dans ma famille. Doit-on partir de la famille d'accueil et considérer que ce sont les parents de la personne adoptée ? Auquel cas, on réalise la généalogie de ces parents adoptants. Si on veut être rigoureux, on devrait sans doute considérer que les parents de cet enfant son inconnus et admettre qu'il manquera à jamais des branches à notre arbre ?

Le cas n'est pas simple, mais connu.

En ce qui concerne le mariage de deux personnes du même sexe, aujourd'hui et faute de connaître les amendements de la loi qui va être débattue en janvier, il n'y a me semble-t-il pas de problème car :
  • soit un des deux ou les deux parents avaient déjà des enfants d'une relation préalable hétérosexuelle, auquel cas on peut déterminer une filiation classique
  • soit aucun des deux parents n'avait d'enfant d'une union préalable, et l'histoire s'arrête là

Dans les deux cas, les logiciels de généalogie autorisent le choix d'un sexe qui est le même pour chacun des deux parents, donc on pourra faire figurer le couple dans son arbre.

Se posent maintenant 3 cas :
  • l'adoption par un couple homosexuel
  • la procréation par un couple homosexuel de façon naturelle
  • la procréation par un couple homosexuel par la PMA (Procréation Médicalement Assistée)

L'adoption par un couple homosexuel nous ramène au cas de l'adoption par un couple hétérosexuel. La problématique est donc la même que ce qui a été décrit plus haut

La procréation naturelle par un couple homosexuel représente le cas par exemple où une des femmes du couple a des relations hétérosexuelles en vue de tomber enceinte et d'avoir un enfant. Le géniteur peut être connu ou non. A mon sens, si le géniteur est connu, il faudra partir de lui pour remonter la filiation de l'enfant, sinon, on tombera dans le cas d'un "père inconnu". A moins que l'on considère l'autre femme du couple comme étant le conjoint naturel et que l'on parte de cette personne pour faire la généalogie de l'enfant.
Dans le cas d'un couple d'homme utilisant les services d'une mère porteuse pour avoir un enfant, on a la même problématique. La mère porteuse étant la mère biologique de l'enfant à naître, doit-on partir d'elle pour établir la généalogie de ce dernier ? Le cas se complique si les spermatozoïdes ne proviennent pas de l'homme du couple, mais d'un tiers. On a dans ce cas une mère porteuse qui est la mère biologique et un père inconnu. La filiation généalogique doit donc partir de ces données.

La procréation médicalement assistée renvoie aux mêmes problèmes que ceux soulevés précédemment. Si on connaît le géniteur, il semble logique de partir de ce dernier pour établir la généalogie de l'enfant, sinon, on doit considérer l'enfant comme ayant un parent inconnu.

Comme on le voit, le débat actuel soulève pas mal de questions, surtout à des endroits où on ne l'imagine pas. Certes, les difficultés rencontrées par les généalogistes du futur ne sont pas fondamentalement dramatiques, mais cela pose quand même une question, à laquelle je n'ai pas de réponse : doit-on établir la généalogie d'une personne en fonction des liens biologiques qui la lient à ses parents ou doit-on considérer comme ses parents ceux qui l'élèvent ?

Le débat est posé ... Les réponses sont les bienvenues !

Notez que l'objet du débat est purement généalogique, les idées et convictions de chacun sur le Mariage pour tous étant a priori respectables des deux côtés, cet article n'a pas pour vocation d'être une tribune pour les pro- et les anti- ...

16 commentaires:

  1. Bonsoir Olivier, je comptais justement en parler aussi sur mon blog. Le mariage pour tous va quelque peu "bouleverser" la genealogie pas forcement pour nous mais plutot pour les generations a venir. Vaste question en effet. Je ne pense pas qu il y ait une reponse parfaite malheureusement.

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    1. Bonsoir Grégory,

      Effectivement, la plupart des logiciels de généalogie ont offert le service "minimum" en n'imposant pas le sexe des parents, mais ce n'est que la partie émergée de l'iceberg.
      Le vrai débat selon moi se situe au sujet de la filiation "biologique" : doit-elle être la seule référence ? Comment gérer le cas des couples homosexuels ? etc. Vaste débat qui n'a pas fini de faire parler ...

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    2. Pour moi il est à gérer de la même facon que les autres, peu importe le sexe des parents. Si on conanit le ou les parent(s) biologique(s), le choix est de savoir si on remonte leur branche aussi ou pas. Comme pour toute adoption.

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  2. Bonne question. C'est l'éternelle question généalogique. Fait-on une généalogie "familiale" ou "génétique" ? Rappelons que nous ne sommes jamais sûrs d'une filiation masculine biologique ;-)

    Personnellement, je me demanderais qui l'enfant et la société considère comme ses parents, et partirais de là. Et si le ou les parents biologiques sont connus, je le/les ajouterais à la généalogie. Pas de problèmes à avoir trois ou quatre branches au lieu de 2 !

    Je n'ai pas vraiment le cas dans ma généalogie. Quelques enfants naturels ou de père inconnu, mais la seule adoption est celle d'un enfant naturel adopté par le nouveau mari de sa mère alors qu'il avait 18 ans. Suffisammenent proche de moi (GP de ma GM) pour que je sache que les liens qui les unissaient étaient solides. Je remonte cette branche sans me poser de questions.

    Concernant les logiciels, est-ce qu'ils permettent une double filiation ???

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    1. Bonne remarque Mistike,
      Le problème se poserait cependant de manière "dynamique". En effet, si on considère par exemple, à notre époque que la filiation suit certaines règles sociales : un enfant vivant avec deux parents qu'ils soient biologiques ou non est considéré comme leur fils ou leur fille. Ces règles ne sont peut-être pas les mêmes sous l'Empire et peut-être d'autres règles existent-elles à d'autres époques. Faudrait-il adapter les filiations suivant les différentes règles qui existent ? Je n'ai évidemment pas la réponse, mais je pense que la solution à cette question n'est pas simple à trancher ...

      Quant aux logiciels, laissons parler les spécialistes, mais je pense qu'il n'en existe pas avec double filiation. Le seul moyen selon moi est d'en faire deux séparées (une de sang, une de coeur ?) ...

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  3. Il me semble qu'aujourd'hui, nous ne faisons ni une généalogie biologique, ni une généalogie de "coeur" mais une généalogie de droit (civil). Nous prenons comme parents ceux que les actes nous disent être les parents. Le sexe des parents, différent ou identique, ne me semble pas modifier sensiblement cette donne.
    Il y a peu de chance que les actes gardent la trace des donneurs, des mères porteuses, en tous cas pas avant un certain nombre d'années....
    Après, effectivement, dans les très rare cas où on connait les différentes filiations, je pense qu'il faudra adapter en fonction de ce qu'on connait de la famille, comme le dit Mistike. Sera alors important l'objectif du généalogiste, connaissance de l'environnement social et du mode de vie ou intérêt génétique...

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    1. Bonjour Anne,

      Effectivement, nous avons une vision peut-être formatée par notre culture.
      Je pense toutefois que pour un ancêtre, plus on a d'informations, mieux c'est car cela permet de donner une image plus complète de ce qu'a été sa vie.
      Si dans 200 ans, un enfant est trouvé comme étant l'ancêtre d'un généalogiste amateur et que sur son acte de mariage il est dit qu'il a pour parents deux hommes ou deux femmes, il sera intéressant d'essayer d'en savoir plus, de trouver sa filiation biologique, de savoir sa relation avec ses parents, etc. Cela enrichira sans doute la vision que notre généalogiste du futur aura de son ancêtre.
      Ce, de la même manière qu'aujourd'hui le fait de savoir les relations que pouvaient entretenir les parents d'un ancêtre avec ses parrain et marraine nous donne un éclairage sur une tranche de vie de nos aïeux.

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  4. Bonjour
    vous écrivez : "En effet, nous avons presque tous eu dans nos familles des enfants nés de parents inconnus ou de père inconnu."
    De père inconnu, sans doute.
    Mais que voulez-vous dire par "de parents inconnus" ? Je suppose qu'il ne s'agit pas des parents que les recherches généalogiques n'ont pas (encore) permis d'identifier. S'il s'agit des enfants adoptés dont on ne connait pas les parents biologiques, je ne crois tout de même pas que nous en "avons presque tous".
    Amicalement
    MC

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    1. Bonjour Michel,

      Le cas n'est heureusement pas si fréquent, mais il se peut que des enfants soient trouvés abandonnés sur le pas de porte d'une église, dans un four à pain, dans un panier accroché à une branche d'arbre, etc.. Ces cas sont hélas bien réels. Dans ce cas, les enfants seront dits de parents inconnus. Ils seront alors soit confiés à une nourrice, soit arriveront dans un orphelinat.
      Quant à la fréquence, je ne veux évidemment pas généraliser, mais dans mon cas personnel, j'ai deux ancêtres comme cela : un de père inconnu et un de parents inconnus.
      Cordialement

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  5. Bonjour Olivier, voila un article qui parle aussi de ce sujet (je vous en ai parlé sur Twitter) : geneanjou.blog.lemonde.fr/2012/09/21/deux-homosexuelles-dans-un-arbre/

    Sinon, j ai lu ce qu'Anne a ecrit et ce qu elle dit me semble pertinent.

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  6. Le piment de la généalogie c'est déjà de fouiller au delà des ascendances "légitimes" et d'en raconter les passionnantes histoires, lorsque nous avons la chance d'en démêler les liens. Aucune histoire ne s'arrête là où elle semble se taire... Et si finalement tout devenait plus limpide, voire tristement banal...
    Merci pour ces questions, que nous sommes en effet nombreux à nous poser !
    Ma version d'Ancestro ne veut absolument marier les personnes de même sexe va falloir que je fasse une mise à jour ;-)
    amicalement.

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    1. Pour les unions de personnes de même sexe, Family Tree Maker (que j'utilise) est totalement "open". Sans doute parce que c'est à l'origine un logiciel américain ...

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  7. Bonjour,
    Je me suis posé les mêmes questions.
    Ma femme a été reconnue par un père "légal" lors du mariage de celui-ci avec ma belle-mère. Cependant, nous connaissons son père biologique, qui n'apparaît pas dans les actes officiels.
    Je n'ai toujours pas tranché : dois-je partir sur les registres d'état civil ou bien respecter la filiation biologique ? Et je vous rejoins donc dans votre interrogation.
    Merci pour votre article, Amicalement, Sébastien.

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    1. C'est effectivement un débat plus philosophique que purement généalogique. Personnellement, je chercherais les deux ascendances qui ont autant de valeur l'une que l'autre. La première a une valeur "génétique" (pour le père biologique) et la seconde a une valeur affective ou légale (au choix ...).
      Mais les deux ont de la valeur et méritent donc d'être traitées.

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  8. Une différence, les homos apparaitront dans les arbres généalogiques, avec enfants ou sans enfants.

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  9. Merci pour cet article qui présente la problématique sous un aspect inattendu et intéressant.

    Le droit Français ne reconnaît pas je crois de filiation biologique. La filiation est établie par la possession d'état.
    Il y a donc filiation dès qu'il y a la preuve, et cette preuve n'est pas nécessairement biologique.
    Un exemple aujourd'hui, avant tout changement de la loi, les enfants élevés par des pères qui ne sont pas les pères biologiques, mais mariés à la mère biologique. Ces pères sont de facto reconnus comme tel, sans autre forme de quête de preuve que le mariage.
    Si l'on s'en tient aux chiffres de l'UNICEF qui prévoit que plus de 10% d'enfants sont élevés par un père qui n'est pas le père biologique, on comprend que ce n'est pas anecdotique. :)

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