jeudi 12 mars 2015

En généalogie, les difficultés ne sont pas là où on croit qu’elles sont (suite)


J’évoquais dernièrement ces faux problèmes derrière lesquels les généalogistes débutants peuvent parfois se réfugier pour ne pas pousser plus loin leurs premières recherches. Ce sont des faux problèmes dans la mesure où non seulement ils peuvent être résolus relativement rapidement et simplement mais aussi parce qu’ils tiennent davantage de l’inexpérience que de l’impossibilité technique.



En revanche, il existe des cas où même les généalogistes chevronnés peuvent être bloqués. Ces difficultés ont ceci de particulier qu’on ne pense pas qu’elles puissent exister tant qu’on n’y est pas confronté. Dans mon article précédent j’en répertoriais trois mais il y en a sans doute davantage :

  • -          des registres bien tenus peuvent avoir des trous
  • -          les règles qui régissent notre orthographe actuelle sont récentes
  • -          les noms de lieux ont changé au cours des siècles


Bien entendu, il est toujours possible de contourner ces difficultés, au moins partiellement, mais ce n’est pas chose aisée. En revanche, lorsqu’on réussit à forcer le destin, on a une satisfaction réellement importante, même si le résultat obtenu (une date, un lieu, un nom) peut sembler dérisoire en regard du travail effectué. Mais c’est là tout le charme de la généalogie …


Des registres à trous

Qu’y a-t-il de pire pour un généalogiste que de remonter sans difficulté dans l’histoire d’une personne sur plusieurs générations et puis tomber sur un trou !

Ce trou semble exister exprès pour vous embêter : les registres sont lacunaires (mot savant pour un trou) sur la période précise où se trouve l’acte de naissance de votre ancêtre … En réalité, il ne faut pas être à ce point paranoïaque, mais il faut avouer qu’une telle découverte est très frustrante.

Il y a bien entendu des méthodes pour retrouver l’information manquante ou en tout cas pour retrouver les éléments qui vous permettront d’aller plus loin.

Si l’acte introuvable est un acte de naissance, il faudra commencer par effectuer un relevé exhaustif sur une dizaine d’années avant et après le trou pour tenter de reconstruire une ou plusieurs familles ayant le même patronyme que celui de votre ancêtre puis, par de sérieuses analyses, finir par isoler la famille supposée de cette personne. Bien sûr des informations peuvent se retrouver dans d’autres actes comme par exemple des contrats de mariage ou des actes ultérieurs mais il est un fait que l’acte en question ne sera jamais en votre possession …

S’il s’agit d’un acte de mariage, vous pouvez vous en sortir avec un éventuel contrat de mariage que vous trouverez chez le notaire. Mais encore faut-il que contrat de mariage il y ait. Sinon, on peut toujours partir d’une hypothèse (assez souvent vérifiée dans le passé) qui est que les premiers enfants d’un couple pouvaient avoir leurs grands-parents comme parrains et marraines, même s’il ne s’agit pas là d’une loi absolue.
Encore une fois, il faut rechercher tous les éléments pouvant permettre de retrouver les informations qui manquent tant.

Pour un acte de décès perdu, il faut chercher du côté des testaments ou des tables de successions car la date de décès y est mentionnée, mais ce genre de document n’existe pas depuis très longtemps, il faudra donc rester sur les éventuels testaments pour des décès antérieurs aux années 1700. Le vrai problème de certains actes de décès réside d’ailleurs davantage dans le fait qu’ils sont très succincts et ne prouvent pas de manière certaine que la personne citée est bien celle que vous recherchez.


L’orthographe de nos ancêtres

Il y aurait beaucoup à dire sur la façon dont nos ancêtres ou dont les personnes des époques anciennes écrivaient. En effet, outre la graphie qui a évolué avec le temps et qui a eu ses modes, les mots utilisés étaient parfois différents des nôtres.

Les métiers ont changés, les noms des personnes n’étaient pas toujours stabilisés et des choses qui semblaient évidentes et implicites à nos ancêtres nécessiteraient aujourd’hui des explications détaillées.

Et puis la notion même d’orthographe est récente, elle n’a donc pas de sens pour les gens du XVIIIème siècle.

On se retrouve donc souvent confronté à des difficultés qui peuvent non seulement nous bloquer mais, plus grave, nous induire en erreur. Ainsi deux personnes apparemment homonymes sont en réalité issues de deux familles qui n’ont rien en commun alors qu’on pouvait dans un premier temps les considérer comme des cousins.

Là encore, l’habitude et un travail rigoureux permettent de passer outre ce genre de problème.


Les lieux disparus

Il n’y a pas que les noms de familles ou les métiers qui disparaissent, les lieux peuvent aussi changer ou disparaître.

Ce phénomène concerne surtout les petites paroisses qui ont disparu faute d’habitants ou qui ont été fusionnées puis ont été renommées lors de regroupements ultérieurs. J’ai ainsi eu toutes les difficultés à identifier un lieu appelé « Le Dazac » en Charente. Il s’agissait pourtant un village rattaché à la commune de Magnac-Lavalette au début du XIXème siècle.

Il y a aussi eu a période Révolutionnaire qui a re-baptisé républicainement certains lieux, mais cela n’a pas duré et ces communes ou villages ont retrouvé leur nom d’origine quelques années après …

Pour s’en sortir, il faut plonger dans les cartes anciennes qui ont été faites à l’époque où ces lieux existaient. On parle souvent des cartes de Cassini et il est vrai qu’elles sont une très bonne source. Il ne faut pas non plus négliger les monographies ou les ouvrages d’érudits locaux sur une région donnée.
Très souvent ces ouvrages décrivent la géographie locale avec un grand nombre de détails intéressants. D’autant que vous pouvez trouver, au détour d’une page, la mention d’un de vos ancêtres pour peu que celui-ci ait eu un rôle important dans sa paroisse ou sa commune. Si vous avez des ancêtres notables vous y trouverez donc probablement une trace.


Ces quelques exemples montrent qu’il existe de réelles difficultés en généalogie. Cependant, même si les sources originelles ont été détruites ou ont disparu, il est souvent possible de retrouver les informations manquantes en regardant ailleurs. La grande leçon à retenir est donc que lorsqu’on fait face à une difficulté, il ne faut rester hypnotisé par elle mais regarder partout autour pour reconstruire les informations manquantes …



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mercredi 4 mars 2015

En généalogie, les difficultés ne sont pas là où on croit qu’elles sont


La chose la pire qui puisse exister lorsqu’on méconnaît un sujet, c’est se persuader qu’il est difficile et rébarbatif. Bien sûr, il existe des tas de matières qui le sont, mais si on creuse un peu, on réalise que dans la plupart des cas, ce qu’on jugeait difficile ne l’est finalement pas tant que cela.

En fait, tout est une question de volonté. Il s’agit de se lancer et de traiter les points durs qui surgissent au fur et à mesure. De temps en temps il faut alors se retourner et regarder le chemin parcouru et on est alors émerveillé par ce qu’on a réussi à faire !

La généalogie ne déroge pas à ce principe mais a ceci de particulier que c’est une activité qui a beaucoup évolué avec les années et qui s’est lentement mais sûrement mué en un loisir accessible à tous.



Pour la personne qui ne pratique pas cette occupation, la généalogie pose principalement trois difficultés :

  • la période révolutionnaire est un mur infranchissable
  • la plupart des archives anciennes ont été perdues, donc je ne pourrai pas aller loin
  • Je ne retrouverai jamais un de mes ancêtres s’il a eu l’idée de changer de commune ou de paroisse au cours de sa vie


En revanche, il existe au moins trois vraies difficultés auxquelles les généalogistes sont confrontés :

  • des registres bien tenus peuvent avoir des trous
  • les règles qui régissent notre orthographe actuelle sont récentes
  • les noms de lieux ont changé au cours des siècles


Bien entendu, il ne s’agit là que de quelques  exemples pris parmi un grand nombre mais ils montrent que là où le débutant croit voir des difficultés il n’y en n’a généralement pas. En revanche elles résident là où on ne pensait pas les trouver en démarrant …
Je vais traiter ici des difficultés qui n’en sont pas pour aborder celles qu’on ne perçoit pas de prime abord dans un autre billet.


La période révolutionnaire est un mur infranchissable

Entendons-nous bien sur les termes : la période réellement chaotique qui sépare la fin de la tenue des registres paroissiaux et le début d’un état-civil tenu régulièrement dure moins de 10 ans, voire moins de 5 ans.

En effet, il n’est pas rare de trouver des registres paroissiaux tenus jusqu’en 1792 et en général, tous les registres d’état-civil postérieurs à l’an VII ou VIII sont en bon état, lisibles et complets. Il existe bien entendu des exceptions mais même si les difficultés durent un peu plus longtemps, il est peu probable que cela vous bloque entièrement.

Admettons par exemple que l’acte de décès d’un de vos ancêtres soit dans cette période trouble, en recherchant chez les notaires qui s’occupaient des successions vous trouverez sans doute des indices. Si c’est l’acte de mariage cela pourra poser problème pour la filiation des mariés, mais encore une fois les notaires et leurs contrats de mariage pourront vous aider. De même, les époux décédant postérieurement à cette période, il y a de grandes chances que soient indiqués dans leurs actes de décès les noms de leurs parents respectifs. Cette remarque vaut pour une personne qui serait née pendant les années 1790 où on trouvera dans son acte de mariage et dans son acte de décès un grand nombre d’informations utiles.

La période révolutionnaire n’est donc généralement pas infranchissable, à peine pose-t-elle quelques problèmes pour le calendrier utilisé, mais cela permet de réviser ses cours d’histoire …


La plupart des archives anciennes ont été perdues

Il faut savoir ce qu’on entend par archives. Si on parle des registres paroissiaux il est vrai qu’avant 1668 on trouve tout d’un coup beaucoup moins de documents qu’après cette date mais ce n’est pas que les archives ont disparu, c’est qu’elles n’ont pour certaines jamais existé !

Il faut comprendre que le souci que nous avons actuellement de garder précieusement notre patrimoine est une chose récente. Il y a encore 2 siècles, qui se souciait de conserver religieusement, si j’ose dire, les actes de baptêmes de paysans ?

Nous avons quand même la chance en France d’avoir eu des Rois qui ont souhaité pouvoir administrer correctement leur royaume et ont donc mis en place une administration dont les archives nous servent aujourd’hui lors de nos recherches.

Les grandes dates à connaître sont :

  • 1539 : Ordonnance de Villers-Cotterêts où François Ier met en place les bases des registres paroissiaux avec l’enregistrement des actes de baptêmes
  • 1556 : Henri II ordonne que les grossesses soient déclarées
  • 1579 : Ordonnance de Blois qui complète celle de 1539 avec l’enregistrement des mariages et des sépultures
  • 1664 : les pasteurs Protestants sont tenus d’enregistrer les actes d’état-civil de leurs fidèles
  • 1667 : Louis XIV  ordonne via son Code Louis de tenir les registres en 2 exemplaires dont l’un est déposé au Greffe (d’où le fait qu’on a alors deux fois plus de chances de disposer d’un registre qu’auparavant)
  • 1792 : création des registres d’état-civil tenus par la municipalité en lieu et place des registres paroissiaux, avec dans le même temps la création des tables décennales


La liste est beaucoup plus longue, mais on comprend pourquoi, dans la plupart des cas il n’est pas trop complexe de remonter jusqu’à la fin du XVIIème siècle, ce qui est déjà loin car cela nous même plus de 340 ans en arrière …


Les ancêtres nomades sont perdus à jamais

La première remarque qu’il faut faire est que la plupart de nos ancêtres lointains (c’est-à-dire ayant vécu avant 1800) bougeaient assez peu. Tout au plus se déplaçaient-il dans des paroisses ou des communes voisines pour y apprendre un métier, y cultiver une terre ou pour y trouver un conjoint.

Il y a toujours l’exception mais s’agissant d’une exception elle doit être traitée comme telle. Ainsi, vous pourrez consacrer davantage de temps au parcours de cet ancêtre mobile. Pour commencer il vous faudra établir une « timeline » précise relevant, à chaque fois que vous le pourrez, ses occupations, ses lieux de vie, les personnes qu’il a fréquentées, etc..

La construction de ce CV permet souvent de retrouver sa trace ou en tout cas de circonscrire ses recherches à un nombre restreint de lieux et sur une période réduite.

Bien entendu il existe de grands migrants. J’ai moi-même dans mes aïeux un soldat Allemand fait prisonnier pendant les guerres opposant la jeune République Française à ses voisins ou encore un jeune homme de Picardie qui a bougé en Auvergne à l’aube de la Révolution Française.

La chance c’est qu’on découvre souvent ces personnes au moment de la naissance de leurs enfants, puis de leur mariage ou de leur décès. Dans les deux derniers types d’actes on peut trouver des indices intéressants indiquant leur lieu de naissance surtout s’il est suffisamment exotique pour le curé ou l’officier d’état-civil.

Et puis il y a les témoins, les amis, les oncles, tantes, cousins et cousines cités dans les actes où le personnage itinérant apparaît.

En regroupant tous ces indices dans un tableau dont les éléments sont classés chronologiquement, il est assez fréquent de trouver son origine et donc de remonter une génération au-dessus.

Bien sûr, il y a des cas où le personnage reste un mystère. Pas de panique : il reste généralement d’autres ancêtres à étudier et à rechercher …


Bref, même si on dit qu’à l’impossible nul n’est tenu, on se rend compte qu’il ne faut pas partir avec des idées préconçues. Il faut avancer, pas à pas, souvent chercher un peu, parfois avoir un peu de chance, mais jamais renoncer !





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