mardi 28 janvier 2014

Tel père, tel fils


Cette histoire débute le 6 octobre 1690 dans la paroisse de Saint-Sauveur, une paroisse dont la plus grande part est mangée par la forêt de Compiègne. En effet, à cette date, Sébastien Loyauté et son épouse Antoinette Lafague perdent un enfant, une fille prénommée Nicole.

La petite Nicole quitte ce monde à l’âge de 6 ans et demi et pour le couple c’est un drame car c’est la seconde fois qu’un de leurs enfants meurt (quelques années auparavant, en 1682, c’est la petite Marguerite qui décède à l’âge de 2 ans).

Mais pourquoi parler de ce couple ? Parce que Sébastien Loyauté exerce la profession (si on accepte l’anachronisme) de clerc, c’est-à-dire d’auxiliaire laïc du clergé local mais aussi de maître d’école. C’est donc un lettré qui a une très belle écriture et qui a sans doute une culture assez importante. Ensuite parce que Sébastien Loyauté et son épouse Antoinette Lafague sont mes ancêtres et les sosas 2356 et 2357 de mes enfants.

Carte de Saint-Sauveur et Béthisy-Saint-Pierre


Mais revenons en 1690.

C’est sans doute suite au décès de sa fille que Sébastien Loyauté décide de quitter la paroisse de Saint-Sauveur pour venir s’installer dans celle de Béthisy-Saint-Pierre, sa voisine au sud. Il a alors 39 ans et son épouse 31 ans. Ils arrivent donc avec leurs 4 enfants :

  • Anne, née en 1678
  • Jean Baptiste, né en 1681
  • Nicolas Sébastien, né en 1688
  • Marie Antoinette, née en 1689


Les premières traces tangibles de l’existence de la famille dans la paroisse de Béthisy-Saint-Pierre sont en 1695 où Sébastien Loyauté figue comme témoin lors du mariage de Messire Jean de Lauvenade avec Demoiselle Marie Thérèse de Ménéat.

Maître d'école au XVIIIème - crédit Généalogie Vonflie


Ce clerc est semble-t-il assez efficace si on en croit le nombre assez élevé d’habitants de la paroisse sachant écrire. Et la popularité du nouvel arrivant grandit rapidement car il figure comme témoin d’un grand nombre d’actes et s’il n’est parrain d’aucun enfant naissant dans la paroisse, ses fils et ses filles sont  très souvent sollicités.

Signature de Sébastien Loyauté en 1700


En 1712, il laisse la main à son fils puîné Nicolas Sébastien, qui a alors 24 ans, puisque désormais c’est ce dernier qui occupe la fonction de clerc de la paroisse. Pourquoi n’est-ce pas son frère aîné qui l’occupe ? Tout simplement parce que celui-ci est délà le clerc de la paroisse de Gilocourt, située au sud-est de Béthisy-Saint-Pierre.

Quoiqu’il en soit, ses deux fils sont devenus maîtres d’école, comme lui.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là car au moment où son fils Nicolas Sébastien le remplace à la fonction de clerc de la paroisse, Sébastien Loyauté devient Garde des bois de la forêt de Compiègne (il a alors 61 ans) ! Il faut dire qu’un de ses proches est déjà Garde des plaisirs du Roi … Peut-être a-t-il été nommé à cet office pour ses compétences et sa vie passée à Saint-Sauveur au milieu des bois ? Peut-être a-t-il été « pistonné» par ses proches ?

Petite parenthèse culturelle :
Les Gardes des forêts ou Gardes des bois des forêts étaient censés garder et entretenir les forêts où les nobles chassaient. Dans le cas présent, le Roi avait sa chasse à Compiègne, la fonction avait donc un certain prestige. De manière pratique, le garde pouvait récupérer gracieusement un peu de bois pour son usage personnel, ce qui n’était pas négligeable …
Les Gardes des plaisirs du Roi avaient pour mission de s’assurer qu’il y aurait suffisamment de gibier disponible pour la chasse. C’était donc une fonction très importante et qui supposait une excellente connaissance de la faune locale. Et lorsqu’on sait que Louis XIV et Louis XV étaient de grands chasseurs, on imagine sans peine l’enjeu !

En tout cas, il va garder cette fonction jusqu’à sa mort le 6 février 1728 et devinez qui devient alors Garde de la forêt ? Son fils Nicolas Sébastien
Sans parler d’hérédité, il y a toute de même de curieuses ressemblances entre les carrières du père et celle du fils !

La seule différence est que pendant un temps Nicolas Sébastien Loyauté sera filassier ou chanvrier. En d’autres termes, il a un métier à temps plein et parfaitement en phase avec son temps et son lieu de vie. En effet le nombre d’habitants de Béthisy-Saint-Pierre vivant de la culture du chanvre est incroyable. Pour celles et ceux que ça intéresse, il faut lire l’étude très complète faite par Francis Lavoisier à ce sujet !  

Nicolas Sébastien Loyauté se mariera avec Catherine Cadot le 26 janvier 1712 (année où il deviendra clerc de la paroisse) et aura plusieurs enfants dont Marie Anne, dont je descends et un autre Nicolas Sébastien qui sera aussi non pas clerc, mais Garde des bois de la forêt de Compiègne …

Ce que je trouve d’intéressant dans cette histoire familiale est que le couple d’origine formé par Sébastien Loyauté et Antoinette Lafague s’est très bien intégré dans la paroisse où il est arrivé. Sans doute cela est-il dû à la fonction de clerc du mari.
N’empêche que cette famille a fait souche et qu’elle a eu une nombreuse descendance locale.

Le fait de pouvoir suivre à la trace quelques individus n’a pu être possible que par le relevé systématique de tous les actes disponibles dans les registres de la paroisse de Béthisy-Saint-Pierre. En faisant des tris ciblés dans mes fichiers, je peux lire l’histoire de ces personnes comme dans un livre. Cela m’a d’ailleurs donné l’envie de poursuivre l’aventure en faisant la même chose pour les paroisses avoisinantes : Béthisy-Saint-Martin (où se sont mariés Sébastien Loyauté et Antoinnette Lafague en 1677), Verberie, Néry et Gilocourt. Si je compte 6 mois de dépouillement par paroisse, j’ai du travail pour les 2 ans à venir !


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Pour aller plus loin :


           

mardi 21 janvier 2014

La vie continue ...


Le 13 janvier 1704, la petite église de la paroisse de Béthisy Saint Pierre est en effervescence. En effet, ce matin, Jacques Potier, le curé de la paroisse va procéder au baptême de la fille de Jean Choron, filassier et de Marie Anne Cadot son épouse. La petite fille est née dans la nuit, et à peine sa toilette de nourrisson faite, elle est emmaillotée et confiée à la jeune Marie Catherine Baudequin, qui va devenir sa marraine dans quelques heures et à Charles Thomas, le futur parrain.

Comme ils sont encore jeunes, ils sont accompagnés de leurs parents. Ensemble, ils vont rejoindre l’église où les attend le père Potier. C’est un homme dans la force de l’âge qui va bientôt fêter ses 44 ans. Il sourit en voyant arriver les deux compères car il se souvient qu’il n’y a pas si longtemps, c’était eux qui étaient portés sur les fonts baptismaux …

Baptême - crédits www.geneprovence.com


Les quelques proches entrent vite dans l’église car dehors il fait un froid glacial. La cérémonie peut commencer et une heure après, le prénom de Catherine est imposé à la petite fille par son parrain et sa marraine qui font leur marque sur le registre, le clerc de la paroisse, Sébastien Loyauté, ne les ayant pas encore vu dans son « école » si on se permet cet anachronisme.

Le nourrisson est vite rendu à sa mère et la fête commence. Le bébé a de bonnes joues. C’est le quatrième enfant du couple et sa mère sait, en la regardant alors qu’elle tête goulument qu’elle vivra.

En revanche, alors que l’église s’est vidée, le père Potier se sent soudainement mal. Un frisson glacial lui parcourt le dos, mais mettant cela sur le coup du froid hivernal, il ne s’inquiète pas outre mesure. Il rentre donc dans sa cure où un bon feu l’attend.

Les jours passent sans qu’aucun événement particulier ne vienne troubler la vie de la paroisse. Pourtant l’état de santé de Jacques Potier se dégrade. Il tremble de partout, il a de la fièvre et ni les saignées proposées par Maître Lorain, le jeune chirurgien de la paroisse, ni les décoctions préparées par la sage-femme n’arrangent les choses.

Le 21 janvier au petit matin, il y a exactement 310 ans aujourd’hui, on appelle maître Chambellan, le curé de la paroisse voisine de Béthisy Saint Martin, car on pense que le bon curé va passer et retrouver son maître. La matinée se passe dans la prière, le père Chambellan ayant administré à son ami le sacrement des malades.
La dernière image que Jacques Potier verra de ce monde sera ce baptême fait une semaine auparavant. Quel ironie, il venait d’offrir une nouvelle âme à Dieu et voilà qu’il doit rendre la sienne …
Avant midi, le père Potier n’est plus et on procède alors à son inhumation.

L'église où est inhumé le père Potier


Les pasteurs circonvoisins (entendre ici les curés) sont venus pour assister à la mise en terre de leur ami et frère. Celui-ci aura le privilège d’être enterré dans le chœur de cette église qu’il aimait tant.

La foule est nombreuse tant le père était apprécié. On aperçoit même, au premier rang, les deux notables les plus importants de la paroisse, maître Michel Carrier, procureur en la châtellenie de Béthisy Saint Pierre et Verberie, accompagné de son épouse Damoiselle Anne Brulant, et maître Jean Bergeron, notaire et greffier de la prévôté de Béthisy, également accompagné de Damoiselle Elisabeth Agnès Pincemaille son épouse.

Mais il va maintenant falloir gérer la suite car il ne serait question de laisser la cure vacante.

Alors on s’organise et dans un premier temps, c’est le fidèle Chambellan qui s’occupe de la paroisse de Saint Pierre, en plus de celle de Saint Martin, mais tout cela ne peut pas durer. C’est pourquoi 2 semaines plus tard c’est un religieux de l’Ordre de la Sainte Trinité qui réalise un baptême. Puis, le père Jean-Baptiste Brusset, religieux Franciscain prend le relais, en attendant que l’évêché ait trouvé un remplaçant au curé décédé.

Il faudra attendre le 23 mars, soit près de 2 mois, pour qu’enfin, le père Tesselette soit installé comme curé à Béthisy Saint Pierre.
Seulement voilà, ce nouveau et jeune curé le fait pas l’unanimité et très vite, les incidents se multiplient. Ainsi, lors des baptêmes du mois de juillet se feront sans les pères des enfants pour une raison pour le moins étonnante : à chaque fois, le père a tout simplement refusé d’être présent et de signer l’acte de baptême.

Mais le temps passe et il paraît que le temps de l’Eglise n’est pas celui des Hommes, et les choses s’arrangent doucement.

Quelques années plus tard, le père Tesselette disparaîtra à son tour et une grande foule viendra à ses obsèques, mais c’est une autre histoire …

Epilogue : encore une fois, je me suis essayé à la narration pour tenter de donner un peu de vie dans cette paroisse à la fin du règne de Louis le Grand. Les personnages cités ainsi que les faits mentionnés sont parfaitement réels et vérifiables sur les registres paroissiaux de  Béthisy Saint Pierre (Oise), à l’année 1704 (côte EDT2/1E4, vue 73).
Si j’ai pu donner un peu de consistance aux personnages cités, c’est en particulier grâce au dépouillement que j’effectue en ce moment des registres de cette paroisse. Les personnages de Michel Carrier, procureur et de Jean Bergeron, notaire sont très réels et semblent bien être les notables de la ville à cette époque.


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Pour aller plus loin :
           

mardi 14 janvier 2014

Un mariage invisible


Le sujet de ce mois est l’entraide. Cela tombe bien car mon blog a pour objet de venir en aide aux généalogistes débutants (ou non) qui se demandent comment faire pour démarrer ou pour résoudre un problème qui se pose à eux.

Mais voilà, il arrive que le destin se joue de nous et nous donne quelques leçons d’humilité !

C’est le cas du mariage de Pierre Joseph Leclerc avec Victoire Comédé.

J’ai déjà eu le plaisir d’évoquer ce mariage il y a plusieurs mois de cela, mais voici aujourd’hui où j’en suis.

Quand la généalogie se transforme en casse-tête ...


Tout commence dans le département de la Loire à Saint-Etienne avec le mariage de Pierre Joseph Leclerc, drapier de son état, avec Marie Desfond, héritière d’une dynastie de forgeurs de fiches, les ancêtres de nos gonds. Ce mariage a lieu à Saint-Etienne le 19 février 1798, ou 6 ventôse de l’an VI de la République.
Jusque là, rien que de très classique. Sauf que dans l’acte de mariage, il est dit que ledit Pierre Joseph Leclerc était le fils de feu Pierre Joseph Leclerc et de feue Victoire Comédé, et qu’il était vivant de droit en la commune de Beauvais, dans l’Oise !

Je n’épiloguerai pas sur les raisons qui ont menées le jeune Pierre Joseph de Beauvais à Saint-Etienne, mais j’étais finalement assez heureux de trouver cette origine picarde dans la mesure où les enfants de ce couple donneront mon grand-père paternel qui a épousé, une fille originaire de l’Oise ! Un curieux clin d’œil du destin en somme …

Mais, sans doute était-ce le prix à payer, j’allais tomber sur un cas, non encore résolu à ce jour et qui met, à chaque fois que je m’y penche, mes nerfs à rude épreuve …

En effet, fort de cette information, me voilà plongeant dans les archives de Beauvais. Il faut dire que je n’aime pas trop fouiller dans les archives des grandes villes car cela prend énormément de temps, mais bon, l’Ancien Régime étant composé d’une multitude de paroisses, je pouvais ramener ma recherche sur Beauvais en plusieurs recherches sur des paroisses plus modestes.
D’après son acte de mariage Pierre Joseph Leclerc était né vers 1768, estimation confirmée par son acte de décès. Par ailleurs, le même acte de mariage indiquait que son père et sa mère étaient décédés en 1798.
De plus, le patronyme de Comédé n’étant a priori pas courant (beaucoup moins que Leclerc en tout cas), je pensais que cette histoire allait être vite pliée.

L’étude des tables décennales et des registres d’état-civil de la commune de Beauvais m’apprirent que Pierre Joseph Leclerc père était décédé à l’Hospice du Malheur (ainsi baptisé pendant la période Révolutionnaire …) le 11 Ventôse de l’an III (1er Mars 1795) à l’âge de 75 ans. Il a donc dû naître vers 1720, ce qui signifierait qu’il a eu son fils à l’âge de 48 ans. Tardif, mais pas impossible.
Quant à Victoire Comédé, elle est également décédée au même Hospice du Malheur le 4 Messidor de l’an IV (22 juin 1796) à l’âge de 64 ans. Elle est donc née vers 1732, et aurait donc eu son fils à l’âge de 36 ans, ce qui est possible.

Sous l’Ancien Régime, Beauvais comptait pas moins de 14 paroisses :

  • Saint-Pierre, dite Notre-Dame-de-la-Basse-Œuvre
  • l’Hôtel-Dieu
  • Notre-Dame-du-Chatel
  • Saint-André
  • Saint-Etienne
  • Saint-Jacques
  • Saint-Laurent
  • Sainte-Madeleine
  • Sainte-Marguerite
  • Saint-Martin
  • Saint-Quentin
  • Saint-Sauveur
  • Saint-Thomas
  • Saint-Vast


Même si je retire Notre-Dame-du-Chatel qui cesse d’exister en tant que tel à la fin du XVIIème siècle et Saint-Vast qui n’a d’enregistrements que jusqu’à la moitié du XVIIIème siècle, cela me laissait quand même 12 paroisses à éplucher !

Alors, prenant mon courage à deux mains, c’est ce que j’ai fait et j’ai trouvé 4 choses intéressantes :

  • Leclerc était un patronyme finalement pas si courant que cela
  • Comédé était un patronyme effectivement très rare
  • une Louise Victoire Comédé vivait à la période considérée
  • le couple Pierre Joseph Leclerc – Victoire Comédé a eu au moins deux enfants dans la paroisse de Saint-Martin, Marie Anne Félicité née le 3 mars 1767 (mais décédée le 28 mai 1769) et Jean Philippe né le 21 août 1769


Problème, Louise Victoire Comédé sur laquelle je fondais mes espoirs avait épousé Eustache Henry le 2 mai 1752 en la paroisse de Saint-Etienne, Eustache Henry qui était toujours vivant en 1769, puisque c’est l’année où le couple voyait la naissance d’une petite fille … Ma Comédé ne pouvant être bigame, cette piste disparaissait.

Par ailleurs, l’étude approfondie des registres de la paroisse Saint-Martin ne m’a permis de trouver aucune autre naissance du couple Leclerc-Comédé que ces deux enfants. Et leurs dates de naissances étant séparées de 17 mois et quelques jours, il me semble compliqué d’y inclure une naissance entre les deux …

Enfin, la profession de manouvrier exercée par Pierre Joseph Leclerc père laissait craindre le pire. En effet, par nature c’était une profession instable et les personnes l’exerçant allaient là où on avait besoin d’eux, ne disposant généralement pas de terres en propre permettant de les fixer dans une paroisse …

L’examen des paroisses avoisinantes n’a rien donné et la recherche sur Généanet du patronyme Comédé n’a rien donné non plus !

Bref, un mariage invisible doublé d’une naissance introuvable.

J’ai pour lors deux hypothèses :

  • le couple n’est absolument pas originaire de Beauvais, mais y est allé pour des raisons professionnelles, ce qui signifie que je vais devoir aller encore fouiner dans d’autres paroisses situées aux alentours de Beauvais, en étudiant toutes celles situées, disons à une journée de marche …
  • le garçon prénommé Jean Philippe et né en 1769, serait en fait mon Pierre Joseph qui aurait pris le prénom de son père en son hommage, étant parti vivre très loin de chez lui. On notera que même si cette hypothèse s’avère, cela ne résoudra pas mon problème de mariage …


Donc, s’il y a des âmes charitables ayant, soit étudié les patronymes Comédé et Leclerc dans la région de Beauvais, soit dans des régions plus lointaines, je suis preneur ! Et si des dépouillements de communes entourant Beauvais ont été effectués, cela l’intéresse de le savoir, cela me fera gagner du temps !

Un grand merci d’avance !


Pour aller plus loin : 

           

mardi 7 janvier 2014

Dépouiller les registres d’une paroisse


J’indiquais dans mon précédent article consacré à mes objectifs 2014 que j’allais réaliser le dépouillement des registres paroissiaux de Béthisy Saint Pierre dans l’Oise. La raison pour laquelle je me suis lancé de défi est simple : en effectuant des recherches sur mon ascendance dans cette paroisse j’ai réalisé qu’un grand nombre d’ancêtres y vivaient et que plutôt que de ne noter que les informations relevant de ma famille, j’aurais plus vite fait de tout relever ...

Erreur fatale !

Je venais sans le savoir de me lancer dans une aventure à la fois passionnante et chronophage.

Crédits : site du CG de l'Indre


Avant d’entrer dans le vif su sujet, je tiens à faire une remarque préliminaire. Je vais publier chaque semaine l’état d’avancement de mes recherches. Etant donné que les registres disponibles vont de 1617 à 1792 avec des lacunes pour les années 1662 à 1668 et 1692 à 1693, cela va me faire 167 années à dépouiller.
Si je travaille au rythme d’une année par jour, cela va m’occuper 6 mois !
Toujours à propos de chiffres, les 13 années pour lesquelles j’ai déjà relevé les Baptêmes, Mariages et Sépultures me donnent une moyenne de 32 baptêmes, 6 mariages et 30 sépultures par an. Cela me fera donc environ 5 300 baptêmes, 1 000 mariages et  5 000 sépultures à relever scrupuleusement (au moment où j’écris ces lignes, je réalise que jamais je n’aurais dû faire ce calcul !).

Quelle est la méthodologie que je suis ?

1/ Définir la période de temps

Les recherches que j’effectuais se déroulaient au débit du règne de Louis XV (vers 1727), je me disais donc au départ que j’allais me cantonner à ce règne (soit près de 50 années tout de même). Mais appliquant le principe de continuité de la royauté, je me suis dit que disposant des archives, je pourrais tout aussi bien pousser jusqu’à la fin de Louis XVI et remonter au commencement des registres, soit le tout début du règne de Louis XIII en 1617.

Après réflexion, je me dis qu’il faut relever tout ce qui est disponible, et faire le tri ensuite. Au moins, on n’est plus tenter de rajouter une année de recherche … C’est certes plus long, en relevant les actes sur 175 années, j’aurais environ 7 générations disponibles, de quoi ébaucher une histoire de cette paroisse et surtout de ses habitants.

2/ Pourquoi faire un relevé exhaustif

La question est finalement assez pertinente car dans le fond, on pourrait tout aussi bien chercher dans les travaux réalisés par d’autres généalogistes sur les branches qui les concernent. Seulement on pourrait oublier quelques personnes au passage ou louper des événements locaux de première importance car jugés non intéressants par les généalogistes concentrés sur leur famille.
Par exemple, en 1739, le curé donne le nom et l’âge de 76 enfants qui ont reçu le sacrement de confirmation donné par l’évêque nouvellement installé à Soissons. Information inestimable permettant de confirmer que ces personnes étaient toujours vivantes et demeurant à Béthisy Saint Pierre en cette année.

Et puis, on ne se refait pas, j’ai une formation d’ingénieur et disposer d’un grand nombre de données (pensez donc, plus de 11 000 actes, soit plus de 45 000 noms de personnes …) permet de faire des statistiques dans tous les sens : mortalité infantile, âge des mariages, taux de remariage, taux d’endogamie (mariage d’un homme et d’une femme du même lieu), taux de consanguinité, liens entre enfant et ses parrain et marraine, professions, etc.

Et puis, le plus important, sera l’évolution de la population avec les apports de l’extérieur, mais également les départs vers d’autres paroisses.

Bref, outre que cela va sacrément enrichir la généalogie de cette branche car cela va permettre de situer mes ancêtres dans leur milieu, cela va surtout permettre de montrer (ou non) qu’il y avait un grand nombre de cousins dans cette paroisse …

3/ Méthodologie

J’ai décidé de tout relever !

J’ai donc un fichier Excel à 4 onglets :
  • un onglet consacré aux baptêmes
  • un onglet consacré aux mariages
  • un onglet consacré aux sépultures
  • un onglet consacré aux événements particuliers

Pour les baptêmes, je relève :
  • la période du document (par exemple, les registres des années 1727 à 1747)
  • la vue du registre numérisé
  • la date de l’événement
  • le nom de l’enfant (NOM Prénom)
  • le sexe de l’enfant (M, F ou ?, ? étant pour les rares cas où l’enfant est né sans vie et son sexe n’est pas précisé ni suggéré)
  • la date de la naissance si elle est précisée
  • le nom du père (NOM Prénom)
  • la profession du père
  • le nom de la mère (NOM Prénom)
  • la profession de la mère
  • le nom du parrain (NOM Prénom suivi de sa filiation ou des informations le concernant)
  • le nom de la marraine (NOM Prénom suivi de sa filiation ou des informations le concernant)
  • des notes (enfant ondoyé, etc.)

Je parle de NOM, mais pour des raisons de clarté, j’ai utilisé l’orthographe tardive du nom, c’est-à-dire celle qui est fixée au XIXème siècle. En effet, si des patronymes come CHORON ou CARON sont inchangés depuis le XVIIème siècle, j’ai des EMERY qui deviennent des ESMERY ou des COLLAS qui évoluent en COLAS pour redevenir COLLAS ou CREILLY qui devient CRELLY, et ainsi de suite. Cela permet d’automatiser les recherches, les puristes pouvant se reporter à l’acte grâce à l’indexation fournie …

Pour les mariages, je relève :
  • la période du document (par exemple, les registres des années 1727 à 1747)
  • la vue du registre numérisé
  • la date de l’événement
  • le nom de l’époux (NOM Prénom)
  • l’âge de l’époux
  • la profession de l’époux
  • le nom de son ex-femme si celle-ci est décédée suivi du quantième de noces (par exemple LECLERC Marie est veuve de CHORON Martin son mari en 1ères noces)
  • le nom du père de l’époux (NOM Prénom suivi de toutes les informations données par le registre)
  • le nom de la mère de l’époux (NOM Prénom suivi de toutes les informations données par le registre)
  • la paroisse de l’époux
  • les mêmes données pour l’épouse
  • les noms des témoins (ceux figurant en clair sur le registre, et ceux relevés d’après les signatures)
  • des notes (degré de parenté, mariage dans une autre paroisse, etc..)

Pour les sépultures, je relève :
  • la période du document (par exemple, les registres des années 1727 à 1747)
  • la vue du registre numérisé
  • la date de l’événement
  • le nom du décédé (NOM Prénom)
  • le sexe du décédé (M ou F)
  • l’âge du décédé
  • la date du décès quand elle est indiquée
  • le nom de la personne dont le (la) décédé(e) était le veuf (la veuve) (NOM Prénom)
  • le nom de la personne dont le (la) décédé(e) était le mari (la femme) (NOM Prénom)
  • le nom des parents du décédé (NOM Prénom du père suivi des informations disponibles et NOM Prénom de la mère suivi des informations disponibles)
  • des notes (enterrement dans l’église, circonstances du décès, etc..)

Comme on peut le constater cela fait beaucoup d’informations à saisir, mais je crois que le jeu en vaut la chandelle car je disposerai alors d’une base très complète.

4/ La suite ?

Lorsque j’aurai terminé le travail de saisie, interviendra celui de l’analyse !
Je compte étudier les liens familiaux entre les habitants de cette paroisse et dresser une cartographie de cette population rurale au sein de laquelle on trouve un grand nombre de chanvriers et de manouvriers, mais également de marchands spécialisés (marchands chanvriers, filassiers, merciers, drapiers, fripiers, etc..).

Et puis, je compte bien partager ce travail avec les généalogistes amateurs ou pas, voire avec la commune actuelle de Béthisy Saint Pierre car après tout, j’ai tellement apprécié de trouver ce genre de document lors de mes recherches que j’estime que la moindre des choses est d’apporter à mon tout ma contribution !


Et vous, avez-vous fait de pareils relevés ?



Pour aller plus loin :


           

vendredi 3 janvier 2014

Quels objectifs pour 2014 ?


Lorsque j’ai publié il y a quelques temps le bilan de mon année généalogique 2013, j’ai réalisé avec effroi que je n’avais quasiment rien fait de ce que j’avais imaginé en début d’année. Alors les résolutions de début d’année sont-elles bonnes à jeter aux orties ou ont-elles un sens ?

En fait je pense qu’il faut rester raisonnable et se fixer un nombre limité d’objectifs faute de quoi on court le risque de se trouver dans ma situation de fin décembre. Par ailleurs, le fait de se fixer moins d’objectifs que ce qu’on pense pouvoir réaliser a l’avantage de laisser des trous dans son emploi du temps, trous qui seront rapidement bouchés par les aléas qui ne manqueront pas de se présenter en cours d’année …



Alors, comment faire le tri entre les objectifs qu’on VEUT tenir et ceux qu’on PENSE tenir ? Pour ma part, j’ai opté pour une méthode simple : qu’est-ce qui me tient réellement à cœur ?  C’est évidemment plus facile à dire qu’à faire car la généalogie étant une histoire de passion, a priori, tout sujet s’y rapportant nous tient à cœur. J’ai donc opté pour une grille de lecture simple : ce qui me tient à cœur est ce qui me touche personnellement.

J’ai donc décidé de me fixer 3 objectifs pour cette année  (il paraît que le chiffre 3 est très employé dans la communication …) :
1/ effectuer le relevé des registres paroissiaux de la paroisse de Béthisy Saint-Pierre
2/ participer au challenge AZ de Sophie cru 2014
3/ effectuer le relevé des enfants abandonnés sous l’Empire de l’Hospice des Pauvres de Beauvais

Béthisy Saint Pierre contient un grand nombre de mes ancêtres à l’époque de Louis XV et il se trouve qu’à part quelques lacunes, ils sont disponibles depuis 1617. De quoi donc faire de belles trouvailles si j’en crois les premiers relevés que j’ai effectués (années 1727 à 1735) : j’y ai trouvé des enfants mis en nourrice, des baptêmes d’enfants de parents RPR (je pense que le lecteur averti aura compris qu’il ne s’agit pas un anachronisme de ma part, mais bien de parents pratiquant la Religion Prétendument Réformée), etc..
Je vais donc commencer par le relevé systématique de tous les baptêmes, mariages et sépultures avec le maximum d’informations pour tenter (en 2015 ?) de dresser une cartographie de cette paroisse sous les règnes des 4 Louis (XIII à XVI) …

Le Challenge AZ m’a permis l’an dernier de faire travailler un nombre inhabituel de neurones et j’ai trouvé l’exercice épuisant mais passionnant. J’ai déjà une idée du thème que je vais aborder …
Et puis cela m’a permis de découvrir des généablogueurs et de découvrir des histoires ou des informations que j’ignorais, donc rien que pour ça, je vais replonger en 2014 !

Bien que n’étant absolument pas Pupille de la Nation ou abandonné, j’ai découvert les destins terribles de ces petits enfants l’an dernier en cherchant des ancêtres à Beauvais. Ce qui m’a le plus troublé est sans doute la façon dont les officiers de l’état-civil décrivaient les vêtements portés par l’enfant abandonné et parfois les circonstances dans lesquelles l’abandon avait eu lieu.
Etant père moi-même je peux très facilement me projeter et c’est pour cela que j’ai souhaité faire remonter à la surface de nos mémoires ces petits enfants dont la plupart n’ont vécu que quelques années voire quelques mois, dans des conditions que j’imagine terribles !


Voilà donc le programme des réjouissances 2014, sans oublier le reste : un temps sera réservé à la Première Guerre, centenaire oblige, j’aurais également quelques photos à commenter, ayant découvert il y a quelques jours un stock de photographies anciennes du côté de mon épouse, ma généalogie et celle de mon épouse vont forcément s’enrichir de quelques éléments, bref, beaucoup de travail en perspective, mais comme le dit l’autre : quand on aime, on ne compte pas !

Et vous, prêt(e)s pour cette année 2014 ?



Pour aller plus loin :