mardi 29 octobre 2013

La généalogie autrement


Quand on a la chance d’avoir des ancêtres titrés, on a la possibilité de remonter assez loin dans ces branches. La raison en est simple : non seulement ces personnages étaient suffisamment fortunés pour laisser des traces tangibles (donations à des abbayes, bénédictions de cloches, etc.), mais ils avaient également la possibilité de s’allier avec des familles prestigieuses et donc de participer très activement à la vie de leur époque.

Seulement voilà, tout le monde sait que les registres d’état-civil sont parcellaires en-deçà des années 1650 et quasiment inexistants un siècle avant, et les actes notariés ne sont pas vraiment plus importants à ces époques reculées.

Alors, que faire ?

Richard Coeur de Lion, un des instigateurs de la 3ème croisade


Et bien, il faut se mettre à lire ! A lire les récits historiques, les chroniques, les synthèses faites par des érudits, les cartulaires, etc.. Bref, il faut se plonger dans toute la littérature concernant non pas nécessairement votre ancêtre, mais en tout cas les lieux où il a vécu ou où ont vécu ses collatéraux. Alors, peut-être, au détour d’une biographie, vous trouverez des informations qu’il vous faudra collationner précieusement, en attendant de pouvoir la recouper avec d’autres données.

Ainsi, j’ai par exemple trouvé un texte dans lequel un certain Pierre le Porc, chevalier de son état, faisait partie des 108 chevaliers du Maine partis pour la 3ème croisade en 1192. Il est cité nommément dans la liste et il semble qu’il soit revenu vivant de cette escapade en Orient. Or il était originaire d’une paroisse très proche de celle d’où un de mes ancêtres, Bertrand le Porc vivait au début du XVème siècle. Ce Bertrand le Porc avait épousé Isabeau Bénéhard qui avait apporté la terre de la Bénéhardière à son mari, terre qui fut transmise à sa fille Guillemette. Cette Guillemette qui l’apporta à Guillaume de Chalus, son mari, qui est celui jusqu’où les généalogistes du procès en réformation de 1668 étaient remontés pour justifier de la noblesse de son descendant René de Chalus.
Il est donc probable que ce Pierre le Porc de 1192 était un ancêtre de mon Bertrand le Porc, ce qui, si cela s’avérait, me permettrait de faire un bond phénoménal dans le passé !

Un autre exemple provient d’un ouvrage édité par la Commission Archéologique du Maine. Il regroupe différents procès-verbaux concernant différentes familles. C’est ici que j’ai découvert qu’un de mes ancêtres de Chalus avait fait construire une forteresse au nom de la Ligue et qu’en 1598, il avait été « pardonné » par Henri IV pour son engagement auprès de la famille de Guise …

Toujours dans le même ouvrage, je lis la notice suivante au sujet de Michel de Chalus :


« Michel de Chalus, écuyer, seigneur des Haies de Chalus et de la Viennais, habitait le château de la Bénéhardière, y tenant la maison d’orphelins dont il était tuteur, enfants de Guillaume de Chalus, son frère aîné, et de Magdelaine de Guineuf. Guillaume et Michel étaient fils de Jean, seigneur de Chalus et de la Bénéhardière, et de deux femmes différentes, Renée du Vergier et Jeanne de Roumoulin. Michel est l’auteur de la branche de la Poupardière, dont de nombreux rejetons apparaissent très souvent aux registres de la Baconnière, et qui est encore représentée par les de Chalus de Bretagne. »


Outre le fait que ce Michel de Chalus est mon ancêtre direct et le sosa 97 600 de mes enfants, j’ai découvert un peu plus d’informations sur lui que ce que j’avais à l’époque. Je lui ai découvert le rôle de tuteur de ses neveux, j’ai appris le nom de sa belle-mère (Jeanne de Roumoulin) et j’ai eu la totalité de ses titres.
De quoi compléter sa fiche sur mon arbre.

Toutes ces informations sont disponibles gratuitement en en ligne sur le site de la BNF, Gallica.fr et cette ressource est d’une richesse infinie. Car j’ai donné deux exemples de personnages, mais il existe également des documents sur les lieux qui peuvent permettre de compléter utilement une généalogie.

Donc, pour celles et ceux qui n’en seraient pas convaincus, il existe beaucoup d’autres choses que les registres paroissiaux et les actes notariés …

Et vous, utilisez-vous ces sources alternatives pour compléter votre généalogie ?



Pour aller plus loin :
           

mercredi 23 octobre 2013

Question de nombres ...

Depuis que je fais de la généalogie, j’ai toujours été frappé de voir à quel point les nombres étaient des données importantes. En effet, les premiers nombres auxquels on est confronté sont les dates. Qu’il s’agisse de dates de naissance, de mariage ou de décès, ce sont des nombres qui nous permettent de situer l’action dans le temps.

Mais aussi, au détour d’un acte on trouve un autre nombre qui est l’âge de la personne concernée ou de témoins de l’événement. On a donc à ce moment deux sortes de nombres, que je qualifierais d’absolus (pour les dates) et de relatifs (pour les âges).



Le lien entre ces deux dates est évident car à partir d’un âge on peut en déduire une date et réciproquement. Seulement, le niveau de précision est différent puisque les âges sont souvent approximatifs et ne permettent en général que de définir une tranche de dates, ce qui revient à dire qu’un âge permet de trouver plusieurs dates.

Cette considération technique passée, il y a un autre phénomène qui me semble intéressant et qui concerne la façon dont on présente les nombres qu’on a à sa disposition.

En effet, si on prend par exemple le cas de René de Chalus, un de mes ancêtres qui vivait au Grand Siècle.

Il est né le 7 mars 1630 à la Baconnière (Mayenne), y a épousé Perrine le Bourdais le 23 novembre 1649 et y est décédé le 13 mai 1675. De son mariage sont nés 9 enfants :
  • Renée, née le 5 février 1652 et décédée le 27 juillet 1695
  • Pierre, né le 2 novembre 1653 et décédé entre 1726 et 1730
  • René, né le 12 juillet 1656 et décédé le 15 février 1681
  • Perrine, née le 10 avril 1659 et décédée le 22 janvier 1730
  • Jean, né le 2 octobre 1661 et décédé le 3 février 1721
  • Jeanne, née le 6 août 1664
  • Jacques, né le 6 janvier 1667
  • Antoinette, née 17 janvier 1668 et décédée le 19 septembre 1719
  • François, né le 18 octobre 1670 et décédé après 1700

Il s’agit là d’une présentation classique d’une généalogie descendante sur deux générations sur laquelle on retrouve les dates.
Maintenant, si on convertit l’ensemble en âges, qu’on peut déterminer précisément puisqu’on connaît les dates, on obtient que René de Chalus s’est marié à 19 ans et qu’il est décédé à 45 ans et qu’il a eu son premier enfant à l’âge de 22 ans et son dernier à l’âge de 37 ans.

On peut compléter l’ensemble par une vision des enfants en écrivant que sa fille aînée avait 23 ans au décès de son père tandis que son fils benjamin n’en avait que 5. La mort du père a donc laissé 5 enfants en bas âge orphelins, puisque Jean avait 14 ans, Jeanne avait 11 ans, Jacques en avait 8, Antoinette en avait 7 et François en avait 5.

Et ainsi de suite.

L’autre point qui me semble important est que cette façon de mixer les dates et les âges permet de créer une proximité avec nos ancêtres. Je m’explique.

J’ai 47 ans et mes enfants ont respectivement 10, 8 et 4 ans (je passe sur les mois).  J’ai donc à l’heure actuelle une vision très claire de ce que signifient ces âges. Et quand je traduis le fait que Jacques de Chalus avait 8 ans au décès de son père et que ledit René de Chalus est décédé à  45 ans, cela me parle beaucoup plus, car je peux me projeter facilement.

Ainsi, le fait de présenter ses ancêtres non pas en les résumant à quelques dates, mais en traduisant ces dates par des âges nous permet de mieux les appréhender. Et tout l’intérêt est de décliner cette méthode sur plusieurs générations, ce qui permettra par exemple de (re)découvrir que votre aïeul a été grand-père à 42 ans ou qu’il a perdu deux enfants alors qu’il n’avait de 25 ans …

Les nombres sont froids, mais ils permettent paradoxalement de donner de la chaleur à une généalogie …

Et vous, avez-vous déjà fait cet exercice ?

Pour aller plus loin :


           

mardi 15 octobre 2013

Une vie en Mayenne ...


Je m’appelle Jean, comme mon grand-père, et je suis un enfant de la Révolution Française. Pour être plus précis, je suis né le 22 nivôse de l’an VIII, mais à la maison on disait le 23 janvier 1800. Il faut dire que nous ne les aimons pas trop ces bleus. Ils ne sont pas passés  loin de chez nous il y a quelques années et ont massacré la population, à ce qu’on raconte.

Mon père Pierre m’a raconté comment, alors âgé de 20 ans, il a appris qu’à Paris le peuple avait pris le pouvoir. Quand il était enfant, notre pays était un royaume, et le roi, Louis le seizième régnait depuis ses 6 ans. Mais tout a basculé en 1789 et lorsqu’il a rencontré ma mère et qu’ils se sont mariés le 6 thermidor de l’an II, ce n’est pas monsieur le curé qui a béni leur union, mais c’est le citoyen le Genisset qui en a rédigé l’acte.
Ma sœur Françoise est née 3 ans plus tard et c’est donc en nivôse VIII que j’ai vu le jour.

L'église de Placé (53)


La Révolution semblait terminée car un général du nom de Bonaparte prenait de plus en plus d’importance et voulait mettre un peu d’ordre dans cette cacophonie. D’ailleurs, le 18 brumaire de l’année de ma naissance, il a pris effectivement le pouvoir. Les années qui ont suivi ont vu partir beaucoup de jeunes de la commune de Placé en Mayenne où je suis né et heureusement que mon père avait 32 ans en 1800 et qu’il nous avait ma sœur et moi, sinon, il y a fort à parier qu’il serait parti grossir les rangs de la Grande Armée.

Alors que la vie de mon père a basculé en 1789 lorsqu’il avait 21 ans, la mienne a changé à mes 15 ans, lorsque pour la seconde fois, notre Empereur a été défait et qu’il a dû abdiquer. Ironie de l’histoire, c’est le frère du roi déchu en 1789 qui est remonté sur le trône … Je devenais alors sujet d’un roi dont on moquait facilement l’embonpoint …

L’ordre semblait rétabli et une vie sereine de cultivateur m’attendait mais je dois dire que je me souviendrai toute ma vie des années 30 car 4 événements majeurs ont marqué cette décennie.

Tout d’abord, le dernier frère du roi Louis, Charles le dixième du nom a dû quitter le trône en 1830. Je n’ai jamais aimé la politique, comme mon père d’ailleurs : il fut en effet une époque où on pouvait risquer sa vie à trop exposer ses idées. A force, j’ai donc fini par me concentrer sur ma vie de tous les jours et tout faire pour que mon métier me rapporte suffisamment pour faire vivre ma famille correctement.
En 1830 donc, un nouveau roi est arrivé. Chez nous, cela n’a au aucune conséquence, si ce n’est quelques changements à la mairie, mais nous sommes bien loin de Laval, alors ne parlons pas de Paris …

Louis Philippe Ier - Roi des Français


Ensuite, le 5 août 1833, j’ai enfin pu épouser Jeanne, la fille de René Gaudinière et de Jeanne Launay. Elle est plus jeune que mois de 7 ans, mais je pense que la différence d’âge a rassuré mon beau-père qui désirait qu’un homme vaillant épousât sa fille. Quant à mes parents, ils sont satisfaits car je vais pouvoir agrandir les terres possédées par la famille grâce à la dot de Jeanne.
Mais je pense qu’au-delà de ces aspects pratiques et financiers, ce qui a joué en ma faveur c’est que nos pères se connaissent et se respectent, ayant quasiment le même âge et ayant donc vécu les mêmes choses …

Après, lorsqu’au début du printemps 1834, Jeanne m’annonce qu’elle est enceinte, je suis fou de joie. Je vais enfin devenir père et être en mesure de transmettre à mes enfants ce que j’aurai acquis et appris. Quelques mois après, le 18 octobre, naît un fils que je nomme Jean-Baptiste. Nous n’avons pas de Jean-Baptiste dans la famille, mais ce nom a une signification particulière pour moi sur laquelle je ne m’étendrai pas. Après tout, il faut bien que celles ou ceux qui retraceront mon parcours dans le futur aient un peu de grain à moudre …
Deux ans plus tard, Aimée Virginie viendra agrandir notre famille. C’est une fille et c’est très bien comme ça. J’ai décidé avec mon épouse que nous allions lui donner la meilleure éducation possible car elle doit pouvoir être suffisamment autonome dans la vie, surtout en ces temps incertains assez instables politiquement. C’est à l’occasion de discussions avec Jacques Arneau qui est le nouvel instituteur de notre bourg, que j’ai acquis la conviction que l’éducation ne devait pas se limiter aux garçons.

Enfin, cette décennie qui s’annonçait sur un plan personnel sous les meilleurs auspices s’est obscurcie soudainement avec le décès de ma mère. Françoise née Mellier décède en effet le 29 novembre 1837 à l’âge de 71 ans. A 2 semaines près, elle aurait eu 72 ans, mais Dieu en a décidé autrement.
Elle va me manquer car c’est quand même grâce à elle que je suis ici et je dois avouer qu’elle va aussi manquer à ma chère Jeanne avec laquelle elle s’entendait fort bien. Mon père, bien qu’il se doutât que ce moment aller arriver un jour, a quand même été très affecté du décès de son épouse. Après tout, ils ont traversé tellement d’épreuves ensemble : quand la Révolution est arrivée aux portes de notre paroisse avec les troupes de bleus, quand l’Empire a laissé penser que la guerre serait permanente, …
Il n’est pas venu à la Mairie pour déclarer le décès de ma mère, c’est mon ami Jacques Arneau et moi-même qui y sommes allés. Allez, maintenant, il va falloir s’occuper du père puisqu’il va quand même sur ses 70 ans et qu’il est seul …

(…)

Mais la vie continue et j’ai eu la joie d’avoir deux enfants de plus, Pierre Joseph René qui est né le 13 novembre 1838 et le petit dernier, Eugène François qui est né le 9 août 1845. Malheureusement, mon pauvre père n’aura pas connu le petit Eugène car il s’est éteint le 30 décembre de l’année précédente. Ce n’est pas moi qui suis allé à la mairie cette fois, car j’étais parti quelques jours avec Jeanne et les enfants pour aller voir sa mère qui vit à Montflours, à quelques lieues d'ici (j'ai décidément du mal à me faire à ces "kilomètres").

La vie continue de s’écouler paisiblement entre deux nouvelles étonnantes : après que nous avons remis sur le trône le descendant de celui qui avait voté la mort du roi, voici que nous sommes retournés en république avec comme président, je vous le donne en mille : le neveu  de l’empereur déchu presque 30 ans plus tôt … Il ne manquerait plus que nous redevenions un empire !

(…)

J’avais décidé de faire une pause dans mes mémoires, mais ce que je pressentais s’est produit hier : le Prince-Président est désormais l’Empereur Napoléon III … Les Français sont fous ! Où cela va-t-il nous mener ?

Napoléon III - Empereur des Français


(…)

Pour mes 60 ans, ma chère Jeanne m’a fait une surprise : elle m’a amené à Laval et là m’a présenté à un homme qui nous a proposé à elle et moi de nous tirer le portrait. Evidemment, j’ai râlé en disant à Jeanne que ce n’était pas de mon âge et que ces « photographies » n’allaient que montrer à ma postérité la décrépitude de mon corps vieilli. Le petit Eugène était dans le coup et c’est je crois lui qui a tout organisé. Il n’a que 15 ans, mais je le crois assez débrouillard. Je me souviens qu’à son âge, l’Empire cédait sa place à un retour des Bourbons. Peut-être cela se reproduira-t-il ?

Jean Girault (1800-1878)

Jeanne Gaudinière (1807-1871)


(…)

1871 : une date que je n’oublierai jamais. Ce matin à une heure et demie, Jeanne nous a quitté. Quand je pense que je n’ai même pas eu le temps de lui souhaiter un bon anniversaire ! Elle était en effet née le 22 avril 1807 et c’est en ce matin froid du 22 avril 1871 qu’elle est morte.
Je comprends la douleur de mon père en cet instant et pourquoi il n’a pas été lui-même à la mairie pour déclarer le décès de son épouse. Ce sont nos deux amis Louis Ruault, l’instituteur qui a remplacé Jacques Arneau et René Montigny le sacristain, qui s’en sont chargés. Je les en remercie, cette épreuve étant au-dessus de mes forces …

C’est je dois dire le moment le plus triste de ma vie, Dieu ayant fait qu’aucun de mes enfants ne meure en bas âge. Même la chute de Napoléon III ne m’a rien fait ! Ma seule surprise est que c’est la République qui a pris la suite, mais tout n’est pas fini, et il se peut que les rois reviennent une nouvelle fois …
Bon, je vais arrêter là cette brève histoire de ma vie, je laisserai à mes descendants le soin de continuer, s’ils ont l’envie de le faire.

J’ai quand même eu une belle vie, j’ai connu une époque trouble où tous les régimes possibles se sont succédé. Mais cela ne m’a pas empêché de vivre ma vie, dans ce bourg de Placé que j’aime bien, entouré des miens.


Epilogue

Jean Girault était le grand-père paternel de mon arrière-grand-mère. Né à la fin de la Révolution il est décédé au début de la IIIème République le 7 octobre 1878. Il avait 78 ans. Malgré son grand âge il n’a pas eu le bonheur de voir le mariage de son petit Eugène, le père de mon arrière-grand-mère qui ne devait se marier sur 5 ans plus tard.

Il a cependant réussi à faire de ses enfants des adultes responsables et respectés, tous sachant lire et écrire et ayant des professions stables.J'avais traité le cas de la famille Girault-Gaudinière dans un ancien article, mais je souhaitais ici donner aux événements une tournure plus "littéraire" et moins factuelle.

Les photos de Jean Girault et de son épouse Jeanne Gaudinière proviennent de la maison de ma grand-mère qui les tenait de sa mère. Le cadre en velours vert est en très bon état, mais les photos ne sont pas datées. Au vu des costumes, j’estime qu’elles datent des environs de 1860.

La plupart des faits relatifs aux caractères des personnes citées dans le texte ci-dessus ne sont que pure fiction, mais ils ont le mérite d’être cohérents avec ce qui s’est passé dans la région durant ces années. Je me suis certainement fait plaisir en prêtant des sentiments ou des idées à mes ancêtres qu’ils n’avaient sans doute pas, mais au fond, est-ce grave ?

J’espère que l’exercice vous a plu, et si vous avez des remarques ou des questions, n’hésitez pas, car écrire une biographie, même romancée, d’un ancêtre est un exercice périlleux !



Pour aller plus loin : 


           

mardi 8 octobre 2013

Le parrain à tout le monde ...



Petite digression autour du thème du mois d'octobre proposé par Sophie Boudarel ...


Pierre Louis François Vautier et Ernestine Léontine Decongé


Il est des familles où c’est l’aîné des petits-enfants qui fixe certains usages. Pierre Louis Vautier fut ainsi le « parrain à tout le monde ». Il fut chanceux car né en 1859, il fut trop jeune pour 1870 et trop vieux pour 1914 et 1939. Mais il paraît (chut, c’est un secret …) que sa femme Ernestine Decongé née en 1864 n’était pas commode. Cette photo trahit les caractères il me semble : la bonhommie du grand-père et la dureté de la grand-mère. Il était clerc de notaire et elle était lingère. C’étaient les parents de mon arrière-grand-père maternel.

mardi 1 octobre 2013

Rendez-vous en terre inconnue


Il y a plusieurs années de cela, je cherchais à retrouver l’endroit où avaient vécu les ancêtres de mon épouse dans sa branche maternelle, les Bitout.

Ces Bitout, vivaient dans la commune de Magnac-Lavalette, en Charente, et plus précisément dans un lieu nommé « Le Dazat » ou « le Dazac ». Seulement, muni de ma simple carte d’état-major, et quoique habitant à l’époque à seulement quelques kilomètres de cette commune, je restai dans l’impossibilité de trouver cet endroit.

Carte de Cassini - Saint-Etienne (Loire)


Comme souvent, je passai à autre chose et ce n’est que quelques années plus tard que j’entrepris de retrouver ce lieu-dit. Entretemps, j’avais évolué et mes techniques de recherches aussi ! Internet avait fait son apparition et les ressources disponibles s’étaient multipliées.

Voici donc un état des lieux, pas nécessairement exhaustif, de ce qui existe pour retrouver un lieu ne correspondant, à l’époque de nos ancêtres, qu’à un groupe de maison et qui n’est aujourd’hui plus qu’un tas de pierres.


1) Les regroupements de communes dans le premier tiers du XIXème siècle

Le premier constat qu’on peut faire est que pour des raisons administratives et pratiques, certaines communes ont fusionné. J’ai noté que beaucoup de ces opérations ont eu lieu autour des années 1830.
Ainsi, une commune pouvait exister de manière autonome avant et avoir été fusionné et donc disparaître en tant que tel après. Par exemple, en Dordogne, la commune de Mareuil sur Belle a absorbé celle de Saint Pardoux de Mareuil et celle de Saint Priest de Mareuil.

Pour faire une recherche sur un ancêtre ayant habité à Saint Priest de Mareuil, il faudra donc chercher sur les registres de Mareuil sur Belle … En pratique, les Archives Départementales sont bien organisées et auront créé des sous-sections dans la commune en question pour qu’on puisse y retrouver ses petits, mais encore faut-il savoir le nouveau nom de la commune …

Pour cela, rien ne vaut une recherche sur votre moteur de recherche préféré en y indiquant le lieu recherché.

2) Les recensements de population

Un moyen intéressant de retrouver les villages ou les lieux-dits d’une commune au XIXème siècle sont les recensements de population. En effet, les personnes en charge des recensements effectuaient leur recherche de manière méthodique, passant en revue chaque hameau (seul moyen de s’assurer que personne n’était oublié ou compté en double).

On a donc une liste exhaustive de tous les hameaux ou villages d’une commune, ce qui peut permettre de retrouver l’existence d’un tel lieu aujourd’hui disparu.

3) Les monographies d’instituteurs ou d’autres intellectuels sur la vie de la paroisse

Une autre source à ne pas négliger est celle des monographies écrites par des intellectuels locaux et (souvent) par l’instituteur du bourg. Ces monographies, outre qu’elles sont généralement écrites dans un français impeccable et pleine d’a priori sur l’Ancien Régime ou le monde rural selon leur auteur, sont des mines d’information.

Sont généralement décrits les lieux, l’histoire, la culture, l’économie, les voies de communication, etc.. Bref, tout y passe avec une rigueur toute cartésienne.

Ces monographies sont soit disponibles sur les sites des Archives Départementales, soit sur le net à différents endroits (Gallica par exemple).

4) Le cadastre Napoléonien

En remontant dans le temps, on arrive à l’Empire où Napoléon, qui aimait sans doute tout savoir sur tout, a mis en place un cadastre au niveau de l’Empire.

L’avantage est que sur ces cartes faites à la main avec une extrême précision, on retrouve une « photographie » de la France sous l’Empire avec les moindres détails des lieux. On peut les trouver sur certains sites en ligne, sinon, il vaut mieux les consulter sur place …

5) Les cartes de Cassini

Avant la Révolution Française, à partir de 1756, les Cassini père et fils entreprennent un relevé en vue de « mesurer le Royaume ». Grâce à ce travail titanesque, on dispose aujourd’hui de cartes représentant chaque détail du Royaume à l’époque de Louis XV et Louis XVI.

Tous les hameaux y figurent ainsi que les routes, les bois, les rivières, etc..

Il est assez étonnant par exemple de voir qu’à l’endroit où se trouve sa maison, il y avait jadis une forêt ou une ferme …
Et comme tous les noms sont répertoriés selon leur appellation de l’époque,  on peut sans difficulté trouver leur correspondance dans les registres paroissiaux.


6) La Révolution Française

Je ne résiste pas à citer ce qui s'est passé aux premiers temps de la Révolution Française où nos citoyens avaient décidé de re-baptisé certains communes dont les noms rappelaient trop l'Ancien Régime où la religion.

On aura par exemple un Bourg le Roi qui deviendra l'espace de quelques mois Bourg la Loi ...

Il vaut mieux être fait de cette lubie car si un ancêtre est cité avec ce nom de lieu, il sera vain de le chercher après car en 1793, tout était revenu comme avant !



Il existe certainement d’autres ressources pour retrouver des lieux oubliés, mais en pratique je me sers de ceux-là et pour le moment, j’ai toujours pu retrouver ce que je souhaitais …


Et vous, comment retrouvez-vous des lieux qui n’existent plus aujourd’hui ?

Pour aller plus loin :