mardi 30 octobre 2012

Comment retrouver un acte grâce à un escargot ?


La question peut paraître saugrenue mais pourtant il s'agit d'une méthode que j'utilise régulièrement lorsque je suis bloqué dans une branche.

En fait, tant que l'on trouve des actes de naissance, de mariage ou de décès complets indiquant l'origine des personnes concernées, tout va bien. Le problème se pose lorsque l'on trouve des actes réduits à leur plus simple expression comme j'en ai parfois trouvé au milieu du XVIIème siècle du type "ce jour X a épousé Y".

Alors comment faire pour retrouver l'origine des personnes ?

Il existe une méthode que j'ai pratiquée il y a déjà fort longtemps, à l'époque où internet balbutiait et où il fallait optimiser ses recherches aux Archives Départementales.


Pour cela il faut seulement une carte ... et de la patience !

Le point de départ

Le point de départ de la recherche est l'acte dont on dispose. Prenons par exemple, Michel Houssemaine, un de mes ancêtres.
Il est né le 17 juin 1774 à Saint-Léonard-des-Bois dans la Sarthe du mariage de Charles Houssemaine avec Julienne Soyer.

Son acte de baptême est assez lapidaire :
Le dix sept juin mil sept cent soixante quatorze est né et le même jour par nous curé soussigné a été baptisé Michel issu du légitime mariage de Charles Houssemaine, bordager, et de Julienne Sohyer.
Le parrain a été Michel Denise, la marraine Anne Anguillé, le père absent, le parrain seul sait signer et a signé avec nous

M DENISE
On ne sait donc pas grand chose sur la famille de Michel Houssemaine et lorsque l'on remonte le temps à Saint-Léonard-des-Bois, on ne trouve pas de trace du mariage de ses parents.

Si maintenant, on avance dans le temps, on trouve en 1779, le décès de Julienne Soyer à l'âge de 36 ans :
Le douze octobre audit an (1779) est morte Julienne Soyer, âgée de trente six ans, femme de Charles Houssemaine, cloutier, et le quatre son corps a été inhumé dans le cimetière de cette paroisse par nous curé en présence de son mari, des Guillaume, René et Pierre les Houssemaine, beau-frères, de sa mère et de Marie Corbeau sa cousine qui ne signe fors les soussignés.

Et celui de Charles Houssemaine 3 ans plus tard, à l'âge de 42 ans :
Le dix sept novembre audit an (1782) a été inhumé dans le cimetière de cette paroisse par nous vicaire soussigné, le corps de Charles Houssemaine, décédé d’hier, veuf en premières noces de Julienne Soyé et marié en secondes noces à Catherine Fortin, âgé d’environ quarante deux ans, en présence de René et Guillaume Houssemaine, ses frères, de Marin François le Chapt, qui ont signés avec nous et de Gervais Soyé son beau-frère qui a déclaré ne savoir signer enquis.
Quatre mots en interligne approuvés ;
                                R HOUSSEMAINE
G HOUSSEMAINE            MARIN FRANCOIS LE CHAPT

Cela nous donne une date approximative de naissance pour Julienne Soyer de 1743 et de 1740 pour Charles Houssemaine. En supposant que Julienne Soyer se soit mariée à 15 ans, cela signifie que leur mariage a donc eu lieu quelque part entre 1758 et 1773 (9 mois avant la naissance de notre point de départ ...).

Mais nous sommes bloqués car rien de tel n'apparaît sur les registres de Saint-Léonard-des-Bois sur cette période.

En revanche, on note que si le nom de Houssemaine est "fréquent", celui de Soyer est très rare. Cela signifie donc que Julienne Soyer n'est pas de cette paroisse, mais de laquelle ?

C'est ici qu'intervient l'escargot !

L'escargot arrive ...

Commençons par regarder la carte des lieux.

Grâce à Google Maps, plus besoin de disposer de dizaines de cartes d'état-major. On entre le nom de la commune et on a la carte ! La seule difficulté étant parfois l'orthographe des lieux, mais là encore internet peut nous aider avec les listes des communes par département ou les monographies locales.





Première étape, identifier les communes avoisinantes.
On a ici, dans un rayon de 10 km environ les communes suivantes :

  • Gesvres (Orne)
  • Saint-Pierre-des-Nids (Orne)
  • Saint-Céneri-le-Gerei (Orne)
  • Moulins-le-Carbonnel (Sarthe)
  • Assé-le-Boisne (Sarthe)
  • Sougé-le-Ganelon (Sarthe)
  • Saint-Paul-le-Gaultier (Sarthe)

Dans un premier temps, cela fait donc 7 communes/paroisses qui entourent notre paroisse de référence. Le problème dans notre cas est que Saint-Léonard-des-Bois est à la frontière des départements de la Sarthe, de l'Orne et de la Mayenne ! Il y a donc des chances que l'on soit obligé de faire des recherches dans ces trois départements.
On imagine sans peine l'intérêt majeur de la numérisation des archives dans un pareil cas !

Seconde étape, classer les communes à fouiller en fonction de leur distance à la commune de référence.
Il ne s'agit pas de faire un calcul au millimètre, mais de déterminer quelle est la commune la plus proche de celle qui sert de point de départ.


La commune la plus proche est Saint-Céneri-le-Gerei. Le fait que cette commune ne se trouve pas dans la Sarthe ne pose pas de problème car les départements étant une création récente, nos ancêtres n'en avaient pas connaissance.
Par ailleurs, le fait de partir de la commune la plus récente se justifie par cette idée que si un des deux conjoints provient de très loin, cela semble tellement particulier au curé que celui-ci a des chances de le noter. Bien entendu, il ne s'agit pas là d'une règle absolue ...

Troisième étape, tracer un chemin de recherche en forme d'escargot (c'est ici que le gastéropode intervient !).
Pour cela on part de la commune la plus proche et on tourne dans le sens où on veut. Personnellement, je pars dans le sens des aiguilles d'une montre, mais chacun est libre de procéder selon ses envies !



On commence donc ses recherches sur la paroisse de Saint-Céneri-le-Gerei dans l'Orne, puis on revient dans la Sarthe à Moulins-le-Carbonnel, etc.. Si on a épuisé toutes les paroisses environnantes, on continue en élargissant le cercle des recherches.

Dans le cas précis de mes recherches, en appliquant cette méthode, j'ai obtenu les résultats suivants :

  • première paroisse étudiée Saint-Céneri-le-Gerei entre 1758 et 1773 : rien
  • seconde paroisse étudiée Moulins-le-Carbonnel entre 1758 et 1773, en 1764, j'ai trouvé ça :
Le dix neuvième jour de juin l’an mille sept cent soixante quatre, après la cérémonie de fiançailles et la publication des bans par trois dimanches consécutifs, tant aux prônes de nos messes paroissiales qu’à celles de la paroisse de Saint Léonard des Bois, sans aucun empêchement civil ou canonique venu à notre connaissance, comme il nous l’a paru par le certificat du sieur curé dudit Saint Léonard en date du quinze juin présente année, signé L G Lanos, curé de Saint Léonard des Bois avec paraphe, nous prêtre vicaire soussigné, suivant les rites de la Sainte Eglise, avons donné la bénédiction nuptiale
Savoir à Charles Houssemaine, fils âgé de vingt cinq ans, demeurant à Saint Léonard des Bois et cloutier de son métier, lequel est né du légitime mariage de Charles Houssemaine et de défunte Anne Le Camus, dudit Saint Léonard
Et de Julienne Soïer, fille âgée de vingt cinq ans originaire de cette paroisse, née du légitime mariage de défunt Louis Soïer et de Julienne Marchand, ses père et mère.
Ledit époux accompagné de Charles Houssemaine son père, de Thomas Le Camus son oncle maternel, de Jean Burin aussi son oncle maternel, de Pierre et Michel les Houssemaine, ses frères et autres parents.
Ladite épouse accompagnée de Julienne Marchand sa mère, de Louis et Gervais Soïer ses frères, de Renée Soïer sa sœur, Marin et Jean les Marchand ses oncles et autres parents qui ont déclaré ne signer sous les soussignés.
En présence en outre de François Lamarc, Denis et Jean Lepère, et Jacques Leroux, témoins requis et appelés qui ont aussi signé avec nous.
                            CHARLES HOUSSEMAINE
C HOUSSEMAINE            T LE CAMUS
J BURIN    M DENISE        LOUIS SOIER
MARCHAND                    JN MARCHAND        LAMARE
MARIE MAGDE    LE CAMUS

Je pense que tous les généalogistes qui liront cet article comprendront la joie lorsque j'ai trouvé cet acte, extrêmement complet et qui m'a permis de faire un bond dans le passé !


Que conclure ?

Une première conclusion humoristique dirait que si j'avais pris le parti de démarrer dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, j'aurais passé beaucoup plus de temps !

Plus sérieusement, cette méthode, pour efficace qu'elle soit est pour le moins longue et chronophage ! Par ailleurs, le résultat n'est pas garanti car si une des paroisse étudiée présente des lacunes dans ses registres, l'absence d'acte ne signifie pas grand chose.

Cela dit, cette méthode peut évidemment s'appliquer pour les actes notariés, en utilisant les lieux de résidence des notaires.

Enfin, il y a moyen de faire plus court, en cherchant des arbres déjà étudiés sur internet. C'est pour moi le dernier recours ! La recherche directe par soi-même est beaucoup plus passionnante, surtout si on prend le temps de bien lire les actes, car on découvre un nombre d'anecdotes extraordinaire sur la vie de nos ancêtres, et cela n'a pas de prix !


Et vous, quelle méthode appliquez-vous pour trouver un acte en partant de rien ?

Pour aller plus loin : 

           

dimanche 28 octobre 2012

Point d'histoire familiale - Pierre Louis François Vautier


Cette chronique familiale hebdomadaire va cette fois-ci nous amener dans la Sarthe, ou plus exactement à Assé-le-Boisne, un petit village de quelques centaines d'âmes qui a la particularité de se trouver au croisement de trois départements : la Sarthe, la Mayenne et l'Orne.

Cela conduit donc a retrouver des personnes qui quoique provenant de paroisses ou de communes voisines, viennent en fait d'autres départements et régions !

Le personne dont je vais parler aujourd'hui est le grand-père paternel d'un de mes arrières-grands-pères maternels, Pierre Louis François Vautier. J'ai indirectement parlé de lui dans un article précédent (voir l'article "Les Registres de Matricules - Une source à exploiter ...") puisque l'exemple utilisé pour l'illustré était celui de son fils qui portait les mêmes prénoms que lui.

Assé-le-Boisne

Son histoire est assez classique, mais comme toujours en généalogie, lorsque l'on chercher, on finit toujours par trouver quelque chose d'intéressant qui enrichit du même coup la simple énumération date de naissance, de mariage, de décès ...

Alors en route pour la Province du Maine en ce jour d'août 1817 où naquit Pierre François Louis Vautier ...

1) Pierre Louis François Vautier (1817-1894)

Pierre Louis François Vautier est né le 16 août 1817, en ce début de Restauration, du mariage de Pierre Vautier et de Constance Françoise Ribot.

C'est une famille d'artisans puisque le père exerce la profession de tisserand.

Il a deux frères qui naîtront après lui :
  • Louis en 1820
  • René François en 1822
Le 17 septembre 1858, il épouse également à Assé-le-Boisne, Mélanie Houssemaine native de Saint-Léonard-des-Bois, une commune limitrophe se situant au Nord-Ouest d'Assé-le-Boisne.

De cette union naîtront un seul fils en 1859, Pierre Louis François qui exercera la profession de clerc de notaire. Cela constitue une relativement belle ascension sociale.

Il décède à l'âge de 77 ans, le 28 octobre 1894. Par un hasard du calendrier, aujourd'hui est donc le 118ème anniversaire de sa mort !

2) PierreVautier et Constance Françoise Ribot

Pierre Vautier est né le18 février 1788, à la veille de la Révolution Française du mariage de Jean Charles Vautier, bordager et de Anne Jeanne Perdereau, fille de tisserand. Comme son grand-père maternel, il exercera la profession de tisserand.

Mais les archives militaires m'ont permis de retrouver plusieurs choses intéressantes à son sujet.

En effet, étant né en 1788, il a vingt ans en 1808. Or nous sommes en pleine conquête Napoléonienne et comme la quasi-totalité des jeunes de son âge, Pierre va rejoindre la Grande Armée .

C'est ainsi qu'il se retrouve Fusilier puis Voltigeur au 6ème Régiment d'Infanterie de Ligne. Ce Régiment a été créé en 1776 à partir de deux bataillons du Régiment de Navarre. Il a participé en 1792 à la célèbre bataille de Valmy et en 1807, juste avant que Pierre y arrive, à la bataille de Corfou sous les ordres de Berthier !

Voltigeur de la Grande Armée
Sa fiche militaire permet de connaître quelques unes de ses caractéristiques physiques :
  • Il était petit (au vu de nos critères actuels), puisqu'il mesurait 1m62 ! C'est sans doute sa taille qui lui a permis de devenir Voltigeur
  • Il avait un visage long, un front rond, les yeux bleus, le nez écrasé,la bouche grande, le menton court et les cheveux et les sourcils châtains ...

Il passe Voltigeur le 9 juillet 1812 et est transféré au 87ème Régiment le 16 Septembre 1814, ce qui lui permet d'éviter de se rendre en Allemagne avec le 6ème RI ... Par ailleurs, il a relativement de chance car le 87ème Régiment rentre de la guerre d'Espagne en 1813 ... C'est la chute de l'Empire qui le libérera, après 6 ans passés au service de la Grande Armée .

Comme il est décédé après 1857, il est a priori éligible à la Médaille de Sainte-Hélène, offerte par l'Empereur Napoléon III aux survivants des guerres Napoléoniennes, mais à ce jour, je n'en ai pas retrouvé la preuve.

Il décèdera le 8 juillet 1863 à l'âge de 75 ans après une vie bien remplie !

Son épouse, Constance Françoise Ribot, naît le 18 Germinal an IV (7 avril 1796) à Assé-le-Boisne du mariage de Louis Ribot avec Françoise Boudier. Son père est cultivateur. Elle décèdera le 28 mars 1827 âgé d'à peine 30 ans. De sa vie on ne sait pas grand chose, sauf qu'elle exerçait la profession de fileuse. Il n'est en effet pas courant que les actes signalent la profession des femmes !
Elle devait travailler avec son mari car le métier de fileuse était lié à celui de tisserand.

Mais elle exerçait ce métier au moment où elle s'est mariée, ce qui signifie qu'elle a sans doute rencontré son futur mari à cette occasion car il était déjà tisserand en 1816, année de on mariage avec Françoise Constance.

3) Jean Charles Vautier et Anne Jeanne Perdereau

Jean Charles Vautier naît le 29 janvier 1759 à Bérus, une paroisse située à mi-chemin entre Assé-le-Boisne et Alençon, du mariage de Jean Vautier et Louise Saint-Denis. Il exerce la profession de bordager toute sa vie et décède le 17 novembre 1828 à Assé-le-Boisne. Il sera donc né sous un roi et mourra sous un autre roi, mais en étant passé par 4 régimes politiques (en comptant le Directoire et le Consulat) ...
On notera que son père et son grand-père son meunier, métiers assez rémunérateurs. Jean Charles a donc grandi dans un milieu relativement aisé.

La difficulté repose sur sa profession. En effet bordager peut signifier deux choses :
  • soit cultivateur, exploitant un petit terrain permettant d'être autonome en production
  • soit la personne réalisant la bordure des vêtements

A priori, je pencherais pour la première définition, mais comme son fils et petit-fils seront tisserands, on ne peut exclure la seconde.
Tisserand - source Vieuxmetiers.org

Anne Jeanne Perdereau naît le 6 avril 1754 à Assé-le-Boisne du mariage de François Perdereau et d'Anne Gaillet. C'est donc elle qui amènera Jean Charles Vautier à Assé-le-Boisne le 24 juillet 1781 lorsqu'elle l'épousera. Elle décède à Assé-le-Boisne le 13 octobre 1804 à l'apogée de l'Empire, âgée de 50 ans.

A noter que son père est bordager puis tisserand à partir de 1750; cela renforce donc l'hypothèse qu'il faut entendre le métier de bordager comme celui qui réalise les bordures des vêtements ... Il est par ailleurs noté comme marchand en 1781, ce qui laisse à penser à une certaine aisance fiancière de la famille.

Toujours est-il qu'ils se marient le 24 juillet 1781 et auront 7 enfants de ce mariage :
  • Jean qui naît le 5 novembre 1781, mais qui décède 2 semaines plus tard le 21 novembre
  • Jean François qui naît le 7 novembre 1782
  • André Joseph qui naît le 9 septembre 1784 mais qui décède à 6 semaines le 19 octobre
  • Pierre qui naît le 18 février 1788
  • René qui naît le 31 janvier 1792
  • Cénery qui naît le 16 octobre 1793
  • Julien qui naît le 27 septembre 1795

Ces naissances appellent deux remarques :
  • Jean l'aîné est né 3 mois et demi après le mariage ... On peut donc imaginer qu'Anne Jeanne Perdereau avait "connu" au sens biblique du terme Jean Charles Vautier bien avant leur mariage, à moins que leur fils ne fût né très prématurément ...
  • leur sixième fils se prénomme Cénery, qui est un saint local. Je trouve personnellement assez culotté de leur part d'avoir ainsi prénommé leur fils alors que la France est entrée dans la Terreur depuis 4 mois ...

4) Louis Ribot et Françoise Boudier

Louis Ribot voit le jour le 28 mars 1765 à Saint-Céneri-le-Gerei dans l'Orne actuelle, du mariage de Pierre Ribot et Marie Julienne. Il naît dans un foyer modeste car son père est journalier. C'est sans doute pour cette raison que le travail l'a mené au sud à Assé-le-Boisne où il exercera le métier de cultivateur jusqu'à sa mort le 17 avril 1824 à 59 ans.

Françoise Boudier est née quant à elle le 6 mais 1754 à Crennes-sur-Fraubée, en Mayenne, du mariage de Jean Boudier et d'Anne Arnoult. Son père est maçon. Elle décède à Assé-le-Boisne le 12 février 1825, à l'âge de 70 ans.

On note qu'à son mariage le 17 février 1794, Louis Ribot à 29 ans tandis que Françoise Boudier en a 40 ! On a du mal à imaginer les motivations d'une telle union dans la mesure où, à cette époque, le but premier du mariage est la procréation. En plus, leur fille ne naîtra que 2 ans plus tard. On n'a donc pas un mariage de régularisation ...
On peut s'étonner que Françoise Boudier ne soit pas dite divorcée ou veuve lors de son mariage avec Louis Ribot. Par ailleurs, je n'ai pas à ce jour trouvé de mariage à Crennes-sur-Fraubée la concernant. Son mariage tardif reste donc une énigme pour le moment ...

De leur union naîtra une seule fille, Françoise Constance.

5) Jean Vautier, Louise Saint-Denis, François Perdereau, Anne Gaillet, Pierre Ribot, Marie Julienne, Jean Boudier et Anne Arnoult

Une caractéristique commune est partagée par les arrières-grands-parents de Pierre Louis François Vautier qui est qu'ils se sont tous déplacés dans leur vie, leur paroisse de décès étant différente de leur paroisse de naissance, alors que les générations qui les suivent sont plutôt casanières !
 
Il est toujours difficile de connaître les raisons d'une migration, même si dans le cas présent, elle n'excède pas 10-15 km. Le manque de travail ? Une opportunité professionnelle ?

A noter que Jean Vautier était meunier comme son père, ce qui laisse à penser à une famille aisée.

On note cependant un bon mélange de métiers ruraux (cultivateurs, laboureurs, meunier, journalier) et artisanaux (maçon, tisserand) et bourgeois (marchand). Comme quoi, la mixité sociale existait déjà à l'époque de nos ancêtres (dans une certaine mesure ...).

Je tiens ensuite à préciser l'aide que les différents sites peuvent apporter dans nos recherches. En effet, je bloquais sur Louise Saint-Denis sur laquelle je n'avais absolument rien, si ce n'était qu'elle était décédée après 1781, date du mariage de son fils.
En cherchant sur le site Geneanet.org des arbres contenant des Saint-Denis dans la Sarthe, j'ai trouvé la trace d'une famille originaire de Rouessé-Fontaine, paroisse située à mi-chemin entre Alençon et Beaumont-sur-Sarthe et dans laquelle personne de ma famille n'était cité. Là j'ai trouvé la naissance d'une Louise Saint-Denis en 1731. Le prénom et la date de naissance pouvant correspondre, j'ai appliqué le principe de base du mariage dans la paroisse de l'épouse et j'ai trouvé le 21 août 1754 le mariage recherché !
Toute cela pour dire que j'aurais sans doute pu le trouver un jour grâce à la méthode de l'escargot dont je parlerai un jour dans un article, mais cela m'aurait pris des mois de travail. Internet m'a permis de le trouver en moins d'une demi-heure ...


Et vous, avez-vous noté une certaine mixité sociale chez vos ancêtres ? Et des mariages de "régularisation" ou tardifs ?

Pour aller plus loin : 


           

jeudi 25 octobre 2012

Les Registres de Matricules : une source à exploiter


Lorsque l'on recherche des informations autres que celles données dans les registres d'état-civil, on a finalement pas beaucoup de choix.

En effet, la photographie date des années 1850 et jusqu'au début du XXème siècle peu de monde y avait accès. Il y a aussi les documents notariaux qui donnent une idée plus complète du patrimoine de nos ancêtres. On trouve également des informations intéressantes dans les registres d'écrous, mais encore faut-il avoir un ancêtre criminel, ce qui est somme toute assez rare ...


Mais les Registres Militaires, même s'ils ne concernent que les hommes sur une période assez "limitée" allant du milieu du XIXème siècle à nos jours, donnent finalement plusieurs informations très intéressantes sur ces personnes.

C'est ainsi que j'ai retrouvé il y a peu dans le Registre de Matricule de la Sarthe, des informations étonnantes sur un de mes ancêtres Pierre Louis François Vautier.

Pierre Louis François Vautier est né le 24 septembre 1859 à Assé-le-Boisne dans la Sarthe du mariage de Pierre Louis François Vautier (porter le même prénom que son père était assez commun, mais les trois mêmes prénoms l'était beaucoup moins !) avec Mélanie Houssemaine.

C'est une famille bourgeoise du nord de la Sarthe qui donne une bonne éducation à ses enfants, au point que Pierre Louis François fils devient clerc de notaire.

A l'âge de 20 ans, en 1879, le tirage au sort lui offre la possibilité de faire son service militaire ... Il est cependant relativement chanceux dans son malheur car en cette année 1879, la France n'est pas en guerre et il ne risque donc pas d'aller se battre.

Là où les registres militaires sont utiles c'est qu'ils donnent une description physique de la personne.


Ainsi, Pierre Louis François fils est-il châtain, aux yeux gris, disposant d'un front "normal", d'un nez "moyen", d'une bouche "grande", d'un menton "rond" et d'un visage également "rond".
On apprend aussi qu'il mesure 1m69 ! Ce qui est petit pour notre époque, mais qui semble être dans la moyenne en 1879.

Chose étonnante pour nous, il est également précisé dans les registres antérieurs à 1879, le culte pratiqué par la personne !

On a donc une description physique assez complète car (ce n'est pas le cas pour mon ancêtre) sont également notées les éventuelles infirmités de la personnes qui sont à l'origine de sa réforme.

Mais on dispose également d'éléments plus "cognitifs" puisque le niveau d'instruction générale est noté. Dans le cas de Pierre Louis François, il a la note de 3, ce qui est finalement assez étonnant au vu de sa profession.

En effet, la circulaire du 23 novembre 1872 qui définit les niveaux d'instruction donne :
  • 0 : ne sait ni lire ni écrire
  • 1 : sait lire seulement 
  • 2 : sait lire et écrire 
  • 3 : possède une instruction primaire plus développée 
  • 4 : a obtenu le brevet de l’enseignement primaire 
  • 5 : bachelier, licencié, etc. (avec indication de diplôme)
Cela me fait penser qu'il serait sans doute intéressant (mais cela a sûrement été fait) de mener une étude statistique sur une classe d'âge donnée pour connaître le niveau d'instruction général des hommes par région ...

Ensuite, est retracée sa carrière militaire :
  • 13 Novembre 1880 : départ pour le 120ème Régiment d'Infanterie 
  • 14 Novembre 1880 : arrivé au Corps comme appelé
  • 21 Octobre 1881 : Caporal
  • 23 Mai 1882 : Sergent
  • 11 Juin 1882 : Sergent Fourrier
  • 26 Septembre 1883 : Sergent Major
  • 11 Août 1884 : en congés
  • 1er Juillet 1885 : passé dans la Réseve
  • 1er Février 1891 : Lieutenant dans la Réserve
  • 1er Novembre 1895 : libéré définitivement

Si on met de côté les 10 ans passés dans la Réserve, Pierre Louis François fils aura quand même donné 4 ans de sa vie à l'armée ! On imagine sans peine que sur 14 ans de service militaire, la probabilité d'être appelé en cas de conflit était donc élevée.

Je note qu'il s'est marié le 28 avril 1887 avec Ernestine Léontine Decongé, soit 3 ans après avoir terminé son service actif. La période de 4 ans passée en caserne explique peut-être son mariage "tardif" à l'âge de28 ans ?


Pour conclure, je dirais que comme souvent hélas, je trouve ces documents tellement intéressants et instructifs que je regrette qu'il ait fallu attendre le XIXème siècle pour qu'ils soient mis en place. Imaginez en effet si ces documents avaient existé dès le XVIème siècle ! On aurait une description physique détaillée ainsi qu'une idée du niveau de connaissance de tous nos ancêtres masculins ...

Accessoirement, ces informations peuvent également permettre de trouver des informations d'état-civil sur un ancêtre du XIXème siècle comme sa commune de naissance ou le nom de ses parents ... J'ai même vu des informations relatives au mariage du soldat sur ces documents, ce qui peut être utile pour trouver la commune de son union surtout quand elle est différente de son lieu de résidence !

Et vous avez-vous eu l'occasion de retrouver ce genre d'information sur vos ancêtres ?

Pour aller plus loin : 


           

mardi 23 octobre 2012

Mort pour la France


D'après ce que je peux savoir, il n'y a pas une famille en France qui n'ait eu au moins un mort pendant la la Première Guerre mondiale, la fameuse Grande Guerre.

Il y a quelques temps, le dernier des poilus encore en vie mourait, faisant disparaître le dernier témoin vivant de ces quatre années d'horreur.

Il y aurait beaucoup à dire sur ces hommes qui se sont battus dans des conditions effroyables ! Ma théorie est d'ailleurs que si une telle guerre devait se reproduire aujourd'hui en France, elle ne durerait pas 4 ans car nous ne sommes pas aussi solides et robustes que les hommes de l'époque.


Nous, les quadras faisons quand même partie de cette génération qui est la première à n'avoir pas connu la guerre sur notre territoire car avant nous, il y a eu la Seconde Guerre mondiale, la Première Guerre mondiale, la guerre de 1870, les guerres "civiles" liées aux changements de régimes des années 1850, les guerres Napoléoniennes, etc..

Lors de mes recherches, je suis tombé sur un document dont je connaissais l'existence par l'histoire familiale, mais qu'internet a ressuscité : le document des Armées attestant que l'arrière-grand-père de mon épouse, François Dalbert Chauvit était mort pour la France le 29 octobre 1915 ...

Cela a été pour nous le point de départ d'une petite escapade dans le passé !

1) François Dalbert Chauvit (1886-1915)

François Dalbert Chauvit est né le 8 février 1886 à Saint-Amand en Charente du mariage de Jean Chauvit avec Jeanne Antoinette Bitout. Il est issu d'un milieu aisé et fait partie de la bourgeoisie rurale qui s'est enrichie grâce aux terres fertiles de la région.
Il a un frère Roger Louis et une soeur Jeanne Thérèse.

Le 18 décembre 1911, il épouse Marie Hélénie Lascaud à Saint-Crépin-de-Richemont en Dordogne qui lui donnera deux enfants : Georges qui naît en 1911 et Marie Alice qui naît en 1915.

Lorsque la guerre est déclarée, il reçoit l'ordre de rejoindre le 308ème Régiment d'Infanterie avec le grade de Caporal.

Ce 308ème Régiment d'Infanterie dont le casernement est à Bergerac en 1914 va vite rejoindre le front puisqu'il est cantonné à Gonesse à la mi-août 1914. Il progresse ensuite dans l'Oise mais lors de la retraite de l'automne 1914 il perd un grand nombre d'officier, de sous-officiers et de soldats.
On peut donc dire que pour François Dalbert, le baptême du feu a commencé très tôt.

En 1915, il est en Picardie et c'est là que 4 événements vont marquer les mois qui restent à vivre de François Dalbert :
  • Le 20 janvier 1915, Jean Chauvit, son père, décède à l'âge de 58 ans
  • Le 28 janvier 1915, François Dalbert devient père d'une petite Marie Alice
  • Début octobre 1915, son fils Georges meurt dans un accident domestique (le petit garçon de 3 ans s'étant approché trop près du feu, sa chemise de nuit s'est enflammée et trop gravement brûlé, il a succombé)
  • Presque au même moment, sa tranchée est bombardée par l'ennemi et il est blessé par de multiples éclats d'obus au dos
Il est envoyé à l'hôpital de campagne situé dans le château de Moreuil dans la Somme où il est soigné. C'est d'ailleurs là qu'il apprendra le décès de son fils; nous disposons du courrier que l'infirmière qui le soignait a envoyé à son épouse dans lequel elle témoigne de la grande tristesse de son mari, compensée par le fait qu'il a encore une petite fille.
Son courrier nous apprend également qu'il va bien ...

Erreur de diagnostic, crainte de dire la vérité, volonté de rassurer ? Toujours est-il que le 29 octobre 1915, François Dalbert s'éteint. Il avait 29 ans ...

Pour l'anecdote, son frère Roger Louis, affecté à un autre régiment ira reconnaître la dépouille de son frère et se rendra compte, effaré, que les pièces d'or qui avaient été cousues dans le doublure de sa vareuse, au cas où, par sa bienveillante mère, avaient été volées. Mais ce qui le choque surtout, c'est que son alliance en or avait été également volée ... Cela montre à quel point la guerre peut avilir l'homme ...

2) François Dalbert et les autres ramenés à la vie grâce a internet

Une fois n'est pas coutume, je vais parler de quelques sites web animés par des professionnels ou des amateurs qui peuvent nous permettre de retrouver une foule d'éléments tous plus intéressants les uns que les autres sur nos ancêtres morts pendant la Grande Guerre.

Il y a tout d'abord le site du SGA, Mémoire des Hommes. Ce site a pour vocation de mettre à la disposition des internautes tout une série de documents numérisés concernant les hommes et les femmes qui ont donné leur vie à la France.

C'est par exemple sur ce site que j'ai retrouvé ceci :

Outre le réel intérêt généalogique de ce document, il a quelque chose d'émouvant concernant quelqu'un d'aussi proche et au sujet duquel plusieurs informations ont pu nous être données par des personnes l'ayant connu.

Mais il y a aussi le travail ahurissant de passionnés comme le Chtimiste qui a recensé les mouvements de plusieurs dizaines de régiments entre 1914 et 1918. Partant du régiment à travers le site Mémoire des Hommes, on peut ainsi suivre le trajet de son ancêtre jusqu'à sa mort (s'il est mort pendant la guerre) ou jusqu'à sa démobilisation s'il a survécu ...

Je serais incomplet si je ne citais pas le site du Mémorial GenWeb qui regroupe un nombre incroyable d'informations sur les différentes guerres, dont la Grande Guerre. A noter toutefois que je n'y ai pas retrouvé François Dalbert dans le 308ème RI. Je vais donc les contacter pour qu'ils corrigent cette lacune !

3) Visite à Moreuil

Pour finir, je pense que l'oeuvre du généalogiste ne peut être complète sans une visite des lieux où ses ancêtres ont vécu. 

A chaque fois que je le peux, je me déplace et me rend dans les villages où mes ancêtres ont marché, travaillé, dansé, etc..

Dans le cas de François Dalbert, nous voulions, mon épouse et moi, nous rendre à Moreuil, pour y retrouver l'hôpital où son arrière-grand-père avait passé ses derniers jours.

Moreuil est une petite ville et notre premier réflexe a été de nous rendre à l'église pour interroger le prêtre au sujet de Moreuil entre 1914 et 1918. Il nous a dit qu'il n'était pas d'ici mais qu'il avait appris d'anciens qu'en 1918, toute la ville avait été rasée par les bombardements et qu'il ne restait en tout et pour tout que 3 maisons debout ...
Quant à l'existence d'un hôpital, cela ne lui disait rien.

Nous sommes donc allé dans un petit troquet pour nous restaurer et en discutant avec le patron, il nous a dit que sa vieille tante avait peut-être entendu parlé de quelques chose car elle était de Moreuil et très âgée !
Il a donc fait venir la vieille dame (véridique !) qui nous a dit que sa mère était infirmière au "château" !

Le château de Moreuil avant la guerre 14-18

Tout s'éclaircissait, à Moreuil il y avait un château qui avait accueilli pendant la Première Guerre un hôpital de campagne ... Mais ce château avait subi beaucoup de dégâts en 1917 et 1918 et avait presque complètement rasé par les nazis en 1944.

Nous nous sommes donc rendus au "château" dont il ne restait plus que les fondations et un portail d'entrée ... Le portail par lequel François Dalbert avait dû entrer un jour d'octobre 1915.
La propriétaire actuelle nous a alors montré plusieurs dizaines de cartes postales, de gravures, de textes qui attestaient bien de la présence d'une "ambulance". Une carte postale représentait même des soldats alités avec comme titre "château de Moreuil". Le texte était celui d'un jeune soldat à sa fiancée dans lequel il lui précisait que le château était "aujourd'hui un hôpital".

Ce fut un moment d'intense émotion car nous pouvions presque imaginer les convois de blessés arriver, les cris des blessés et les râles de mourants.

Mais cette visite a été un moment important car cela nous permettait de rendre hommage à cet homme qui était mort dans une bataille terrible et folle, il y a presque 100 ans aujourd'hui.


Et vous, avez-vous pu vous rendre sur ces lieux chargés d'émotions où vos ancêtres sont morts ?

Pour aller plus loin :